tance, & celles de l'Orient, de l'Occident & du Septentrion : ce que l'on juge par la figure qui répréfente une femme tenant un ferpent, & défignée par ce mot, Prudentia, & par celle d'un homme répréfentant le Midy, avec ce mot, Meridies. Au milieu de la bande ronde des douze Signes font répréfentées les deux Ourses marquées de leurs étoiles, l'une ayant la queuë du côté que l'autre a la tête, en la même façon qu'on les voit dépeintes fur les globes céleftes. Toutes ces figures & grand nombre d'autres font faites de pierres peintes à la mofaïque, dans un champ jaune de même ouvrage, dont les plus gros pavés n'excedent point la largeur de l'ongle, excepté quelques tombes noires & blanches, & quelques pieces rondes de jafpe, les unes couleur de pourpre, les autres ondées de diverfes autres couleurs, qui font appliquées dans certains compartimens faits de pieces de marbre comme fi c'étoit des pierres précieuses enchaffées en un anneau. De là montant deux pas en tirant vers le grand autel, le voit une autre forte de pavé de petites pierres de marbre, divifées en beaux compartimens de marqueterie : & fur les degrés de l'autel eft le facrifice d'Abraham, l'échelle de Jacob, & autres hiftoires de l'ancien Teftament faites de même genre d'ou vrage Frage, qui veulent défigner le S. Sacrement de l'Autel. Cette Eglife eft belle & grande, mais obfcure, bâtie à l'antique; elle à néanmoins un air de grandeur; elle eft bien ornée, & fon tréfor mérite d'être vû. L'on conferve auffi dans cette Eglife, du fang qui coula du côté de Notre Seigneur Jefus-Chrift étant à la Croix: cette précieuse relique eft renfermée dans un reliquaire d'argent doré, qui fut tiré du tréfor de l'Empereur de Conftantinople, comme il eft porté par l'acte de donation qu'en fit un Prince d'Achaïe à Arnould Cotty fon parent, Re- Cet acte ligieux de ce Monaftere en 1224. eft dans les Archives Trois petites parties du bois de la vraye de cette Croix, en trois Croix différentes, & du véte- Abbaïe. ment de Notre Seigneur. Des cheveux de la Sainte Vierge, & de fon tombeau.. Les corps de S. Oricle & de fes compagnons, Patrons de Senuc, font dans une belle châffe. Les corps de plufieurs faints Innocens, en cinq châffes différentes. Le fuaire de S. Remy, dont Grégoire de Tours fait mention; on le porte en proceffion dans les calamités publiques. Le corps de S. Maur inartyr, tiré des caacombes de Rome par le Cardinal Antoine Barberin, Archevêque de Reims. Il y a auffi des offemens de plufieurs Apôtres, & quantité d'autres Reliques, qu'il feroit trop long de rapporter. Nous parlerons encore de cette Abbaïe dans le chapitre du Gouvernement Ecclé fiaftique. L'Abbaie de S. Nicaise de Reims. L'Eglife de cette Abbaïe étoit autrefois dédiée aux faints martyrs Vital & Agricole, Jovin. & fut bâtie, à ce qu'on croit, par Jovinus, natif de Reims, dont la vertu fut fi eftimée des Romains, qu'il fut fait Conful en l'anhée 367. & Général de la Cavalerie & de l'Infanterie Romaine fous le regne des fils du Grand Conftantin. Ce Jovinus choifit en cette Eglife le lieu de fa fépulture, & il La defcri- y fut en effet inhumé en l'année 370. Son ption de ce tombeau paffe pour un des plus beaux ou tombeau eft vrages de l'antiquité, qui foit dans toute apportée l'Europe. Il eft d'une feule pierre de marbre tan dans le blanc de huit pieds & deini de longueur, . vol. de de quatre & demi de largeur, & de trois Jes com- & demi de hauteur. Une chafle taillée en smentaires relief y eft répréfentée par deux grands Seibiftoriques Jur les Mé-Sneurs à cheval, dont celuy qui paroît le dailles, à plus jeune perce d'un javelot un lion fus la fuite de rieux, lorfqu'il alloit mettre en pieces un celles de chaffeur qu'il avoit renverfé par terre. On l'Empereur y voit aufli huit ou neuf figures à pied qui Adrien, par Trif font de la chaffe ; & on y remarque auprès d'un chêne un grand fanglier, la tête & le col d'un cerf, & un daim qui paroît être aux abois. Cette Eglife ayant été rebâtie en 1230. fut dédiée à S. Nicaife. Elle paffe aujourd'huy pour un chef-d'œuvre d'architecture. Nous parlerons dans la fuite plus en détail de cette Abbaic. L'Hôtel de Ville conftruit en 1630. eft fort beau; mais il en refte encore près de 'la moitié à bâtir. Il y a à Reims une Univerfité célébre, compofée des quatre Facultés, fondée par Charles de Lorraine, Cardinal, Archevêque de Reims, érigée en vertu des Bulles du Pape Paul III. & des Lettres Patentes du Roy Henry II. en 1547. vérifiées au Par- L'ame the lement de Paris. On voit au-deflus des toi- cette devitutes des bâtimens un Croiffant, qui étoit le favorite la devife favorite de ce Roy. du Roy Henry II. Les Jefuites y ont un beau Collége, où étoit Do. fon enfeigne les Humanités, la Philofo- nec totum phie & la Théologie. impleat On voit à Reims trois Hôpitaux grands orbem. & magnifiques; le premier eft pour les pauvres malades, le fecond fert à enfermer les pauvres mendians, & le troifiéme est destihé pour les pauvres incurables, Il y en a un quatriée de moindre confidération Mars, l'on met les pauvres orphelins; & une mai fon appellée Magneux, où l'on fait travailler de pauvres filles qui y font inftruites à toutes fortes d'ouvrages. On bat monnoye à Reims dans un Hotel deftiné à cet effet: la marque eft l'S. L'antiquité de la ville de Reims eft très-certaine: ce qui paroît par les monumens qui en reftent. Cette Ville étoit la Capitale d'un peuple appellé Rémois du temps de Jules-Célar & trois de fes portes retiennent encore les noms des divinités du Paganifme, qui font les portes di Lumiere ou des Lumieres, c'eft-à-dire du faux dieu Soleil, de Mars, & de Cére ou Cérès. de la guer- Sous l'empire des Romains il y avoit à Reims un magafin d'armes & une manufacture où Cérès, l'on doroit les armes Impériales: cette Ville décẞe dis leur étoit d'une fi grande confidération, des biens qu'ils firent faire plufieurs grands & beaux de la terre. chemins publics qui conduifoient de Reims dans plufieurs autres Villes de l'Empire. Il en refte encore des veftiges confidérables près de Reims, & en quelques autres endroits de la Province, qui font connoître la grandeur & la magnificence de ces Maîtres du monde. bleas Quelques-uns croyent que cette Ville fut enfermée de murailles par les ordres de Jules Céfar, & ils regardent cet Arc de triom phe, qui fe voit encore dans la Ville près |