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nent pas, ou qui leur feroient même pernicieux. Ce que j'ai remarqué dans quelques-uns des Chapitres précédens fur la nourriture des Infectes, fait bien comprendre qu'il y a beaucoup de variété dans le goût de ces créatures (18). Ce que les uns aiment répugne à d'autres; & un aliment des plus agréables pour ceux-ci, sera déteftable pour ceux-là. Il y en a qui ne trouvent de goût que dans ce qui est liquide (19) ; & d'autres font pour le gramen (20). Quelques-uns n'aiment que le blé en herbe (21),& quelques autres n'ont de goût que pour le blé fec. Le goût des uns les porte à ne vivre que du fuc des fleurs (22); & celui des autres à fucer le

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fang

(18) Arlftot. L. IV. H. A. C. 8. Guftus etiam fimilis ratio; interdum enim cibum perfequuntur diverfum, nec eifdem faporibus omnia delectantur, nam apes nullam ad rem putridam folent advolare, fed dulcia petunt. Culices nulla dulcia geftiunt, fed acida.

(19) Virgil. Eccl. V.

Dum thymo pafcentur Apes, dum rore Cicada. (20) Comme font les Sauterelles.

)21) Alien. L. IV. C. 43. Quum autem Formica tanquam ad pabulandum proficifcuntur, natu grandiores fimiliter eas, atque exercitus duces, ducunt: Ut ad fegetes pervenerunt, adolefcentiores fub Stipula ftant, duces vero afcendunt, & fpicas abfciffas inferioribus dejiciunt; Ha vere circumftantes ariftas diftrahunt, fimul & ex fuis glumis & vaginis grana inclufa explicant: neque ad excutiendum ullo inftrumento egent, neque ad ventilandum viris, neque ventis ad purganda a fordibus grana, ex frumentis, quæ homines exercent, &c. (22) Claudianus L. II. de Raptu Proferpinæ. Credas examina fundi

Hyblæum rapture thymum, cum cætera reges

r

fang des animaux (23). Toute efpece de fang ne plaît pas également à ces derniers: ils mettent beaucoup de différence entre celui des hommes & des bêtes (*); & ne s'attachent pas indifféremment à tout animal. Enfin, il y a des Infectes qui dévorent la viande, & qui ont du goût, les uns pour la viande fraiche, & les autres pour la viande pourrie.

Les Infectes, deftitués des organes de quelques-uns des fens, ne laiffent pas d'é

Ceux qui ont ces fens n'en

prouver ont pas

Caftra movent, fagique cavo demiffus ab alvo
Mellifer electis exercitus obftrepit herbis:
Pratorum fpoliatur honos, hæc lilia fufcis
Intexit violis, hanc mollis amaracus ornat,
Hac graditur ftellata rofis, hæc alba liguftris:
Te quoque flebilibus metunt hyacinthe figuris
Narciffumque metunt, tunc inclyta gramina veris,
(23) Ovid. vel quifquis auctor eft de pulice:
Tu laceras corpus tenerum duriffime morfu,
Cujus cum fuerit plena cruore cutis.
Emittit maculas nigro de corpore fufcas,

Levia membra quibus commaculata rigent.

Les Coufins s'appellent en Latin Culices du mot aculeus aiguillon, parce qu'ils s'en fervent pour fucer le fang. Voyez Becmann. de Orig. Lat. Ling. p. 392. C'eft ce qui a fait nommer ces aiguillons en Grec ἅιματος ανδρῶν σίφωνες Anth Epigr. Græc. L. VII.

(*) Ils mettent beaucoup de différence entre celui des Hommes & des Bêtes. Il y en a même dont la délicateffe va plus loin, & qui ne toucheront jamais à certaines perfonnes, tandis qu'ils en obfederont fans ceffe d'autres. C'est ce qu'on expérimente dans les Coufins & dans les Puces. Et pour les dernieres on ne peut pas dire que c'eft parce qu'elles trouvent la peau de certaines gens trop difficile à percer, puifqu'elles fçavent bien entamer celle d'animaux qui l'ont beaucoup plus dure. P. L.

nes,

toujours prouver les fentimens qu'ils occafionnent. Les orga- Jufques ici on n'a découvert des oreilles dans aucun Infecte; lå plûpart ont cependant l'ouïe très-fine: ils n'ont point de nez; mais ils ont l'odorat très-fin. Quelle plus grande marque veut-on de la fagefle immenfe du Créateur? Elle n'eft point bornée à un feul genre de moyens. Si la plupart des animaux ont des oreilles

pour organe de l'ouïe; & un nez pour celui de l'odorat; ce n'eft pas une preuve que les oreilles & le nez foient abfolument néceffaires pour produire ces fenfations. Dieu peut, quand il lui plaît, former des créatures qui éprouveront les mêmes fenfations par le moyen d'autres organes. Si l'on objectoit que les Infectes, qui flairent & qui entendent, ont un nez & des oreilles; mais que la ftructure en eft fi fine & fi déliée, qu'on ne les apperçoit pas, même à l'aide d'un bon Microfcope; la fageffe de Dieu n'en feroit pas moins admirable: n'aura-t-on pas lieu de s'étonner de l'étendue du pouvoir & de la grandeur de la fageffe d'un Etre, qui a donné du fentiment à des organes fi petits qu'ils ont échappé jufques ici aux recherches les plus exactes des curieux ? De quelle délicateffe ne doivent pas être les nerfs qui font ébranlés par les objets extérieurs? De quelle fubtilité ne faut-il pas que

foient leurs efprits animaux, pour produire dans l'ame de ces créatures, des mouvemens qui les portent à pourvoir à leur confervation?

L'Ufage

Infectes font de leurs fens un mo

eft

dèle pour

neus.

L'ufage, que les Infectes font de leurs fens, répond exactement aux vûes que le que les fage Auteur, de qui ils les tiennent, a eues en les leur donnant. Bien loin de les employer à fe procurer des plaifirs extravagans, ou à d'autres excès, jamais ils ne s'en fervent que pour leurs befoins & leur confervation. Quelle différence entre cet ufage, & celui que les hommes en font! L'on fe laiffe entraîner aux voluptés & à tous les plaifirs des fens, tout comme fi l'on étoit deftitué de l'ufage de la raison, & qu'on n'eût pas la force de résister à fes inclinations. Apprenons de ces chétives créatures à dompter nos fens, à ne leur permettre aucun excès, & à les contenir dans les bornes de l'ufage pour lequel ils nous ont été donnés. Quelle honte, pour une Créature raisonnable, de refter à cet égard au deffous des bêtes! Fuyons la volupté, évitons l'orgueil & la vanité de la vie, & employons tous nos fens à l'étude des œuvres de Dieu, autant à celles de la nature qu'à celles de la grace. Que nos oreilles foient fermées à tout ce qui n'eft ni honnête ni bienséant, pour n'être ouvertes qu'au fon retentiffant de la

parole

Sentiment

parole de Dieu. N'abufons pas des organes de notre goût, pour faire des excès dans le manger & dans le boire ; mais fervons-nous-en pour notre confervation en vivant fobrement & avec frugalité : il faut avoir foin de notre corps; mais ce feroit un crime d'en faire une idole, & de ne penfer qu'à lui, & qu'à fatisfaire à tous fes apétits.

L'homme jouit de cinq fens, tandis que de recon- les Infectes manquent tantôt de l'un & noiffance. tantôt de l'autre : Dieu lui a donné outre

cela une ame raisonnable, qui fupplée à ce qu'il a de moins que les Infectes du côté de la délicateffe des fens. Quelles actions de graces n'avons-nous pas à lui rendre pour de fi beaux préfens! Si quelqu'un croyoit que ces dons ne font pas fi confidérables, qu'il fuppofe pour un moment qu'il a perdu l'ufage d'un ou de plufieurs de fes fens;alors il changera d'idées, & fentira combien ils nous font néceffaires, & combien d'inconvéniens ameneroit leur perte. Aveugles, fourds, fans fentiment, fans goût & fans odorat, que ferions-nous? Notre corps ne feroit qu'une lourde maffe de chair; & notre ame hors d'état de veiller à la confervation du corps. Comment feroit-elle avertie de l'impreffion des objets extérieurs fur lui, s'il étoit deftitué des organes qui com

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