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fidélité des Chaalonnois, il la reconnoît pour être la Principale Ville de la Champagne: ont voicy la teneur.

C

DE PAR LE ROY.

Hers & bien amés, Nous avons con

nu par votre lettre & ce que Nous a dit le porteur de votre part, le befoin qu'avez d'être fecourus. Nous defirons votre confervation autant comme de nous-même, & le bien & repos de notre pais de Champagne, & principalement de notre ville de Chaalons, laquelle eft la principale dudit pais; & vonlant pourvoir promptement à ce qui est néceffaire pour le bien dudit pais, attendant que Nous y puiffions aller avec notre armée, comme Nous espérons faire bien-tôt ; Nous écrivons à notre Confin le Duc de Nevers, Gou verneur dudit pars, qu'il s'achemine incontinent en notre ville de Chaalons & autres lieux dudit pais où la présence fera requife, pour résister à nos ennemis ; & que pour cet effet il affemble toutes les forces qu'il pourra, & afin qu'il ait le moyen de les entretenir avec la moindre foule de notre peuple que faire fe pourra, Nous luy mandons qu'il s'aide des deniers de nos recettes tant des Tailles que de ceux du Sel & des Décimes, excepté la partie de douze mille écus, laquelle avons ordonné être prife fur notre Recette générale

pour les Siffes. La fidélité avec laquelle vous vous êtes comportés, & les fervices que Nous avez faits, Nous donnent affurance qu'en cette occafion vous vous employerez de tout ce qui dépendra de vous pour affifter nosredit Confin en ce qui se préfentera pour notre fervice; aussi vous pouvez croire que Now en aurons fouvenance pour vous gratifier en ce qui s'offrira pour votre foulagement & accroiffement de notredite Ville. Donné à Tours le 27. jour de Mars 1589. Signé, HENRY. Et plus bas, POTTIER. Et au bas eft écrit, Apportée par Jacques de Berlife le 5. Avril 1589. Et au dos eft écrit, A nos chers & bien amés les Echevins & Habitans de notre Ville de Chaalons.

L'original de cette Lettre eft dans les Archives de cette Ville.

VILLES DE LA CONTREE

de Champagne proprement dite,
qui eft la premiere des buit
des buit par-
ties felon notre divifion.

LA

TROYES, Treca.

A ville de Troyes est scituée sur la riviere de Seine, & environnée de belles & grandes prairies qui font entrecoupées de grand nombre de canaux, que le Comte

Henry I. du nom fit tirer de la riviere, ainsi que nous l'avons remarque dans fa vie. Ces canaux, outre l'utilité qu'en reçoivent les ouvriers de différens Métiers & Manufactures qui sont en cette Ville,ne contribuënt pas peu à en rendre la scituation tout-à-fait agréable. C'étoit autrefois l'une des principales & des plus riches Villes du Royaume, à cause du grand commerce qu'elle avoit avec les païs étrangers, & particulierement en Allemagne.

Le Roy y eft feul Seigneur, comme étoient autrefois les Comtes de Champagne.

Le nom de Troyes eft en Latin Tricaffium, ou Treces, comme qui diroit Tres arees, trois châteaux ; & en effet on y voit aujourd'huy les reftes de ces trois Châteaux, dont le plus confidérable fubfifte encore en partic, & il ne refte prefque que les ruines des deux autres.

Le premier étoit le lieu le plus ordinaire de la réfidence des Comtes, & qui fert aujourd'huy de Palais où l'on rend la Juftice. L'Eglife de S. Etienne, qui joint ce Palais, en étoit la fainte Chapelle, ainfi qu'il eft énoncé dans la Bulle du Pape Alexandre III. qui révoque les Priviléges de cette Eglife.

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Il y a derriere un Hôpital, appelle l'Hôtel-Dieu le Comte, qui faifoit partie de ce Château, où l'on voit encore une motte de terre allez élevée, d'où les Comtes pouvoient

Voient voir au deffus de tous les bâtimens de la Ville moins élevés que cette motte; ne voulant point fouffrir que les habitans en conftruififfent de plus hauts, à moins que de payer des fommes confiderables: ce qui a fait dire affez plaifamment de ces Princes, qu'ils vendoient l'air.

Le fecond de ces Châteaux eft prefqu'entierement abbatu, & l'on n'y voit plus que les reftes d'une tour, & quelques murailles qui font un cercle derriere le Convent des Cordeliers, & la prison, qui faifoit autrefois partie de ce Château; fur quoy on peut faire cette remarque que s'il y avoit de belles prifons, celle-cy tiendroit fans doute un rang confidérable parmi elles. On voyoit encore dans l'une de fes chambres une trèsancienne cheminée, qui a été détruite de- Environ puis peu d'années, fur laquelle il y avoit pour l'an armes dans un écuffon à l'antique, trois cra- 1712, pauds; fur quoy les curieux & les critiques feront telles obfervations qu'il leur plaira. L'Eglife de S. Blaife, que l'on nommoit autrefois S. Jean le Châtel, servoit à ce Château de Chapelle, qui étoit deffervie par des Religieux Bénédictins.

Le troifiéme Château étoit entre l'Eglife de S. Nicolas au marché & la porte de Belfroy, qui eft aujourd'huy la place de la Vicomté. Ce fut dans ce Château que vers l'an 87%

Louis le Begue Roy de France régala le Pape Jean VIII. après avoir reçu de fa main la Couronne Impériale dans un Synode tenu dans l'Eglife de Troyes, où se trouvérent la plus grande partie des Evêques de France. L'Eglife de S. Nicolas s'appelloit en ce temps-là Sanctus Nicolaus in caftro, parce qu'elle fervoit de Chapelle à ce troifiéme Château. Il fut ruiné par un incendie arrivé en 1524. Les Jardins des Comtes de Champagne étoient grands & bien ornés.

Les murailles de la ville de Troyes font affez bonnes & de grande étenduë, mais mal entretenuës.

Elle n'eft environnée d'aucune montagne;& comme fes prairies au contraire, ainfi que nous l'avons remarqué, font belles & agréables, l'air y eft fort bon. Son terroir produit toutes fortes de grains, des vins & des fruits en abondance, & toutes les chofes néceffaires à la vie, mais elle manque de bonne eau pour boire.

Les habitans qui boivent de l'eau de cette Ville font fujets aux écroiielles : & ceux d'entr'eux qui font accommodés, font apporter pour leur ufage de l'eau de la riviere de Seine, mais comme tous les habitans ne peuvent pas faire cette dépenfe, il feroit à propos de conftraire des fontaines publiques, & de tirer pour cela de l'eau d'une fource d'eau vive, qui forme un ruiffeau nommé la

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