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Siagrius pliérent, & il fut obligé de prendre la fuite; Clovis pourfuivit fa victoire qui fut entiere. Siagrius fe retira chez Alaric, Roy des Wifigots. Clovis envoya fommer Alaric de luy rendre Siagrius, ce qu'il fit n'ofant pas fe commettre avec Clovis, qui fit trancher la tête à Siagrius en fecret, & fe rendit maître auffi-tôt des Villes qu'il tenoit pour les Romains, entre lesquelles étoient celles de Reims, de Troyes, & autres Villes de Champagne qu'il conferva fans beaucoup de peine, l'Empereur étant alors occupé ailleurs.

Les peuples dont Clovis fe rendit maître, confentirent de refter entre les mains des François, à condition de n'avoir plus de Rois, mais d'avoir des Comtes ou des Ducs de leur nation, qui releveroient des Rois de France. En ce temps-là les Ducs avoient 488. l'adminiftration de la Juftice avec le commandement des armées dans plufieurs Villes, & les Comtes n'avoient que l'administration de la Juftice d'une Ville. Depuis ce tempslà on leur accorda celle des armes; mais ils n'avoient l'une & l'autre que dans une feule Ville, & cette Ville étoit toûjours confidérable, car on mettoit des Vicaires ou Viguiers dans les autres Villes qui étoient foumis aux Comtes, comme les Centeniers qui étoient dans les Bourgs pour tout un Païs.

Après le décès de Clovis, premier Roy Chrétien, arrivé le 18. Novembre l'an 511. qui avoit été baptifé à Reims par S. Remy dès l'an 495. fes quatre fils partagérent ses val tes Etats en quatre Royaumes; la Champagne fit partie du Royaume d'Auftrafie qui échut à Thierry, qui étoit alors âgé de vingt-six ans, & que Clovis avoit eu d'une concubine avant fon mariage avec Clotilde. Il choisit la ville de Metz pour la Capitale de fon Royaume.

Quelques Hiftoriens marquent expreffement que les villes de Reims, de Chaalons fur Marne, & autres Villes de la Champagne luy appartenoient. Et en effet toute cette Province faifoit partie de fon Royaume, comme nous venons de le dire.

Les François étoient alors fujets des quatre Rois enfans de Clovis, fous les mêmes loix, & tous les Seigneurs des quatre Royaumes s'affembloient en un même endroit, felon que ces affemblées étoient indiquées tant pour les affaires générales, que pour le jugement des procès. Cette union ne dura que quatre années. L'an 16. Cochilius, Prince Danois, qui fe difoit iffu de Clodion, $16. Dupleix prétendit à la Couronne de France, il vint dit que Coen Auftrafie, Thierry à qui elle appartenoit, chilius on ainfi que nous l'avons dit, envoya fon fils Cochilliac Théodebert avec une puiffante armée au était Ray

ou

des Danois.

devant de luy, il l'attaqua avec tant de bravoure, qu'il tua Cochilius de fa propre main, & paffa la plupart de fon armée au fil de l'épée.

Je ne diray rien des autres guerres aufquelles Thierry s'engagea, ni des cruautés qu'il exerça, qui n'ont rien de particulier qui regarde la Champagne. Jobferveray feulement que l'an 531. un Seigneur Auftra531. fien nommé Monderic, fit publier qu'il étòir du fang des Rois de France; & en effet quelques Hiftoriens difent qu'il étoit coufin du Roy Thierry, & qu'il étoit du Perthois, dont Perthes, ville faincufe en ce temps-là, étoit la Capitale. Monderic prétendit que le Royaume d'Auftrafie luy appartenoit à plus jufte titre qu'à Thierry, il leva des troupes & fe mit en campagne. Thierry arma de fon côté, fit proposer à Monderic une entrevûë; mais fe défiant de luy il fe mit dans Vitry en Perthois, l'une de fes villes, où il fe défendit fi bien, que Thierry craignant la longueur du fiége, le fit affurer non feulement de laiffer la vie & la liberté à tous ceux qui avoient fuivi fon parti, mais encore de le lailler dans la poffeffion entiere de tous fes biens. Arégifile qui luy porta cette parole, la confirma par un ferment fait fur les autels; mais à peine Monderic fut-il forti de Vitry pour aller trouver Thierry, qu'Arégi

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file fit figne à fes gens de le tuer. Monderic s'en apperçut, tira fon épée, & la paffà au travers du corps d'Arégifile, & jetta par terre un grand nombre de ceux qui l'accompagnoient; & après avoir donné des marques d'un grand courage, il fut accablé par le nombre, & percé de plufieurs coups. Ses enfans le firent inhumer avec beaucoup de pompe dans l'Eglife du Château.

534.

L'an 534. Thierry tomba malade & mourut; ce Prince avoit regné vingt-trois ans, & vécu cinquante-cinq. Il ne lailla point d'autres enfans que Théodebert, qui luy fucceda au Royaume d'Auftrafie: il eut par conféquent la Champagne qui en faifoit partie. Je ne parleray pas d'une armée de plus de cent mille hommes, que Théodebert mena en Italie l'an 538. ni des grandes victoires 538. qu'il y remporta, ni de fon retour en fes Etats: cela n'étant pas de l'Hiftoire de Champagne; mais je remarqueray que fon repos fut troublé l'an 540. Théodebert avoit époufé Deuterie, qu'il avoit prife au Château de Cabriers près de Beziers dans le bas Languedoc, & qui étoit alors époufe d'un Seigneur du païs, quoy-que luy-même eût été fiancé un peu auparavant la mort de Thierry fon pere à Wifgarde, fille de Wafcon Roy des Lombards. Deuterie s'étant imaginée que le Roy fon époux aimoit une

540.

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548.

fille qu'elle avoit eûë de fon premier mari, fit atteler deux taureaux indomtés à un chariot, sur lequel elle fit mettre cette fille infortunée, qui fut conduite fur le pont de Verdun, d'où les taureaux fe précipitérent dans la riviere, où elle fut enfevelie dans les eaux.

Les Seigneurs d'Auftrafie eurent tant d'hor~ reur de cette action, qu'ils déclarérent à Théodebert qu'ils ne fouffriroient pas qu'il demeurât davantage avec cette cruelle femme au préjudice de Wifgarde, à qui il avoit engagé fa foy dès le vivant de fon pere. Soit que l'amour que Théodebert avoit eû pour Deuterie eût ceffé, ou que l'envie de fatisfaire les Seigneurs d'Auftrafie fût plus forte, il eft certain qu'il la répudia, quoy-qu'il en eût un fils nommé Théodebald ou Thibault, & il époufa Wifgarde qui mourut peu de temps après, l'an 542. Il fongea enfuite à de nouvelles nôces, que l'Hiftoire ne marque pas, & il ne reprit point Deuterie. Enfin Théodebert mourut de maladie l'an 548. à Chelles, maifon Royale de ce temps-là. Mais Mezeray & Dupleix difent que ce Prince étant à la chaffe & attendant l'épée à la main derriere un arbre un taureau fauvage

poursuivi par fes Veneurs, fut bleffé fi ru

dement à la tête d'une branche de cet arbre que le taureau avoit brifée en paffant,

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