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Il y avoit autrefois à Sainte-Ménou une Chambre de Monnoye, qui avoit la lettre Ţ pour fa marque ; elle a été transférée à Nantes depuis la réunion de la Bretagne à la Couronne.

Il y a dans cette Ville plufieurs Jurifdictions Royales: Bailliage, Prevôté, Eaux & Forêts, Maréchauffée, Election, Grenier à Sel & Traites-Foraines.

Toutes les fortifications de la Ville & du Château ont été démolies: mais il ne feroit pas difficile de les rétablir & d'en faire une bonne place; la riviere d'Auve qui paffe dans une gorge jusques dans cette Vilferoit pour cet effet d'un grand fe

le

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cours.

Si les breches cuffent été rétablies en l'années 1712. le Général Groweftein, dans la courfe qu'il fit alors, n'eût pas trouvé tant de facilité à fe faire donner des ôtages par cette Ville, dont les habitans, qui femblent tous nés foldats, n'ont jamais manqué de courage.

Cette Ville a été prefque entierement détruite par un incendie extraordinaire arrivé fur les dix à onze heures du foir la nuit du 7. Aoust 1719. non par le feu du ciel, ainfi qu'on s'eft efforcé de le perfuader, mais par un feu échapé dans une maison particuliere, qui en très-peu de temps fe com

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&

muniqua à un grand nombre de maisons, enfuite dans tous les quartiers de la Ville; & il n'eft refté que les Convents des Capucins & des Religieufes, avec quelques maifons qui font depuis ces Convents jusqu'à la porte des Bois. Ce feu ne put être fecouru, parce qu'il n'y avoit dans la Ville ni seaux, ni pompes, ni crocs, ni haches, ni échelles, & que d'ailleurs les maifons n'étoient la plupart conftruites que de bois. Le Roy a fait lever le plan de cette Ville, pour la rebâtir plus grande, plus réguliere & mieux fortifiée qu'elle n'étoit.

EPERNAY, Sparnacum.

Ette Ville eft petite, mais fa fituation, qui eft fur la riviere de Marne, en eft tout-à-fait agréable. Elle eft à fept lieuës de Chaalons en tirant du côté de Paris. C'étoit autrefois une affez bonne place, qui avoit de bons foffés pleins d'eau, de bons ramparts & de bonnes murailles flanquées de tours de distance en diftance; mais ces foffés font à préfent la plupart comblés & fecs, & ces tours prefque entierement ruinées.

Epernay n'étoit autrefois qu'un château ou maison de plaifance, qui du temps de Clovis, premier Roy Chrétien, appartenoit à Enlage, Gentil - homme François, qui étant coupable d'un crime de leze-Majefté,

que l'Hiftoire ne marque point, obtint fa grace du Roy par l'entremise de S. Remy, auquel ce Prince ne pouvoit rien refufer.

Ce Gentil-homme, pour expier en quelque maniere une fi grande faute, fe priva de cette maifon qu'il aimoit beaucoup, & tant par un efprit de pénitence que par reconnoiffance envers S. Remy, il en fit une donation à ce faint Prélat: mais il ne voulut pas la recevoir fans récompenfe; il luy fit préfent à fon tour de cinq mille li vres, qui étoit alors une très-grande fomme qu'il tira du tréfor de l'Eglife de Reims,

Epernay fervit ainfi à augmenter le domaine de cette Eglife, & de lieu de plaifance à S. Remy & à fes fucceffeurs, qui alloient y prendre l'air en certains temps de l'année.

Tel étoit alors l'état du château d'Epernay. Quelques Tanneurs y ayant été attirés par la commodité du petit ruiffeau nommé Cabry, qui en eft proche, & qui fépare la Champagne de la Brie, ils y firent quelques habitations qui s'augmentérent dans la fuite, & devinrent une petite Ville, dont les Comtes de Champagne s'emparérent depuis, comme nous l'allons dire, à caufe de la fcituation & de la commodité de fon paffage fur la riviere de Marne.

Pendant les courfes que les Normans fai

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foient autrefois fi fréquemment en France, un parti de leurs troupes entra dans le païs Rémois & le ravagea entierement, Hincmar Archevêque de Reims fe refugia à Epernay & y fit porter le corps de S. Remy.

Foulques, un de fes fucceffeurs, y fit conftruire une citadelle, qui fut démolie par le commandement de Charles le Chauve. -Gervais, qui fucceda à Foulques, la rétablit ; mais elle fut encore détruite en

923.

La ville d'Epernay paffa enfuite dans la maifon d'Herbert II. du nom, Comte de Vermandois & premier Comte de Champagne, & de Robert fon fils, fecond Comte de Champagne, qui après s'être rendu maître de la ville de Troyes, comme nous l'avons dit, entra dans le diocese de Reims, où il prit plufieurs places, enfuite de quoy l'Archevêque fut obligé de luy ceder Epernoy, Fîmes & Vertus, pour fauver les autres lieux du domaine de Reims, à condition d'en faire foy & hommage aux Atchevêques de Reims. Ce traité fut confirmé par les Bulles des Papes Alexandre III. Clément III. & Innocent III.

Eudes II. du nom, Comte de Champa gne, fit bâtir un château à Epernay, dont il refte très-peu de chose.

Cette Terre fut réunie à la Couronne en

1284. Philippe le Bel avant qu'il fut parvenu à la Couronne, en fit hommage à l'Archevêque de Reims : car on fçait affez fçait affez que la majefté de nos Rois, qui releve de Dieu feul, ne reconnoît aucun Seigneur féodal ni

pour leur Couronne ni pour aucuri memqui la compofe.

Cette Terre paffà enfuite à la Maifon d'Orléans,&elle ne fut réünie à la Couronne qu'en l'année 1531. par le décès de Louise de Savoye, mere du Roy François I, Le domaine en fut néanmoins donné dès la mê me année par ufufruit au Duc de Guife, après luy au Maréchal Strorff, & enfuite à Marie Stuard, Reine de France & d'Ecoffe, veuve du Roy François II. Après la mort de laquelle ayant encore été réunie à la Couronne, elle fut auffi-tôt aliénée par le Roy Henry III. Il y a eû encore plufieurs reventes, dont la derniere fut fous le regne du Roy Henry IV. en 1601. Enfin en l'année 1641. cette Terre fut donnée avec les Duchés de Châteauthierry & d'Albret, le Comté d'Evreux & autres Terres confidétables à Frédéric-Maurice de la Tour d'Auvergne, Duc de Bouillon, en échange des Principautés fouveraines de Sedan & Raucourt: & quoy-que par le contrat qui en a été fait on ait accordé à ce Prince & à fes fucceffeurs la faculté d'établir des Officiers

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