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Reims & tantôt des Ducs d'Auxerre.

les Ducs

Ce qui eft de certain c'est que & les Comtes en qualité de Gouverneurs & Lieutenans Généraux des Provinces, adminiftroient tous les droits Royaux & fouverains dans l'étendue de leur Duché ou Comté, ils jugeoient fouverainement les appellations des Juges ordinaires établis par le Roy, car peut-être il n'y avoit point d'autre Juftice que la Royale dans toute l'étendue de la domination Françoife; & il feroit à fouhaiter que cela fût toûjours demeuré ainfi, l'abus des Juftices Seigneuriales étant trop universellement répandu. Ils faifoient battre monnoye au nom du Roy, & donnoient toutes fortes de Reglemens. C'étoit par leur ordre que les levées d'hommes, de deniers, de munitions & de pionniers étoient faites; enfin tout ce qui concernoit le domaine Royal, les armes, la juftice, la police & les finances étoit en leur difpofition, chacun reglant toutes chofes dans fon gouvernement fous le nom & l'autorité du Roy comme fes Licutenans & Officiers.

Le moine Aimoin ancien Hiftorien, en parlant des Comtes, dit qu'ils étoient commis ou délégués, Comites, quafi committerentur; d'autres eftiment que les Comtes étoient ainsi nommés, parce qu'ils fuivoient de près la perfonne du Prince, Comites,

quia comitabantur. Suidas croit que ces noms de Duc & de Comte, veulent dire Préfet ou Gouverneur, & les Orientaux les prennent pour Capitaines en chef.

Mezeray remarque que l'Empereur Adrien fut le premier qui eut auprès de luy des perfonnes de diftinction pour le confeiller dans fes affaires, & qui participoient à fa puiffance. Il les nommoit Comites, fes compagnons. Ses fucceffeurs fe déchargérent fur eux de plufieurs affaires; ils pouvoient néanmoins les changer quand bon leur fembloit. Il y avoit aufli eû des Ducs du temps des Romains, qui avoient le commandement des armées & le gouvernement des Provinces. Les François en établirent dans leurs Ilya des nouvelles conquêtes fous les titres de Duhiftorietes chés & de Comtés. Il y avoit de trois fortes qui donde Comtes fous la premiere Race de nos ausre ori Rois; les uns ayant charge de la Justice, les autres des Armées, & les troifiémes portant Comtes du ce nom par le droit de leur naiffance, mais Royaume n'ayant aucunes charges pour cela. Ces char& qui préges étoient conférées par nos Rois, lefquels que celle-là aimant leurs peuples, leur permettoient d'en n'est pas choifir à leur gré, fe réservant néanmoins le fuivant droit de les approuver ou de les rejetter; il l'ordre fuiy en avoit dans les Villes & dans les Pro

nent une

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vi des

temps

des Races

de nos Rois.

vinces.

Charlemagne & Louis le Debonnaire fon

du temps

fils & fon fucceffeur, ordonnérent qu'en chaque Ville Epifcopale il y auroit un Comte qui cominanderoit les troupes & rendroit la juftice, que l'Evêque auroit feulement la direction des chofes fpirituelles & le foin de conferver la pureté de la foy dans l'étendue de fon Diocese; il femble qu'en effet l'autorité des Evêques ne doive pas aller aude-là. Je feray icy une petite digreflion fur ce fujet, & j'obferveray que le Pere Daniel dans fon Hiftoire de France fous le regne de Remarque curieuse S. Louis, remarque que les interdits étoient depuis un long-temps en ufage, que les Pa- du Roy S. pes les jettoient fur les Royaumes entiers, Louis. & les Evêques à leur exemple dès qu'ils croyoient avoir reçu quelque tort ou du Roy, ou de fes Officiers, ou de leurs Diocesains, faifoient par tout ceffer l'Office divin, & faifoient fermer les Eglifes, fi on leur refufoit une prompte fatisfaction. Cela fut regardé par la Reine Régente mere de faint Louis comme un grand défordre. Milon Evêque de Beauvais & Maurice Archevêque de Rouen en ayant ufé ainfi, leur temporel fut faifi au nom du Roy, & ils furent obligés de lever l'interdit. Ce Prince tint toûjours pour maxime de ne fe pas livrer à un aveugle refpect pour les ordres des Miniftres de l'Eglife, qu'il fçavoit être fujets aux emportemens des paffions comme les autres hom

mes. Il balançoit toûjours dans les affaires de cette nature ce que la piété & la religion d'un côté, & ce que la juftice de l'autre demandoient de luy ; & il cft vray de dire que c'eft luy qui a commencé à donner en France de juftes bornes à l'autorité des Eccléfiaftiques qui n'en avoit point depuis plufieurs fiécles, & qu'ils avoient ofé pouffer jufqu'à détrôner leurs Rois, & les rétablir quand ils le jugeoient à propos, comme nous l'avons remarqué en parlant de Louis le Debonnaire. Après cette digreffion nous continuerons notre fujet ; & nous observerons que fous la premiere Rače de nos Rois il n'y a eû aucun Comte héréditaire, mais des Ducs amovibles, dont nous avons parlé, & que fur la fin de la feconde Race feulement il y a eû des Ducs & des Comtes héréditaires.

Le Pere Daniel remarque encore que l'anéantiffement de l'autorité Royale dans les derniers Rois des deux premieres Races ouvrit le chemin du trône à Pepin chef de la feconde, & à Hugues Capet chef de la troifiéme. Les Rois de la premiere avoient laillé envahir leur autorité par leurs Miniftres, & ceux de la feconde par leurs vaffaux. Sur la fin de la première les Maires du Palais difpofoicnt abfolument de tout dans l'Etat fous le nom d'un Roy qui ne fai

foit & ne pouvoit rien. Sur la fin de la feconde les Grands du Royaume devenus auffi puiffans que leurs Souverains, n'avoient plus gueres que le nom de fujets à fon égard, & n'obéiffoient à fes ordres qu'autant qu'il leur plaifoit. Tels furent les Comtes de Champagne, dont nous allons parler, qui ont été fouverains, & qui ont gouverné cette Province, & dont les Etats de Champagne & de Brie ont été héréditaires en leurs perfonnes.

COMTES SOUVERAINS & héréditaires de la Province de Champagne & Brie.

C

Es Princes ont été connus fous les noms de Comtes de Troyes, de Meaux, & enfin de Champagne. Ils ont été si puisfans, qu'ils ont foutenu des guerres contre les Empereurs, les Rois de France & de Bourgogne ; & leur naifance étoit fi relevée, que ces mêmes Princes font fouvent entrés dans leurs alliances.

Le plus ordinaire féjour des Comtes de Champagne a été la ville de Troyes, dont ils portoient le nom avant qu'ils priffent celuy de Comtes de Champagne, dont cette Ville femble avoir été alors la Capitale.

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