autour par des colomnes de pierres fufibles, d'ordre Corinthien, qui ont deux pieds de diamétre, & portent une frife à feuillages. On tient que ce choeur faifoit partie d'un temple dédié à quelque divinité fabuleufe de l'antiquité. Devant le grand autel il y a un tombeau de bronze, fous lequel on dit que furent enterrés les corps des trois Ifraëlites compagnons de Daniel, qui y furent apportés de Conftantinople en l'an 490. fous le regne de l'Empereur Zenon; une lampe & deux chandeliers d'argent d'une grandeur extraordinaire, fur lefquels il y a des cierges allumés, qui éclairent jour & nuit ce tombeau, & l'on voit l'épitaphe de ces trois Ifraëlites fur un pilier à gauche du grand autel, conçue en ces termes: Sub hoc farcophago Jacent Sidrac, Mifac, & Abdenago, Ad defendendos Demonas. Charon, Sieur de Monceaux, dans fon Hiftoire Universelle, imprimée in-folio en 1621. rapporte cette infcription en ces ter mes: In hoc jacent farcophage Quos Rex Perfarum Zenonas Ce qui fait préfumer que cette épitaphe ayant été tombée ou détruite, a été réparée par celle qui fubfifte aujourd'huy. Le Cardinal de Givry, qui en étoit Evêque, a fait conftruire le Jubé, qui fut achevé en 1555. Il eft en forme d'arc de triomphe, l'hiftoire de S. Maminès y eft répréfentée en peinture. Albéric, Evêque de Langres, reçut en l'année 830. avec beaucoup de magnificence l'Empereur Louis le Debonnaire & Lothaire fon fils aîné. Il y fut tenu en leur préfence un Concile provincial, où on réforma les Chanoines & les Religieux du Royaume felon leur ancienne inftitution. Il y a à Langres deux Hôpitaux, & une fort belle promenade publique, nominée le Cours, qui eft hors de la Ville en for tant par la porte que l'on appelle de Dijon. Ce Cours, qui eft planté de beaux arbres, a un quart de lieue de longueur, à l'extrémité duquel il y a une fontaine qui prend fa fource dans une grotte, & elle fait en coulant trois grands baffins, deux cascades, & un jet d'eau pouffé par un Dauphin que tient un Triton. Toutes ces eaux font environnées d'arbres dans un beau vallon. Julius Sabinus, qui commandoit une armée de foixante mille hommes contre les Empereurs Othon & Vitellius, avoit pris naillance dans Langres; cette Ville a toujours produit de vaillans Capitaines & de bons foldats: les habitans en général ayant l'efprit fort vif, & étant naturellement guerriers. Les Romains ayant laiffé dans les principales Villes des Provinces où s'étendoit leur Empire, des marques de leur grandeur, on en découvrit à Langres pendant les années 1670. 1671. & 1672. lorfqu'on travailloit à faire des chemins couverts fur la contrefcarpe de la Ville. On trouva trentefix pieces curieuses, confiftant en ftatues, pyramides, portiques, piedeftaux, vases, tombeaux & urnes. Tous ces morceaux furent envoyés à M. de Caumartin, alors Intendant en Champagne, pere de M. de Caumartin, Intendant des Finances. Ce grand Magiftrat, dont la mémoire eft encore en finguliere vénération dans la Province, & qui joignoit à une expérience confommée que demandoit fon employ, une parfaite connoiffance des belles lettres, dont celle des antiques n'eft pas la moindre partie, ne voulant pas les garder pour luy, il fit porter ces précieux monumens de l'antiquité Romaine à M. Colbert, alors Miniftre d'Etat. Deux ans après un Maffon du faubourg en creufant la terre pour y faire les fondemens d'une muraille, trouva une ftatuë de marbre fans tête, enterrée dans du fable, de fix pieds & demi de hauteur fur un piedestal. Cette ftatuë, que quelques-uns croyent être de Jules Céfar, & d'autres de Cinna, parce que le deffein de cette ftatuë ayant été confronté avec une autre ftatue du même Cinna trouvée proche de Paris, leur a paru être du même deffein & parfaitement bien faite. Elle eft gardée dans l'Hôtel commun de la Ville; & il feroit fans doute agréable aux curieux que l'on rejoignît cette statuë à une tête d'un marbre pareil que l'on trouva dans la même année en travaillant aux fortifications de la Ville, & que l'on envoya à M, de la Vrilliere, Secretaire d'Etat. On a auffi trouvé en fouillant les terres, quantité de médailles antiques d'or, d'argent & de bronze. On prétend qu'Augufte fit bâtir à Langres un temple, qui fut appellé de fon nom, dans lequel il fit ériger la ftatuë de Jules Céfar fon prédéceffeur, pour y être révérée. A fix lieues de Langres au Bourg de Bourbonne, on trouve des Eaux Minérales chaudes, à peu près de inêine qualité que celles de Bourbon, & qui fe prennent deux fois l'année, au printemps & en automne. Nous parlerons parlerons cy-après de ce Bourg, qui eft une Baronnie. CHAUMONT, Calvomontum. Ette Ville eft fcituée fur une haute Cmontagne, à un quart de lieue du pied de laquelle paffe la riviere de Marne. Ce n'étoit autrefois qu'un Bourg fortifié d'un Château, qui a eu des Seigneurs particuliers, jufqu'à ce qu'ayant été uni au Comté de Champagne, ces Princes en firent une de leurs Maifons de plaifance, & ils y venoient fouvent prendre le divertiffement de la chaffe. Le Palais où l'on rend aujourd'huy la Justice, faifoit partie de ce Château, ou l'on voit encore de belles falles, dont l'une eft pour les parties qui viennent plaider, & l'autre fert à tenir les audiences du Préfi dial, avec plufieurs chambres & un beau jardin; joignant ce bâtiment eft la Chapelle de ce Palais, dite la Chapelle du Roy,, où l'on voit une Image de la Vierge, qui eft reconnue pour miraculeufe. Il reste encore une ancienne tour quarrée, qu'on appelle Haute-feuille, bâtie de groffes pierres : elle eft haute d'environ quatre-vingt pieds; il y a au-deffus de la tour une platte-forme entourée de balustrades. Ce que cette tour a de plus confidérable, eft qu'il en releve dixhuit cens Fiefs mouvans du Domaine du |