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en croire, lorfqu'ils affarent que, quoiqu'il y eût dans la Terre promife une grande abondance de Mouches, il ne s'en trouvoit jamais dans l'enceinte du Temple (9), malgré la quantité d'animaux qu'on y im. moloit; qu'au contraire aux facrifices des Payens tout étoit fi plein de ces Infectes, que la principale de leurs Idoles fut nommée Belzebub, c'est-à-dire, le Dieu des mouches & des moucherons. Sans vouloir m'arrêter à déterminer quelle pouvoit être la distance à laquelle le feu & la fumée tenoient les Mouches éloignées de l'Autel, je me contente de faire remarquer qu'il n'eft pas croyable que le Temple en ait été abfolument exemt, d'autant plus que l'Ecriture n'en dit mot, & que la circonftance meritoit bien d'être rapportée, fi elle avoit eu le moindre caractere du vrai. Pour ce qui eft des lieux deftinés aux Sacrifices des Payens, je veux bien croire que les Mouches s'y rendoient de toutes parts avant qu'on eut mis le feu aux victimes, parce qu'alors elles fuivoient fans obftacle le penchant naturel qu'elles ont pour la viande. Les Rabbins mettent encore fur le compte de David un bon nombre d'avantures miraculeufes (*); en93

(9) Miri Phyf. 8. p. 854.

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) D'Avantures miraculenfes. Voilà le tour d'efprit du gros des Rabbins. Ils aimoient à femer dans leurs écrits

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tre autres, qu'à l'occafion de fa retraite dans la caverne d'Hadullam, 1. Sam. XII. 1. Dieu y fufcita une araignée (10), dont la toile en cacha le fond à Saül, qui par là perdit l'occafion de se faifir de fon ennemi. La maniere dont nous fçavons que David furprit ce Roi campé au côteau de Hakila, a ceci de plus; que David pour faire le coup qu'il fit, pofa le pied entre ceux d'Abner qui étoit endormi à côté de Saul; qu'Abner s'étant remué dans cet intervalle, mit tellement David

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des fables deftituées de toute vraisemblance. C'eft ce qui a fait croire à bien des Sçavans, que ces fables n'étoient proprement que des figures hardies, & des fables allégoriques, fous lesquelles ils cachoient des vérités très-importantes. C'est apparemment ce tour fabuleux qu'ils aimoient à donner aux chofes, qui a fait paffer les Juifs dans l'efprit des Romains, pour une Nation fort crédule, & en même tems peu véridique ; témoin le Credat Judaus d'Horace, & le Qualiacunque voles de Juvenal. P. L.

(10) C'eft à quoi paroit avoir fait allufion l'interprete chaldaïque, lorfqu'il a rendu de cette maniere le vs. 3. du Pl. LVII. J'invoquerai le Dieu très-haut, qui a destiné l'A◄ raignée pour faire en ma faveur une toile devant l'ouverture de la caverne. Ceux de l'Eglife Romaine croient quelque chofe de femblable de S. Félix ; ce que Jacques Biddermann a ainfi exprimé. Lib. I. Epigr. CXXII.

A prælis ubi Nola gemit vicina Falernis,
Ingenii fpecimen grandis arachna dedit.
Pone fequens hoftis veftigia preffa legebat,
Qua Felix pedibus fecerat ante fugam.
Jam pede pone pedem calcari fenferat, & jam
Injectas manibus pæne
coire manus;

Et nufquam loca tuta fugæ fuper ulla, nec ulla,
Qua fugiens poffet fallere, vallis erat.
Tome II.

X

à l'étroit, qu'il ne pouvoit le dégager fans coutir rifque d'éveiller l'un ou l'autre, qu'au milieu de ce danger, Dieu détacha une mouche qui piqua Abnér à la jambe, & procura à David la facilité d'emporter la hallebarde & le pot à eau du Roi.

Numinis ergo fidem trepido vocat ore, vocatam
Numinis ex templo fenfit adeffe fidem.
Nam vetuli cæpit difcordia provida māri,
Et paries toto ruptus hiare finu.

Huc fubiens, hoc, inquit, habes, fi vivis afylum
Aut certe tumulum, fi morieris, habes.
Vix ita fe muri penetrarat in abdita Felix
Hoftis ad inventas cum ftetit, ecce, fores
Sufpectafque ratus, fubiiffet & ipfe, juberent
Ni vifa illatum figna referre pedem:
Tenuia nam fato de vifcere fila repente
Duxerat hifcentes inter arachna Lares.
Hoftis ut obductas texto propetafmate valvas
Vidit, inacceffum credidit effe locum,
Arceturque fpecu quis credere poffit?) aperto
Ceu foret objectis janua vineta feris.

Nempe jubente Deo, cum neret aranea telam,
Tela putabatur, murus &
agger erat.

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CHAPITRE XIII.

De l'abus qu'on fait des Infectes contre les
Loix de la Jurifprudence.

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vengeance eft fi douce, elle a tant L'on en

affouvir

Sa ven

le foit aux Loix divines & humaines, elle ne laiffe pas d'être un vrai contentement geance, pour les perfonnes qui fuient la noble maxime de pardonner à leurs ennemis. Toujours en embufcade, elles cherchent à troubler le repos de ceux à qui elles en veulent. Peu leur importe de quelle ma niere elles les attaquent, pourvû qu'ils périffent, & que la peine leur paroiffe, ou égaler, ou furpaffer l'offenfe. Cette affreufe paffion ne trouve dans la Nature que trop de moyens de fe fatisfaire; les Infectes même lui ont fouvent fervi d'inftrument pour affouvir fa fureur. Il y a eu un tems en Italie, qu'elle agiffoit fi heureufement par le venin de la Chenille Pi tyocampa, que pour lui enlever cette reffource, les Souverains furent obligés d'établir des loix très-féveres (*). Les Grands

n'ont

(*) Des loix très-feveres. Voyez ci-deffus. Liv. II, Part. I. Chap. 3.

le menu

n'ont pas été plus retenus que peuple; au contraire l'autorité & l'impunité ont porté le reffentiment auffi loin qu'il pouvoit aller. En 1126, Henri le Jeune (1), furnommé le Pofthume, Margraff de Metz, de Lauffnitz, de Landsberg, & Comte d'Eulenbourg, ne fe vit pas plutôt le vainqueur du Margraff Conrad le Grand, qu'il fongea à tyrannifer un Prince, de la liberté duquel le fuccès d'une bataille l'avoit rendu maître. Il le fit conduire au château de Kirchberg, l'y tint prifonnier dans une cage de fer, & l'abandonna nuit & jour à la merci des Mouches. Sigefroi, Archevêque de Cologne, en ufa de même envers Adolphe (2), Comte de Berg. Ce Prélat, emporté par la haine, oublia tellement ce qu'il devoit à lui-même & à fon ennemi, qu'il s'empara de fa perfonne contre la foi promife, & le deftina à être la nourriture des Infectes. Pour lui donner moins de repos, il ordonna qu'on lui frottât le corps de miel, & que renfermé dans une cage, on le traînât par-tout à fa fuite. Il me fouvient d'avoir lû autrefois, je ne fçais dans quel Auteur, qu'un Empereur Payen, voulant

(1) Henning. in Tab. Geneal. de quat. Monarch. P. II,

22.

(2) Herm. Hamelm, L, III, de famil, emort. p. 163.

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