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partie de ces allées forment plufieurs quin- * conces; on en fort par un large pont pour entrer dans trois autres grandes allées à côté l'une de l'autre de plus d'un quart de lieuë de long, qu'on appelle le grand fard; à côté defquelles il y a plufieurs Jardins qui appartiennent à des particuliers. Ces allées font plantées d'arbres de la même espece que les précédentes, & aboutiffent à trois autres allées beaucoup plus larges qui font au-de-là d'un petit pont, qui fait la féparation de ces premieres allées, qui appartiennent, ainfi que le petit Jard aux habitans de Chaalons. Ces trois allées plus larges conduifent durant plus d'une demi-lieuë au Chateau de Sarry, maifon de plaifance de l'Evêque. Ces trois dernieres allées font l'oude M. le Cardinal de Noailles dans le temps qu'il étoit Evêque de Chaalons, & font partie du domaine de l'Evêché.

vrage

Parmi le grand nombre d'allées qui forment le lieu qu'on appelle le petit Jard, & dès la fortic de la grande porte à main gauche & de la petite porte à main droite, fur la levée des terres qui paroiffent avoir été enlevées pour creufer le foffé de la Ville; il y a huit allées plantées au-deffus l'une de l'autre, formant une efpece d'amphithéâtre, & encore huit autres qui font à l'extrémité de ce petit Jard à main droite de la riviere

qui fe joignent & forment enfemble une efpece de petit bos, qui n'eft pas le moindre ornement de cette délicieuse Promenade.

Il y avoit dans la feconde prairie de ce petit Jard une haute chaire à prêcher, conftruite de pierres de taille, affez proche de l'allée du milieu. La tradition eft qu'elle avoit été bâtie lorfque le Pape Eugene III, confacra l'Eglife Cathédrale de Chaalons & que dans le temps de cette cérémonie S, Bernard y avoit prêché en préfence du Souverain Pontife. Elle a fubfifté en fon entier jufqu'en 1681. temps auquel M. Huë de Miroménil, alors Intendant en Chainpagne, la fit abattre un jour de grand matin avant que le Confeil de Ville en pût être averti; car il n'auroit pas manqué de s'opposer à fon deffein, comme il avoit déja fait une fois, cette chaire étant un monument confidérable qui méritoit d'être confervé.

Il ne fera peut-êrre pas hors de propos de dire icy un mot du Château de Sarry, maifon de plaifance de l'Evêque. Ce lieu eft moins confidérable par fes bâtimens, qui font anciens quoy-que beaux & commodes, que par la beauté & la grandeur de fes Jardins, ornés de parterres bien entendus, d'un bon goût, & d'un grand nombre de bofquets & d'allées de charmilles & autres arbres, d'un canal, de foffez larges & profonds

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remplis de poiffons, d'un orangerie, & de belles ftatues qui ne contribuent pas peu à rendre cette promenade tout-à-fait char

mante.

Ces Jardins, tels qu'on les voit aujourd'huy, font l'ouvrage de feu M. Vialart, l'un des plus grands Prélats qui ayent jamais rempli le Siége de Chaalons, décédé en l'année 1680. âgé de foixante-fept ans. Cet ouvrage luy a couté des fommes très-considérables, qu'il ne dépenfa que dans la feule vûë de faire fubfifter en travaillant un grand nombre de pauvres, dans un temps difficile & lorfque le pain étoit exceffivement cher.

La mémoire de ce grand Evêque eft encore fi précieufe à fes diocéfains, que j'ay cru pour leur confolation ne devoir pas oublier de remarquer qu'étant entré dans l'Epifcopat avec un riche patrimoine, il n'a laiffé aucuns biens à fa mort, les ayant tous diftribués aux pauvres pendant la vie, ou employés à bâtir & fonder plufieurs Communautés, & conftruire d'autres ouvrages, fans aucune autre vûë que de faire tout le bien dont il étoit capable à fon Diocese, & il s'étoit tellement épuifé de tout, qu'il ne luy reftoit à fa mort prefque aucuns meubles, & point du tout de vaiffelle d'argent, ayant caché le prix de toutes ces chofes, qu'il avoit cûës autrefois en abondance, dans

le fein des pauvres, dont il avoit mérité le nom de pere.

Ce fage Prélat ne fe contentoit pas de faire des aumônes fecrettes, & d'affifter largement un grand nombre de familles qui étoient tombées dans l'indigence, & qui fouffroient autant de la honte que de la pauvreté mais encore, perfuadé qu'il étoit qu'il ne fuftifoit pas d'exhorter l'heureux troupeau que la divine Providence avoit commis à fes foins, de fatisfaire à cette obligation indifpenfable, & qu'il leur devoit auffi l'exemple, il faifoit des aumônes publiques très-abondantes qui n'étoient ignorées de perfonne; & toutes les fois la néceffité publique obligeoit de faire des rôlles des plus accommodés pour affifter les pauvres, il s'y faifoit comprendre à la tête pour des fommes confidérables qu'il fournifloit d'avance.

que

Dans le temps qu'on imprimoit ces Mémoires, un fi terrible orage s'eft fait fentir à Chaalons & dans un grand nombre de Villages d'alentour, que de mémoire d'homines on n'y a jamais rien vu de pareil. La perte qu'il a a caufée dans la ville de Chaalons seule, eft eftimée monter à plus de deux millions. Je puis bien informer la postérité de cet accident, puifque j'en parle comme témoin oculaire. Je n'étois pas encore au liţ

quand il commença la nuit du 30. au 3 1. de 1720. Juillet 1720. après quelques coups de tonnerre, qui furent fuivis à minuit & un quart d'une nuée de grêle fi effroyable, que les grêlons pour la plupart étoient auffi gros que des balles à jouer à la paume, & les plus petits plus gros que les plus grofles noix, Quoy-que cette grêle n'ait gueres duré plus d'un demi-quart d'heure, elle a fracaffé prefque tous les toits & une grande partie des vitres des Eglifes, des Hôpitaux, Collége, Séminaires, Abbaïes, Convents, Communautés Régulieres, de l'Hôtel-de-Ville & des maisons des particuliers, dont les grains, une grande partie des meubles, livres & papiers ont été confidérablement endommagés, & les jardins entierement ruinés. Quelques-uns eftiment que la perte foufferte les habitans de Chaalons en cette ocpar cafion, n'eft gueres moins grande que celle caufée par l'incendie arrivé l'an paffé le 7. Aouft 1719. à Sainte-Manehould, dont nous parlerons dans l'article de cette Ville. Mais l'idée qu'on a de fes propres maux étant bien plus fenfible que celle qu'on a de ceux d'autruy, il ne faut pas s'étonner qu'elle frappe davantage. Quoy qu'il en foit, nous devons avouer en nous foumettant à ce fléau dont le Seigneur nous a affligés, qu'il vérific ce qu'a dit fon Prophete, que

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