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pointues (52), de longues qui reffemblent au groin d'un cochon (53). Elle n'est pas

la même chez tous ceux de cette derniere efpece; car ce groin eft plus ou moins long, plus ou moins large dans la partie inférieure, &c.

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Quantité d'Infectes ont la bouche revêtue de lévres: ils en ont non-feulement à la partie fupérieure & inférieure ; mais encore de côté (54): grand nombre ont des barbillons aux côtés de la bouche, dont ils tâtonnent (*) leur aliment, & dont ils fe fervent pour l'introduire : ils s'en fervent auffi pour la nettoyer. Ces barbillons ont plufieurs articulations; les uns en ont deux, d'autres trois, quatre, cinq, & même davantage. Il y a des Infectes qui n'ont que deux de ces inftrumens nourriciers, & d'autres en ont quatre. Le bout en eft affez fouvent rond &

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(52) Les Guêpes à long corps ont au lieu de bouche the trompe compofée de deux pieces qui fervent d'étui à l'aiguillon qu'elles employent pour fuccer.

(53) C'eft ainfi que font faites les bouches de ces vers marins que Rondelet a nommés à caufe de cela μικρορογχότεροι, μακρρυγχότεροι : & dont parle Aldrovande L. VII. C. 14. f. 734. De cet ordre font encore les Scarabées à trompe, Scarabei probofcidarii.

(54) Par exemple, les Demoifelles aquatiques.

(*) Dont ils tâtonnent. J'ai déja marqué dans le Chapitre précédent, les raifons qui me font croire que des Barbillons pourroient bien être les organes de l'odorat des Infectes. P&L.

a la figure d'une petite maffue. Elle eft canelée dans les Scarabées noirs, qui s'engendrent des vers du lard; & oblongue dans ceux qui font d'un verd doré.

L'on trouve auffi dans la bouche des Infectes des efpeces de faucilles ou de tenailles qui leur tiennent lieu de dents (55). Ils s'en fervent pour broyer leurs alimens, ou pour ronger d'autres chofes. Quelque fins & délicats que foient ces membres, ils ne laiffent pas d'être durs & forts. Ils font fi tranchans, que quelques-uns peuvent percer les planches les plus épaiffes, & fe faire des trous dans le bois pour s'y retirer: c'eft ce que fait, par exemple,cette efpece de Scarabée noir, qui naît des vers jaunes de la farine. Ceux qui ne vivent que de chofes molles n'ont pas befoin d'avoir les dents, ni fi dures, ni fi aigues: auffi remarque-t-on qu'elles font fort émouffées dans le Scarabée Rhinocerôt, qui se nourrit de la pourriture du bois. Ces tenailles font fi unies chez quelques Infectes, qu'on diroit qu'elles ont été polies à deffein: elles reffemblent affez aux ergots des Coqs, comme on peut le remarquer dans le verqui produit la mouche, que les Allemands

(55) De là vient que dans l'Apocalypfe. Ch. 9. v. 8. il eft dit des Sauterelles qu'elles avoient des dents de Lion. Les dents des Infectes ne reffemblent guére au refte pour la forme à celles des autres animaux.

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mands nomment mouche puante; toutes ne font pas telles. L'on en trouve qui ont de petites dents, à la partie intérieure de chacune des pieces qui forment la tenaille, & oppofées les unes aux autres. Elles ne font pas larges comme celles des hommes, mais pointues & courbées à-peu-près comme la crenelure d'une fcie (56). Leur nombre n'eft pas égal: les Scarabées d'un verd doré en ont deux; les grands millepieds, qu'on trouve dans les chambres, trois ; & les Demoifelles aquatiques, fix. Les tenaille de quelques Infectes ont pour baze deux maffues particulieres (57), le long defquelles il y a une entaillure fur laquelle elles fe replient, comme fait la lame d'une jambette. Quand l'Infecte veut faifir quelque chofe, & que pour cela il réunit les deux pieces de fa tenaille, elles ne fe touchent chez les uns que par les deux extrêmitez ; & chez les autres, qui les ont plus longues, elles fe couchent l'une fur l'autre.

Ces tenailles leur font d'une grande utilité: elles leur tiennent non-feulement lieu de dents, pour broyer la nourriture qu'ils prennent (58); mais ils s'en fervent

encore

(56) Bochart nous apprend que c'eft à caufe de cela que les Arabes appellent ce qui a été mordu par les Sauterelles, denté en forme de fcie. Hieroz. P. pofter. L. IV. C. 5. (57) Frifch. P. XIII. p. 23.

(58) Quibus autem non in ore aculeus, hæc dentes habent; cibi fcilicet aut conficiendi aut capiendi admovendique gratia. Ariftot. L. IV. H. A. C. 6.

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'De leur rompe,

encore pour rogner plufieurs chofes felon leurs befoins. C'eft avec cela qu'ils faififfent leur proye(*) & l'empêchent de s'échapper (59). Elles leur fervent encore d'armes pour fe défendre ou pour attaquer leurs ennemis (60). Ceux qui font des trous en terre les employent pour écarter ce qui fe trouve fur leur paffage (61).

Il y a quelques efpeces d'Infectes de proye (car on peut bien leur donner ce nom) qui, outre ces tenailles, ont encore à la bouche des efpeces de griffes (*), (62) dont

(*) Qu'ils faififfent leur proye, Parmi les différens ufages de ces tenailles, celui de fervir de bouche aux Infectes qui n'en ont point, eft des plus finguliers: on peut voir ce que j'en ai dit au Chap. 11. du Livre précédent fur les paroles, ceux qui fuccent ont reçu une pompe. P. L.

(59) La (quilla aquatica recurva maxima eft extrêmement vorace; pour répondre à fes inclinations, la nature a armé fa bouche de tenailles longues & aigues, par le moyen defquelles cet Infecte attrape aifément dans l'eau fa proye. Quund il s'en eft une fois faifi, il la ferre fi bien qu'il ne lâche point prise, quand bien même on le tire hors de l'eau, & qu'on le jette d'une main à l'autre.

(60) C'eft avec fes tenailles que la Tarentule bleffe : mais en même tems elle répand un fuc venimeux dans la bleffure.

(61) Les faucilles d'une petite forte de fauffes Guêpes font très-fortes, & recourbées de maniere à pouvoir facilement par leur moyen détacher des morceaux de terre pour fe préparer un trou.

(*) Ont encore à la bouche des efpeces de griffes. Voyez la remarque fur les paroles: Elles fe trouvent à la bouche, du Chap. 5. du Livre précédent, la defcription d'un mafque fingulier que quelques efpeces d'Infectes ont devant la bouche, & dont ils fe fervent auffi comme de griffes pour faifir leur proye. P. L.

(62) dont ils ferrent leur prife, comme les Oifeaux de proye font avec leurs pattes. D'autres ont auffi des machoires qu'ils peu vent tant foit péu mouvoir en avant & en arriere fous les tenailles.

Je ne dois pas paffer fous filence la trompe (63), le fyphon, ou, comme d'autres l'appellent, la langue des Infectes (64). Quelques-uns, comme les grillons fylveftres,la portent entre leurs tenailles. Il y en a qui peuvent la retrécir & l'étendre felon leur volonté (65) Les papillons la roulent (*) fort adroitement entre les deux tiges ou

lames

(62) Frisch a donné la figure des griffes des Demoifelles aquatiques. P. VIII. n. 8. Tab. VIII. n. 3. Elles font faites d'une maniere très-curieufe. Leur ufage unique eft de tenir la proye. Elles font au nombre de fix à chaque côté de la tête. La fupérieure & l'inférieure font ifolées; & les autres font placées entr'elles, deux à deux, vis-à-vis les unes des

autres.

(63) Cette partie s'appelle trompe, par allufion à celle des Eléphans. Ariftot. H. A. L. IV. Č. IV. Nam ut Elephantis pars delegata odoribus commoda, etiam tum ad pugnandum, tum ad cibi ufum habetur ; fic Infectorum quibufdam lingua pluribus officiis fungitur, quippe quæ & cibum fentiat, fufcipiat, admoveatque, & defendat contra aliorum injurias.

(64) Ariftot. L. IV. H. A. C. VII. p. 911. Omnia enim, quibus non in alvo aculeus eft, linguam ejufmodi veluti arma gerunt: Nec dentes habent quibus junctum id eft, exceptiš quibufdam paucis. Nam & Mufca eo ipfo pertingentes, cruorem movent & culices eodem acrius pungunt.

(65) La trompe des Mouches communes peut s'étendre & fe rétrécir. Elle reffemble beaucoup à celle d'un Elé phant, à l'exception qu'elle s'élargit plus vers fon extrémité que dans fon milieu, qu'elle a une espece d'ourlet tout autour, & qu'elle eft garnie de poils.

(*) Les Papillons la roulent. Voyez une description

Cu

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