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Entre autres plaies qu'effuya l'Egypte, la troifiéme eft remarquable; elle eft dé- troféme plaie done crite au Livre de l'Exode VIII. 16. 17. Dieu 18. 19. Et l'Eternel dit à Moïfe: dis à frappa Aaron; étends ta verge, & frappes la poufl'Egypte fiere de la terre, & elle deviendra des poux (5) par tout le pays d'Egypte. Et ils firent ainfi:& Aaron étendit fa main avec fa verge, &frappa la pouffière de la terre, & elle devint des poux fur les hommes & fur les bêtes; toute la pouffiere du pays devint des poux en tout le pays d'Egypte. Et les Magiciens voulurent faire de même par leurs enchantemens pour produire des poux, mais ils ne purent. Les poux furent donc tant fur les hommes que fur bes bêtes. Alors les Magiciens dirent à Pharaon; c'est ici le doigt de Dieu.

Toutefois

(5) Il y a quelques Interpretes, du nombre defquels font les LXX. & la Vulgate, qui rendent le mot Hébreu Cinnim, par un autre qui fignifie Moucheron. Mais je préfere la verfion de Luther, qui a traduit Cinnim par des Poux. Voici les raifons fur lefquelles je me fonde. 1. Les Moucherons naiffent de l'eau plutôt que de la pouffiere; au lieu qu'il eft plus naturel de dire que les Poux naiffent de cette derniere. 2. Ce mot vient du verbe Cun, qui dans Niphal fignifie, fe tenir ferré étroitement ; ce qui convient mieux à des Poux, qui fe tiennent colés là où ils s'attachent, qu'aux Moucherons qui vont d'un lieu dans un autre. 3. Enfin, Cinnah dans les Ecrits des Hébreux fignifie un pous. Geier, in Pf. CV. vs. 31. rapporte que les Hébreux diftinguent entre le Cinnah rampant, c'eft-à-dire, le pous, & le fautant, c. d. la puce. Voyez Boch. Hierof. P. II. Lib. IV. c. 13. & Scheutzer, Rib. Phyf. Tab. CXXVIII. f. 174. & S.

Toutefois le cœur de Pharaon s'endurcit, & il ne les écouta point, felon que l'Eternel en avoit parlé. Il n'y a rien dans cet événement qui appartienne à la Nature, tout y eft refervé aux ordres & à la puiflance de Dieu. La vérité de l'Hiftoire eft inconteftable par elle-même, & par l'autorité de quantité d'Ecrivains dignes de foi. Auffi le Prophete David a-t-il cet événement en vue, lorfqu'à propos de la puiffance divine, il dit Pf. cv. vs. 30. & 31. Il parla, & une mêlée de bêtes vint, & des poux par tout leur pays. Jofephe en a aussi fait mention dans fes Antiquités Judaïques. Dieu, dit-il, punit encore Pharaon de fa méchanceté, mais d'un autre genre de fupplice; car il accabla les Egyptiens d'une quan tité innombrable de poux qui incommoderent d'autant plus ces rébelles, qu'ils ne purent s'en défaire, foit qu'ils fe baignaffent, foit qu'ils fe lavaffent, ou s'oigniffent le corps. Aujourd'hui même on pretend encore trouver des restes de cette vermine, que les gens du pays nomment poux de Pharaon (6). C'eft un Infecte rond, d'un gris brun, luifant, de la groffeur d'une noifette, & non moins avide qu'infupportable par fa morfure, qui en très peu de tems extenue les hommes

(6) V. Reitschitzs Reif. Befchr. L. IV. c. s. f. 147, Hans. Jac. Brunings Oriental. Reife. P. II. f. 128.

hommes & les animaux. On conçoit fans doute qu'il n'approche à aucun égard de ces poux qui multiplient dans la malpropreté; deforte qu'on ne peut fuppofer autre chofe, finon que ceux d'Egypte ont été fufcités par une main qui commande à la Nature. Examinons de plus près les circonftances de ce prodige. 1. Aaron devoit étendre fa verge pour l'opérer, Eft-il naturel de croire qu'il ne l'opérât que par la vertu de fa verge? 2. Aaron frappa la pouffiere de la terre & la transforma en poux. Or, c'est un fait démontré, qu'aucun Naturaliste aujourd'hui ne révoque en doute, que la pouffiere eft incapable de produire aucun être vivant, Tant s'en faut qu'un Infecte en puiffe naî tre,qu'au contraire ils en fouffrent beaucoup, lorfque la pouffiere, s'attachant à leurs parties, les empêche de pourfuivre leur chemin. Nous l'obfervons dans les quadrupedes & les oifeaux, qui, trop chargés de leur vermine, s'en débarrassent en fe veautrant dans des lieux poudreux, 3. Il eft remarquable qu'en tout & partout la pouffiere de l'Egypte fut changée en vermine au même inftant qu'Aaron exécuta fes ordres. On convient que les poux fe multiplient extraordinairement, mais qu'en moins d'une minute ils gagnent toutes les contrées d'un vafte Etat, qu'ils Tome II. Y en

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en attaquent tous les habitans, depuis le
Roi jufqu'au dernier de fes fujets; qu'ils
n'épargnent pas même les animaux de
toute efpece, c'eft-là fans doute un évé-
nement qui n'a rien de commun avec les
opérations ordinaires de la Nature. 4. Si,
felon David, tout le pays fourmilla de
ces Infectes, ne paroît-il pas étonnant que
les régions voisines en ayent été à l'abri ?
5. Les Magiciens eux-mêmes ont avoué
l'infuffifance de leur art; ils ont reconnu
la force du Maître qui les avoit confon-
dus. Dieu auroit pû châtier l'Egypte en
l'abandonnant à la voracité des tygres,
des lions, des loups & autres bêtes féroces;
mais il vouloit venger fa gloire par les
plus vils des animaux qui avoient servi à
l'outrager. Il vouloit que les Egyptiens,
profternés au pied des Autels qu'ils dref-
foient aux Infectes, tombaffent fous les
coups de leurs plus honteufes Idoles; il
vouloit vaincre l'artifice de Satan, détrui-
re fes œuvres, & apprendre à Pharaon
la bouche de fes Magiciens, que rien dans
l'Univers n'égale fa toute-puiffance.

par

La quatrième plaie de l'Egypte ne dif-
quatrié fere de la troifiéme, qu'en ce qu'au lieu
d'une forte d'Infectes, il y en eut de plu-
fieurs efpeces (7). Il est écrit Exode vi.

me.

VS. 20.

(7) Ceux-là s'éloignent fort de la vérité, qui, avec l'In-

terprete

vs. 20. Puis l'Eternel dit à Moïfe; Leves-toi de bon matin, & te prefentes devant Pharaon, il fortira vers l'eau, & tu lui diras; ainfi à dit l'Eternel, laiffes aller mon Peuple, afin qu'ils me fervent. Car fi tu ne laiffes pas aller mon Peuple, voici,je m'en vais envoyer conize toi, contre tes Serviteurs, contre ton Peuple, & contre tes maisons un mélange d'Infectes; & les maisons des Egyptiens feront remplies de ce mélange, & la terre aussi sur laquelle ils feront. Mais je diftinguerai en cé jour-là le pays de Gofcen où fe tient mon Peùple; tellement qu'il n'y aura nul mélange d'Infectes, afin que tu fçaches que je fuis l'Eter nel au milieu de la terre. Et je mettrai de là différence entre ton peuple & mon peuple: demain ce figne-là fe fera. Et l'Eternel le fit ainfi, & un grand mêlange d'Infectes entra dans la maifon de Pharaon, & dans chaque maifon de fes ferviteurs, & dans tout le pays d'Egypte, deforte que la terre fut gâtée par ce melange. Et Pharaon appella Moïse & Aaron, & leur dit ; allez & facrifiez à votre Dieu dans ce pays. Mais Moïfe dit: il n'eft pas à propos de le faire ainfi ; car nous facri

fierions

terprete chaldaïque & Pagnini, entendent par harob diver les bêtes féroces. Car l'Ecriture n'auroit pas omis cela, fi Dieu avoit puni les Egyptiens de ce fléau. Les LXX. l'ont rendu par Mouche carnaffiere. Voyez Boch. Hier. P.II. Lib. IV. c. 25. Luther l'a entendu d'un Mélange d'Infectes. J'adopte cette interprétation; d'autant plus que harob figni e un amas; c. d. d'Infectes. Confer, PJ. CV. vs. 32.

fie

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