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muniquent cette impreffion au cerveau, & celui-ci à l'ame? Louons donc & exaltons l'Auteur de tant de bienfaits; témoignons-lui par toutes fortes d'endroits, la reconnoiffance dont nous avons le cœur pénétré pour le don qu'il nous a fait de l'ame & du corps, de la raifon & des fens.

CHAPITRE II.

Des Membres des Infectes.

Our donner quelqu'ordre aux choses

Divifion

Pque je me propofe d'écrire dans ce des mem

Chapitre. Je le diviserai en deux Sections bres des Infectes dans la premiere, je parlerai des parties extérieures des Infectes; & dans la feconde, je traiterai de leurs parties intérieures. Comme celles-là font beaucoup plus aifées à diftinguer que les autres, je m'y étendrai davantage; & c'est par là que je commence.

De leur peau.

C

SECTION PREMIERE.

Des Membres extérieurs des Infectes:

Omme tous les Infectes ont une peau (1); je commencerai par elle la defcription que je me propofe de donner de leurs parties. La peau eft le vêtement le plus extérieur que la nature leur ait donné ; elle couvre tout leur corps, en lie toutes les parties, & les contient dans la place qui leur eft affignée. Elle n'eft pas de la même qualité chez tous les Infectes. Ceux, dont le genre de vie ne les expofe, ni à des compreffions, ni à des frictions fortes, ont la peau fort délicate & fort tendre (2). Quelques-uns en ont plufieurs l'une fur l'autre, à peu près comme les différentes peaux d'un Oignon )3). La peau de l'homme & celle des autres animaux eft remplie d'une infinité

(1) Ariftot. H. An. L. IV. Č. VII. Cute omnia Infecta circumdantur, fed admodum tenui.

(2) Comme cela paroit par celle des Chenilles & de plu fieurs fortes de Vers.

(3) Lifter p. 43. dit d'une Araignée jeaune tachetée de blanc. Aranearum cutis non facile difrumpitur, hinc adeo vehementer expressa, ipfa integra erumpit, quod alia atque alia fubfit cutis qua continentur vifcera, neque alienum eft credere univerfas cuticulas in toto vita decurfu exuendas, cum beftiola natas fuiffe.

!

finité de petits trous: elle reflemble à un tamis, ou à un filet extrémement fin, le's pores tenant lieu de mailles. C'est par ces trous que s'écoulent quantité d'humeurs fuperflues, qui en fortent par les fueurs & par la tranfpiration ordinaire. La peau des Infectes a auffi des pores pour le même ufage (4), & fi petits, qu'on a de la peine à les appercevoir. Tout comme il y a des animaux qui,chaque année, changent de poil ou même de peau, l'expérience nous apprend que la même chose arrive aux Infectes. Les uns n'en changent qu'une fois par an (5) (6); & les autres reiterent cela jufqu'à quatre fois (7) (*).

Les

(4) Certaine Chenille à corne a les pores fi ouverts, que non-feulement ils donnent paffage aux oeufs que des petits Ichneumons pondent dans leur corps, mais encore que les Vers nés de ces oeufs peuvent fortir par ces mêmes pores, fans que la peau en paroiffe bleffée.

(Lifter obferve que les Araignées, après être parvenues à leur jufte grandeur, ne muent qu'une fois par an, fçavoir au Printems, lorfqu'elles prennent de nouvelles nourritures. Pag. 10. & fuiv.

(6) Swammerd. p. 86. Infectis hifce Hemerobiis eam apud nos pofituram fitumque dedimus, ut facilè patefcat, quomodo toto corpufculo exuant tenuiffimum quoddam indufium feu pelliculam, quod non modo viju mirabile, fed & diétu est ineffabile. Hac enim exuviarum parte prorepunt eo modo, quo quis calceum exuit; illa vero parte prodeunt; candem invertendo, ceu fi quis chirotecas ita exuat, ut interiora fpectent extrinfecus, poftquam extraxerit.

(7) Comme font les Chenilles avant de changer en Papillons.

(*) Jufqu'à quatre fois. Comme l'Auteur a ici en vi e les Chenilles, ainfi qu'il nous l'apprend dans fes Remarques, Tome 11.

Bil

Les Infectes, qui rampent dans les trous, dans les fentes, où ils font exposés à un frottement affez rude, ont la peau plus dure que les autres; celle de quelquesuns eft même garnie d'écailles. D'ailleurs, la peau fert aux Infectes d'un manteau pour les couvrir contre les injures de l'air: elle eft pour eux de la même utilité que les écailles font pour les ferpens, les poiffons, les écreviffes, & les coquilles pour les Infectes des coquillages, les plumes pour les oiseaux, & le poil pour la plûpart des quadrupèdes. Comme les Infectes font la plupart très-petits, l'ardeur du foleil auroit bien-tôt defféché l'humidité intérieure de leur corps, & épuifé leurs efprits animaux ; s'ils n'avoient s'ils n'avoient pas été revêtus d'une peau dure, qui les mît à couvert de cet inconvénient. Elle eft l'organe du mouvement de ceux qui n'ont point de pieds (8); en l'étendant & la ref

ferrant

il eft bon d'avertir qu'il s'énonce à leur égard affez improprement, lorsqu'il avance qu'elles muent quatre fois par année; on en pourroit inférer qu'elles vivent ordinairement plus d'un an, quoique ce foit pourtant une regle très-générale, & à laquelle je n'ai encore trouvé qu'une feule exception, que toutes les Chenilles ont fourni en moins d'un an leur carriere; il y en a même qui l'ont fait en moins d'un mois. Il fe feroit donc mieux exprimé, s'il avoit fimplement dit qu'elles muent quatre fois; mais encore cela ne feroit-il pas général. J'ai déja observé ailleurs, que j'en ai vû muer jufqu'à fept, & même jufqu'à neuf fois avant de devenir Chryfalides. P. L.

(8) Voyez ci-deffus Chap, 10,

ferrant fucceffivement, ils fe tranfportent d'un lieu à un autre.

Enfin, l'on peut envifager la peau des Infectes comme une cuiraffe, dont Dieu les a revêtus, pour les garantir des dangers extérieurs. Tu m'as revêtu de peau, difoit Job, Ch. x. v. 1 1. pour marquer le moyen dont Dieu s'étoit fervi pour réus nir, joindre, & conferver les différentes parties, dont il étoit compofé. Il n'a pas moins de foin des Infectes, & c'eft dans les mêmes vûes qu'il les a pareillement revêtus d'une peau.

Il eft fi difficile de reconnoître la tête de quelques Infectes, qu'on feroit prefque tenté de croire qu'ils n'en ont point du tout. Celle des uns eft fort petite, à proportion de leur corps (9); & celle des au tres eft fort grande (10) (*). Elles n'ont

pas

(9) Par exemple, celle de l'Arpenteufe grife, marbrée de blanc dont parle Frifch. P. X. p. 9.

10) Telle eft la tête des grandes Demoiselles aquatiques." (*) Celles des autres eft fort grande. La proportion entre la tête & le corps n'eft pas toujours la même dans le même Infecte; ceux qui l'ont écailleufe, l'ont petite chaque fois qu'ils doivent muer, & groffe chaque fois qu'ils ont mué : on en comprend aifément la raison; les écailles l'empêchent de croître, tandis que le corps groffit, ce qui fait qu'alors fa grandeur relative par rapport au corps diminue conti nuellement. Lorsque les Infectes fe difpofent à muer, la fubftance de la tête d'un grand nombre fe retire dans leur cou & dans leur premier anneau; là n'ayant ordinairement point d'écailles qui la gênent, elle s'étend & groffit; & Jorfque l'Animal à quitté fa vieille peau, on eft furpris de Bij lut

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