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que la main puiflante du Créateur fe fait admirer par-tout; qu'on ne la reconnoit pas moins, pour ne rien dire de plus, dans la ftructure d'un Ciron, que dans celle des plus grands animaux. Nous admirons l'art d'un ouvrier (48), qui a affez d'habileté pour faire des ouvrages fi fins, qu'à peine on peut les voir à l'œil : nous avons raison. Il eft plus difficile de faire une chaîne affez petite, pour y attacher une puce, que de faire une groffe chaîne de chariot il y a plus d'habileté à fculpter la figure d'une petite mouche, que celle d'un élephant. Admirons donc dans la plus profonde humiliation la fagefle de Dieu, qui eft grande dans les chofes grandes, mais qui ne l'est pas moins dans les petites. Quelle différence entre fes ouvrages & ceux dés plus habiles artistes! Nous avons déja eu occafion de le remarquer ailleurs; il n'y a aucune proportion des uns avec les autres. Pourront-ils donner à leur chef-d'œuvre les organes intérieurs, par le moyen defquels ils exécutent tous leurs mouvemens? Pourront-ils jamais polir l'extérieur de leur ouvrage, au point de le rendre reffemblant à celui du Créa

teur?

(48) Voyez fur les ouvrages extrêmement petits, & ceux qui en ont été les artiftes. Plin. H. N. L. XXVI. c. 5. Ephemerid. Nat. Cur. Tom. I. in add. ad obferv. 13. Job. Jac. Baieri fciagraph. Muf. fui. p. 24.

teur? Quelque polis qu'ils foient, ils pa roîtront toujours rabotteux en comparaifon des autres. Qu'on compare après cela la petiteffe des chofes les plus artistement travaillées, avec ces petites machines douées de vie & de mouvement : qu'on les mette en parallele avec le corps de ces petits animaux, dont Leewenhoek a découvert plufieurs milliers dans une feule goute d'eau. L'on ne fçauroit traiter la découverte de Leewenhoek de contes: plufieurs fçavans après lui ont fait les mêmes obfervations. Robert Hoock, après plufieurs autres, nous affure que dans une goute d'eau de la grandeur d'un grain de millet, l'on a apperçu, les uns dix, les autres trente, & quelques-uns jufqu'à quarante-cinq mille (*) de ces petits Infectes, Doivent

ils

(*) Jufqu'à quarante-cinq mille. Il faut qu'on fe foit fervi d'induftrie pour raffembler tant d'animaux dans un fi petit efpace, foit en faifant évaporer ou filtrer l'eau, ou bien de quelque autre maniere: car il n'eft pas vraisemblable qu'une goute d'eau auffi petite qu'un grain de millet, contienne naturellement tant de milliers d'êtres animés. Mais ce qui paroîtra plus difficile à croire à bien des gens, c'eft qu'il ait été poffible de faire un calcul tant foit peu juste d'un fi grand nombre d'animaux ; car, dira-t-on, ces animaux étoient morts ou vivans quand on les comptoit. S'ils étoient morts cominent les a-t-on pû difcerner? Les meilleurs microscopes en ce cas ne nous mettent guéres en état de diftinguer un animal auffi petit d'avec tout autre corpufcule qui nage dans une même liqueur. Que s'ils étoient vivans, comment a-t-on pû compter de la maniere même la plus groffiere un fi grand nombre de petits Infectes qui fourmillent les uns autour des autres dans un efpace fi

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étroit

ils leur existence au hazard? Il feroit ridicule de le penfer; puifque le hazard ne fçauroit donner de figure réguliere, ni placer des membres dans leur jufte proportion, ni donner la faculté de propager fon efpece. Dira-t-on qu'ils ont été faits par d'autres créatures? Mais ont-elles cette puiffance infinie qu'il faut pour çela? Faifons-nous un devoir de le reconnoître, il n'y a point d'autre caufe de leur

existence

étroit ? Cette difficulté paroît forte; mais il y a moyen de la réfoudre, & de faire voir qu'il n'eft nullement impoffible de faire en gros ce calcul: on pourroit, par exemple, s'y prendre de la maniere fuivante. Je commencerois d'abord par comparer l'axe d'un feul de ces petits animaux, que je concevrois comme fphérique, à l'axe d'une fphere de la groffeur d'un grain de millet, & je verrois combien l'un eft multiple de l'autre ; or comme les fpheres font entr'elles en raifon triplée de leurs axes, cela m'apprendroit d'abord combien de fois l'animal eft plus petit que la fphere à laquelle je le compare; enfuite prenant une goute d'eau de la groffeur de cette fphere, & qui fourmille d'animaux dont je yeux fçavoir le nombre, je la laifferois deflécher fur le microscope jufqu'à ce que ces animaux fuffent réunis en une feule maffe; je formerois de cette maffe en mon idée un volume fphérique ; & en comparant auffi l'axe de ce volume à celui d'un grain de millet, je fçaurois le rapport de grandeur que ces deux maffes fphériques ont l'une avec l'autre, ce qui me meneroit à connoître le nombre des animalcules que contenoit la goute que je voulois examiner. Ces fortes de calculs, comme ils dépendent d'obfervations très-délicates, & dans lef quelles il eft difficile de déterminer les chofes avec précifion, ne fçauroient fe faire avec la derniere exactitude; mais s'il efi difficile qu'ils rencontrent au jufte la vérité, au moins ne s'en écartent-ils pas extrêmement, & ils fuffisent pour nous apprendre à peu près ce qui en eft. P. L.

existence que Dieu. Celui qui a donné la lumiere au foleil, pour éclairer pendant le jour; celui qui a rendu la lune refplendiffante, & qui a donné de l'éclat aux étoiles pour briller pendant la nuit, eft le même qui a rendu certains Infectes lumineux, pour répandre quelque clarté au milieu des ténébres. Le Créateur, qui a donné à l'homme la faculté de parler, aux quadrupèdes & aux oifeaux celle de produire de certains fons, eft le même qui a donné aux Infectes différens tons de voix. Celui qui eft la caufe de l'odeur agréable que répand le Mufc, & celle de la puanteur qu'exhale cet animal, dont nous avons parlé, eft auffi la caufe des différentes odeurs qui exhalent du corps de plufieurs Infectes. Enfin, la main puiffante, qui a donné à des minéraux, des poiffons & des plantes la qualité de pouvoir fervir à teindre en différentes couleurs, eft la même qui a doué divers Infectes des mêmes qualités. Et comme l'on remarque qu'il n'y a aucune de ces qualités particulieres qui n'ait un but, une fin à laquelle elle tend ; l'on ne fçauroit s'empêcher de reconnoître, que tout a été dirigé par un Etre fage, qui s'en eft formé un plan & un deffein fuivi, & qui l'a executé dans la derniere exactitude.

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CHAPITRE IV.

De la Beauté de la plupart des Infectes.

Beauté

leurs des

A Nature fournit tout ce qui peut L contribuer au plaifir de nos fens. Il des couy a des Créatures dont l'attouchement Infectes. nous plaît, & nous caufe de la fatisfaction: il y en a dont la voix nous réjouit; il y en a qui exhalent un parfum lequel produit en nous une fenfation agréable; il y en a qui flattent notre goût; & on en voit auffi dont la beauté nous réjouit la vûe. Les Infectes, d'ailleurs fi méprifés, font bien propres à nous procurer cette derniere efpece de contentement. J'ai eu occafion de parler dans un des Chapitres précédens, de cette partie de leur beauté, qui confifte dans la régularité de leurs membres; & l'exacte proportion qu'il y a entr'eux pour ne pas tomber dans des répétitions inutiles, je ne traiterai donc dans celui-ci que de la beauté de leurs couleurs, de l'art avec lequel elles font mêlangées, de la fineffe de chaque trait en particulier, & en général de la maniere admirable dont tout cela eft peint. L'éclat de ces couleurs fe remarque Dans leu fur- corps.

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