페이지 이미지
PDF
ePub

L

CHAPITRE XII.

De l'abus qu'on fait des Infectes
en matiere de Théologie,

jet de l'i

Es Payens ont extrêmement outragé Les Inla Nature, en choififfant parmi les festes obInfectes des Divinités auxquelles ils ren- dolatrie doient leurs hommages (1). On imite ces Idolâtres, lorfqu'à l'Etre Créateur on subftitue l'être créé ; ou lorsqu'on rend à l'ouvrage des hommes les honneurs qui ne font dûs qu'au vrai Dieu. Remontons aux premiers fiecles du Paganifme, & voyons ce qui a pû occafionner cet aveuglement. L'homme, abandonné à luimême, fent trop fa dépendance pour douter qu'il n'y ait au-deffus de lui un Etre, auquel il doit fon refpect & fon amour; mais comme Dieu eft d'une nature invifible, & qu'il ne fe manifefte que par les bienfaits qu'il prodigue à fes créatures, l'homme s'eft imaginé qu'il ne pouvoit mieux fervir fon Bienfaicteur, qu'en l'honorant fous la forme des objets par lefquels il fe donnoit à connoître. C'est ainfi

(1) Voyez ma Lithotheol. L. VII. Se&t. II. c. 1. §. 623. p. 1052. & §. 629. p. 1070.

ainfi qu'il eft parvenu à adorer le foleil, la lune, les étoiles, les morts & les vivans, les brutes & les Infectes. S. Paul (2), dans fon Epître aux Romains. Chap. I. VS. 23. met le fait en évidence, lorfqu'en parlant des Gentils, il s'exprime de la forte: Ils ont changé la gloire de Dieu incorruptible en la reffemblance de l'image de l'homme corruptible, & des oifeaux, & des bêtes à quatre pieds & des reptiles. L'Auteur du Livre de la Sapience XI. 16. 17. en dit autant du Peuple Juif, qui fut puni par l'objet même dont il avoit eu la témérité d'abuser. Pour récompenfe des fantaifies folles de leur iniquité, par la feduction defquelles ils ont adoré des reptiles qui n'ont aucun ufage de raison, & d'autres bêtes viles, tu leur as envoyé multitude de bêtes fans raifon pour te venger d'eux, afin qu'ils connussent que l'homme eft puni par les chofes mêmes par lefquelles il pêche.

Les Payens, outre leurs facrifices, a

voient

(2) Les Hiftoriens profanes confirment ce que l'Ecriture nous enfeigne touchant l'idolâtre extravagance des Gentils, qui adoroient des animaux & des Infectes. Herodote L. II. c. 65. dit: Egyptus quum fit Lybia finitima, non admodum beftiis abundat; quæ vero illic funt, ea omnes pro facris habentur, partim manfueta, partim immanfueta. Et Cic. de Nat. Deor. L. III. Omne fere, inquit, genus beftiarum Egyptii confecraverunt. Add. Juven. Sat. XV. Ajoutez à cela ce que dit Arnobe des Egyptiens gentil. L. I. n. 19. Templa felibus, Scarabæis & buculis fublimibus funt eläta faftigiis.

voient la coutume d'offrir du miel (3) à leurs Idoles; ce qui a donné lieu à quelques perfonnes (4) de penfer que c'étoit la raifon pourquoi Dieu avoit défendu à fon Peuple de lui en faire l'oblation. Si on en doit croire Aldrovande, les habitans de Tlaxcalan ne méfusent pas moins du provenu de leurs Abeilles. Ils en prennent la cire, en font des cierges, & les offrent à leurs principales Idoles, en marque de leur foumiffion. Non-feulement ces odieufes pratiques fe font fortifiées par l'habitude, elles ont même fervi d'acheminement à des excès plus confidérables, jufqu'à établir des fêtes folemnelles à l'honneur des Infectes (5). Cælius Rhodi

(3) Apollon dans Eufeb. Pamphyl. L. IV. de præparat. Evang. c.3. infinue que le miel fait plaifir aux Dieux, lorfqu'il dit:

-- Mel,vero Nympha atque liquentia vina,
Offerri lætantur, ac ignem accendier aris,
Qua circumvolitant terram fibi numina quærunt
Imponique atrum corpus, tum thura fimulque
Injicier falfas fruges, & dulcia mella.

Et dans Calpurn. Eccl. 2, il eft dit :

Nos quoque pomiferi Laribus confuevimus horti
Mittere primitias, & figere liba Priapo,

Rorantes fagos domus, & liquentia mella.

(4) Cette raifon ne me paroît point vrai-femblable. La fageffe de Dieu a fort bien fçu diftinguer l'ufage de l'abus, & elle a reçu dans fes fêtes & dans fes facrifices bien des chofes que les Payens admettoient dans les leurs. C'est pourquoi il doit y avoir une autre raison de cela, que j'avoue m'être inconnue.

(5) Dans la fête du Dieu Terme, qui fe célébroit à

Rome

Falbes des
Juifs ou

Rhodiginus fait mention d'un jour dévoué au culte des Sauterelles, & que les Payens de l'ancienne Rome célébroient avec beaucoup de vénération le 8. des Calendes de Décembre, afin d'obtenir de ces fauffes Divinités des égards pour leur pays. Ces peuples étoient fi fuperftitieux, que dès qu'un effain d'Abeilles (6) fe jettoit aux environs de leur Ville, ils la croyoient par là fouillée, & s'imaginoient qu'elles leur préfageoient des malheurs. Pour détourner ces accidens, ils indiquoient des jours folemnels, où chacun s'empreffoit de calmer la colere de fes Dieux ils en agiffoient de même lorfqu'ils fe croyoient en difgrace avec les Sauterelles.

Les Juifs (7) nous racontent bien des

mer

Rome au mois de Février, entr'autres chofes que l'on of-
froit à cette Divinité, une jeune fille lui préfentoit des
rayons de miel. Ovide L. II. Faftor. en fait mention.

Inde ubi ter fruges medios (puer fc.) immifit in ignes.
Porrigit incifos filia parva favos.

(6) Cafp. Peucerus de præcip. divinat. generib. p. m. 206.

lat. b.

(7) Les Juifs content que Nimrod, faifant la Guerre à Abraham, fon armée fut mife en fuite par les Mouches; & qu'il y en eut une, qui étant entrée par les narines dans le cerveau de ce Prince, devint auffi grande qu'un Paffereau, & caufa enfin fa mort. Urfin. acerra Phil. Lib. II. n. 282. Ils difent auffi qu'une Mouche caufa la mort de Tite; qu'étant entrée dans fon cerveau par la respiration, elle y féjourna fept ans. Que paffant un jour devant la boutique d'un Maréchal, le bruit du marteau étonna la Mouche, qui

cefla

Infectes.

merveilles des Infectes; mais qui ne paf- fujet de fent tout au plus que pour des fables dans quelques l'efprit des gens qui raifonnent. Il eft dit 1. Rois VI. 7. qu'en bâtiffant la Maifon, (c'eft-à-dire le Temple) on la batit de pierres amenées, toutes telles qu'elles devoient être; deforte qu'en batiffant la Maifon, on n'entendit ni marteau, ni hache, ni aucun outil de fer. Les Juifs, qui trouvent matiere à aider aux expreffions de ce paffage, ne manquent pas de dire que les ouvriers fe fervirent d'un Ver pour tailler les pierres, & que cet Infecte, nommé Schamir (8), les fendoit & les brifoit aux endroits où il étoit appliqué. Ils ajoutent qu'il avoit la figure d'un grain d'orge, & qu'on le confervoit dans une boëte de plomb, parce que s'il avoit atteint des rochers, ils les eût fendus & détruits. Cependant aucun Hiftorien, excepté les Rabbins, ne parle de ce prodige, qu'on peut avec raison révoquer en doute, & mettre au rang des fables. On a bien autant de peine à les

en

ceffa de ronger. Que le Prince s'en étant apperçu, voulut employer ce remede; mais qu'au bout de trente jours, la Mouche s'y accoutuma & recommença à ronger le cerveau. Que Tite étant mort fubitement, l'on ouvrit fa tête, & qu'on y trouva une Mouche de la grandeur d'une Co lombe d'un an, dont le bec étoit d'airain & les piés de fer. Saub. in Orat. de Ling. Heb. neceff. Subj, ej. Palaftra Theol. Philol. p. 372.

(8) Vid. in Litho Theol. in not. ad L. VI. Set, II. c. §. 484. p. 816.

« 이전계속 »