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M. de Be

thune ecrit au Prince Gallichin

pour s'en affurer da vantage.

Copie de fa Lettre.

bruits etoient comme autant d'avancou
reurs du refus qu'ils vouloient nous fai-
re du paffage de la Siberie, quoyqu'ils
nous l'euflent promis fi folemnellement.
Mais, pour m'en affurer encore davan-
tage & n'avoir rien à me repro-
" pour
cher dans les nouvelles mefures que j'e-
tois refolu de prendre, je priai Mon-
fieur de Bethune de vouloir bien fonder
fur celà le Prince Gallichin, & ce fut
dans cette vue qu'il luy ecrivit la lettre
fuivante, à laquelle on n'avoit garde de
repondre dans le deffein où l'on etoit de
traverfer notre entreprise.

MONSEIGNEUR,

99

Dans le deffein que le Roi TresChretien mon Maitre a pris d'envoyer ,,quelques Jefuites fes fujets à la Chine ,,pour y precher l'Evangile, & pour y ,,remplir la place de ceux de ces Peres ,,qu'un trop grand age à mis hors d'e,,tat de s'acquitter des fonctions propres ,,de leur inftitut, il a cru qu'il ne pou,,voit choifir une meilleure voye que ,,celle de la Mofcovie. L'alliance qui ,,eft entre les deux Empires, & qui vient ,,de fe renouveler dans la derniere Am,,baffade que vos auguftes Maitres ont ,,envoyé en France jointe à la maniere ,,obligeante dont votre Alteffe reçut l'an,,née derniere les deux Miffionaires qui ,,revenoient de Perfe, ont engagé fa

Ma

,,Majefté Tres-Chretienne à preferer cet,,te route aux autres, quelques fûres & ,,commodes qu'elles tui paruffent. Ce ,,grand Monarque efpere donc que les ,,Czars, & Votre Alteffe en particulier ,,aurez la bonté d'honorer de votre prote&tion les Peres qui pafferont par la Mof,,covie & que vous voudrez bien leur ,,accorder tous les fecours neceffaires ,,pour marcher fûrement dans la Tarta,,rie, & dans les autres païs qu'il leur ,,faudra traverfer.

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,,Pour moy qui ai toujours eu pour ces ,,fervens Miffionaires & pour toute leur Compagnie un veritable attachement, ,,& qui fouhaiterois pouvoir leur adou,,cir les difficultez d'un fi long & fi pe,,nible Voyage, je prends la liberté de ,,m'adreffer a V. Alteffe, qui eft en etat ,,de leur procurer ces avantages, & de les ,,lui recommander d'une maniere tres,,particuliere. Je lui aurai la derniere obli,,gation fi elle veut bien m'informer de ,,toutes les feuretez qu'ils doivent pren,,dre avant que de fe mettre en chemin. "J'attens fa reponse avec impatience, & ,,fuis

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du Prince Gallichin

Le filence lence affecté de ce Miniftre, que nous ne devions pas cfperer d'entrer dans la m'oblige grande Tartarie par la route de la Sibede prendre rie: dont nous nous etions flattez jufqu'ade nouvel- lors; mais qu'il falloit penfer à une autre pour l'exe- independante du caprice des Mofcovicution de tes, qui n'accordent jamais rien, fur notre def- tout aux Etrangers, que ce que la force & l'interêt les empechent de retufer.

les mesures

fein.

Je m'a

dreffe au Comté de

Syri qui

Ce fut auffi dans cette penfée que j'eus recours au Comte de Syri, qui ayant obtenu à la Diette l'Ambaffade de Perfe qu'il etoit venu folliciter, pouvoit mieux devoit paf- que perfonne nous proteger en Mofcovie, fer bien-tot par où il devoit bien-tot paffer, & nous qualité frayer enfuite, par le credit qu'il s'etoit d'Ambaffa- acquis en plufieurs endroits de l'Orient, un chemin fûr & aisé jusqu'au Royaume des Yousbecs, où commence proprement la Tartarie, que nous voulions fur tout decouvrir.

en Perse en

deur du

Roy de Pologne.

Caractere

Cet Ambaffadeur qui etoit originairedu Comte ment Armenien, aprés une difgrace arde Syri. rivée à fa Famille, fut conduit tout jeune à la Cour de Portugal, où il fut elevé parmy les Pages du Roy jufqu'à l'age de dix-huit ou vingt ans. Quand il commença à fe reconnoitre, il fe laiffa enteter de la paffion de voyager fi naturelle à tous ceux de fa Nation, & du defir de s'avancer dans le monde par le moien des Langues d'Afie & d'Europe, qu'il avoit apprifcs avec une application extraordinaire. Dans cc deflein aprés avoir obtenu de leurs Majeftez Portugai

fes

fes des Lettres de recommandation tresavantageufes pour plufieurs perfonnes de qualité de prefque tous les Royaumes, il parcourut la France, l'Italie & l'Allemagne, & arriva enfin en Pologne, où il fe fit bientot connoitre, tant par fon efprit, que par fes manieres agreables qui ne reffentoient point du tout l'etranger.

Ses en

Le Roy de Pologne qui penfoit alors plois. à envoyer un Ambaffadeur à la Porte pour des affaires importantes, fe fervit du Comte de Syri dans cette occafion, parcequ'il entendoit egalement le Polonois & le Turc, & l'obligea d'accompagner à Conftantinople l'Ambaffadeur qu'il avoit nommé. On fut extremement content à la Cour des fervices qu'il rendit en cette rencontre; & pour les reconnoitre on l'envoya quelque tems aprés à Moskou, & puis en Perfe, où il s'acquitta parfaitement bien des commiffions dont on l'avoit chargé.

Enfin la guerre que font depuis fept ou huit ans au Turc l'Empereur, la Pologne & la Republique de Venife, ayant fait naitre l'envie à toutes ces Puiffances d'envoyer un Ambaffadeur au Chá pour le folliciter à entrer dans leur Ligue, & pour luy representer les avantages qu'il pourroit en tirer pour reconquerir les Places de fon Empire que les Ottomans luy avoient autrefois enlevées, le Comte de Syri fut encore choifi pour cette importante negociation, & envoyé à cet Empereur en qualité de PlenipoK 2

ten

L'Ambaf

tentiaire de la part du Pape & de tous les Princes liguez. Si tous ces emplois. honorables fervirent à etablir fa reputa-tion dans les diverfes Cours où il ne parut jamais qu'avec un train fort lefte, ils ne luy furent pas moins profitables: Car au lieu que dans les Ambassades d'Europe on fe borne ordinairement à l'honneur qui les accompagne, celles d'Orient au contraire rapportent autant de profit que de gloire à ceux que l'on en charge.

Ce qui contribue le plus à rendre ces fade del'er- commiffions avantageuses, eft le comfe eft avan- merce du Levant, dont on eft fi fort entageufe à celuy qui teté en Europe, & qu'on peut faire auffi en eft char- fûrement qu'il fe puiffe, quand on eft à

gé.

Le zele

la fuite d'un Ambaffadeur; qui outre qu'il eft defrayé en argent ou autrement avec tout fon equipage, dés le moment qu'il entre fur les terres du Prince avec qui il va traiter jufqu'à ce qu'il en foit forti, n'eft jamais inquieté pour aucun droit que ce puiffe etre.

C'eft auffi pour cette raifon que les Marchands, foit Mofcovites, foit Armeniens, recherchent avec tant d'empreffement ces fortes d'occafions, & qu'ils reconnoiffent enfuite volontiers les avantages qu'ils retirent de la protection qu'on leur donne.

Quoique le Comte de Syri, ne fut pas qu'a fait infenfible au motif de l'interêt dans les paroitre le diverfes Ambaffades, dont le Roy de Syri dans Pologne voulut bien l'honorer, je fuis

Comte de

pour

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