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premier

gne.

· DUCS DE CHAMPAGNE.

'Hiftoire remarque qu'en ce temps-là il 576. Ly avoit un Duc de Champagne, noramé Loup, Loup, foit que Sigebert luy en eût donné Duc de le gouvernement, ou qu'il l'eût ufurpé. Ce Champa Duc en cette qualité, ni fes fucceffeurs Ducs, n'étoient pas des Souverains, mais des Gouyerneurs commandans les arinées dans la Champagne qui appartenoit au Roy d'Austrafic. Loup étoit un Seigneur fort considérable dans ce Royaume-là, où il avoit eû de grands emplois fous le feu Roy Sigebert. Il avoit été fon Miniftre d'Etat, Général de fes armées, Gouverneur de Marseille & de tout ce qui luy appartenoit dans la Gaule Narbonnoife. Après la mort de Sigebert il demeura fort attaché à la Reine Brunehaud,

&
par là il devint odieux au Confeil qui
avoir le gouvernement de l'Etat : car ce
Confeil tenoit pour maxime de ne donner
aucune part dans le gouvernement à cette
Princefle, dont ils redoutoient l'efprit hau-
tain & impérieux.

L'Evêque de Reims nommé Gifle, étoit l'un des plus puiflans dans ce Confeil, & ennemi déclaré de ce Seigneur, il n'oublia rien pour le perdre ; ce Duc recevoit mille défagrémens, on luy ôtoit peu à peu fes emplois, & enfin ce Prélat entreprit de luy

faire ôter fon gouvernement de Champagne. Jufques là Loup avoit cedé à la puiffance de fes ennemis mais il ne put fe réfoudre à perdre ce gouvernement, & il entreprit de s'y maintenir. Sur cela on le déclara ennemi de l'Etat, & on vint pour le forcer avec une armée qu'il attendit avec des forces très-inégales.

Ce fut alors que la Reine Brunehaud fit paroître d'une maniere bien éclatante la confidération & l'amitié qu'elle avoit pour luy, & en même temps une fermeté au-deffus de fon fexe.

Elle prit un habit de guerre, monta à cheval, vint au champ de bataille, fe mit entre les deux armées fur le point qu'elles étoient d'en venir aux mains; elle cria plufieurs fois en paffant dans les rangs, qu'on perfécutoit un innocent, & qu'on fe gardât bien de tuer un homme dont la perte entraîneroit celle de l'Etat.

Urfion, un des Généraux de l'arinée de la Cour, eut l'infolence de répondre à la Reine qu'elle devoit fe contenter d'avoir regné avec le Roy fon mari; mais que fon fils étant fur le trône, c'étoit à eux & non pas à elle à fe mêler des affaires; il ofa même ajouter que fi elle ne fe retiroit, elle seroit foulée aux pieds de chevaux, & en même temps il commanda à fes troupes d'a

vancer; mais elles refpectérent la Reine, qui fans s'étonner de cette menace continua fes inftances, & fit tant par la fermeté, par fon adrefle & par le talent naturel qu'elle avoit de perfuader, qu'elle empêcha le com

bat.

L'infolence d'Urfion ne fut point punie, parce que Gifle Evêque de Reims & d'autres Seigneurs le foutenoient. Cette action de fermeté & de vigueur de la Reine donna le temps au Duc Loup d'envoyer la Ducheffe fon époufe dans la ville de Laon. Ses terres néanmoins furent ravagées, fes maifons pillées, & il vit bien que tant que les chofes feroient ainfi, il ne pouvoit vivre en fureté dans fon Gouvernement de Champagne; il ceda donc pour un temps à fa mauvaise fortune, & fe retira en Bourgogne auprès du Roy Gontran. Ce Prince qui connoiffoit fon mérite, & qui haiffoit Gille Evêque de Reims, qu'il regardoit comme un factieux, un perfide & le boute-feu des guerres civiles; ce font-là en effet les qualités que les Hiftoriens luy ont données: Gontran, disje, reçut le Duc de Champagne fort agréablement, & le traita avec beaucoup de bonte, tandis que fes ennemis profitoient de fes dépouilles. Ses biens furent confifqués au profit du Roy d'Auftrafie fon Souverain, ou. plutôt au profit de ceux qui l'en dépouillé-,

rent, & qui firent porter dans leurs maifons tout ce qui fe trouva chez ce Duc en argent & en meubles précieux.

Auffi-tôt Gifle & ceux de fon parti, à qui perfonne n'ofoit plus s'oppofer, firent réfoudre qu'on envoyeroit des Ambassadeurs en Neustrie pour faire alliance avec Chilpéric, & Gifle fut le chef de cette ambalade; lorfqu'ils y arrivérent, Chilpéric étoit à Nogent fur Marne.

Gifle en qualité d'Ambafladeur pria Chil péric de fe joindre à Childebert pour obli ger Gontran de renvoyer le Duc Loup avec les autres transfuges qui avoient paflé du Royaume d'Auftrafie en celuy de Bourgogne; ce qu'il accepta. La Ligue fut conclue, & en exécution les arinées furent mifes en campagne; mais l'armée de Chilpéric fut battue par l'armée de Gontran: ce qui obligea Chilpéric de luy demander la paix.

Le mauvais fuccès de cette guerre fit que les foldats de l'armée de Childebert, pouffés par leurs Officiers qui n'étoient pas du parti de Gifle, demandérent qu'on leur livrât cet Evêque avec les Seigneurs de fon parti qui avoient trahi les interêts de Childebert, en obligeant ce Prince de rompre avec Gontran; & en effet lorfque ces Seigneurs revinrent auprès de Childebert, les foldats de la garde criérent tout haut qu'il falloit fe défaire de

583.

584.

tous les traîtres qui avoient vendu le Roy & fes places aux ennemis de l'Etat ; ils approchérent même auprès de la tente de Childebert pour les enlever. Gifle fe fauva comme il put fur un cheval, & il ne s'arrêta que quand il fut arrivé à Reims, d'où il n'ofa fortir de quelque temps. La Reine Brunehaud pendant l'abfence de Gifle obtint de Childebert fon fils qu'il fit la paix avec Gontran.

Par le traité de paix il fut dit que les fujets de chaque Royaume y retourneroient. Le Duc Loup, à qui Gifle avoit fait perdre les bonnes graces de Childebert avec le Duché de Champagne, qui avoit été donné à Guintrio ou Vintrio fils de Loup, felon quelques Hiftoriens, fut remis en poffeffion des biens qu'il avoit dans le Royaume d'Auf

trafie.

L'année fuivante 584. trois des principaux Ducs du Royaume d'Auftrafie par les intrigues de la Reine Frédégonde, confpirérent contre leur Roy & contre la Reine Brunchaud fa mere. Le premier fut le Duc Ranchin ou Rancingue, qui fe chargea de tuer Childebert, qui en fut averti par Gontran Roy de Bourgogne. Ce jeune Prince envoya auffi-tôt querir Ranchin fous prétexte de luy commuruquer quelque fecret important: le Duc vint, & après que le Roy l'eut entretenu de plufieurs affaires il le fit tuer par fes gardés à coups

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