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Herbert, premier Comie de Champa

gne.

HERBERT ON HEBERT, premier
Comte de Champagne.

E crois pouvoir avancer, fans paffer pour téméraire, qu'Herbert Second du nom Comte de Vermandois, a été auffi le premier Comte de Champagne; non feulement parce qu'il en poffedoit une partie, mais encore parce qu'il a porté le titre de Comte de Troyes & de Meaux, & qu'il eft qualifié tel par plufieurs Hiftoriens, & entr'autres par Pafquier dans fes Recherches de la France, & que ce titre luy eft donné par la Charte de Ledgarde fille de ce Comte, dattée de la 24 année du regne de Lothaire, par laquelle cette Princelle fait don de Gifey à l'Eglife de S. Pierre en vallée de la ville de Chartres.

Herbert, dont nous parlons, étoit fils d'Herbert premier du nom, Comte de Vermandois, qui tua Raoul Comte de Cambray, & peu après fut tué luy-même par Baudouin Comte de Flandre & frere de Raoul.

Herbert époufa Hildebrante, fille de Robert Duc de France & Comte de Paris. Il étoit d'une naillance fort illuftre, puifque Charlemagne étoit fon quatriéme ayeul. Get Empereur eut entr'autres enfans Pepin, qui fut Roy d'Italie, qui eut pour fils B&

nard, qui fut pere d'un autre Pepin Comte de Vermandois, par donation de Louis le Debonnaire, lequel Pepin fut pere d'Herbert premier du nom, Comte de Vermandois, qui cut pour fils notre Comte Herbert.

Quelques Hiftoriens ont cru qu'Herbert ne defcendoit de Bernard que par un fils bâtard de ce Prince; & que ce fut la raifon pour laquelle il ne prétendit pas dans la fuite à la Couronne de France: mais peutêtre auffi qu'il ne fe fentit pas affez fort ni fon parti affez puiffant pour une telle entreprise.

par

La France étoit en ce temps-là fort agitée la foibleffe du gouvernement du Roy Charles Troifiéme, dit le Simple; ce qui donna lieu à Robert Duc de France, beau-pere de notre Comte Herbert, de ménager les efprits des François que le Roy avoit aliénés. Il eut entr'autres dans fon parti Hervé Archevêque de Reims, qui avoit beaucoup accru fa puiffance, jufqu'à pouvoir entretenir des troupes affez nombreuses qu'il avoit à sa solde. ·

Hugues, fils de Robert, aflembla des troupes en Champagne auprès de Fiîmes fur la Vefle, il y fut joint par celles de l'Archevêque de Reims & par d'autres qui groffirent fon armée. Le Roy vint faire le dégât

dans le territoire de Reims & ruina les ter

res de l'Archevêque : il s'empara enfuite de la ville d'Epernay qu'il abandonna au pillage. Herbert, qui s'étoit toûjours fait honneur 922. de foutenir le parti de Charles fon légitime Maître, l'abandonna pour paffer du côté de Robert, qui fe fit élire Roy l'an 922. & fe fit facrer à Reims par les mains d'Hervé, qui fut trouvé mort trois jours après; ce qui fut regardé par plufieurs comme une punition divine.

La France par ce moyen avoit trois Souverains, Henry au-de-là du Rhin, car ces Provinces s'appelloient encore de France; Charles en Lorraine & en quelques endroits de la Champagne & de la Picardie ; & Robert en Neuftrie & en Aquitaine.

Le Roy Charles assembla des troupes, & fçachant que Robert étoit campé au-deça de la riviere d'Aîne du côté de Paris, Charles échauffé par tous les outrages qu'il avoit reçus, fit une action fi courageufe, qu'elle doit effacer la honte de fes autres foiblefles, puifqu'en cette occafion il expofa fa personne. Il traverfa la riviere, furprit le quartier de Robert, & paffa fur le ventre à tous ceux qu'il rencontra. Robert monta à cheval.pour rallier les fiens: le Roy Charles picqua droit contre luy fa lance baiffée, & luy porta un coup de fi grande roideur, qu'il luy pafla le fer avec la langue derriere le col. Ce coup

ne pouvoit partir que d'une parfaite adreffe & d'une bravoure extraordinaire.

Après la mort de Robert ceux de fon parri n'en furent point déconcertés, Hugues furnommé le Grand fe mit à la tête de l'armnée, & fecondé par le Comte Herbert, il défit l'armée de Charles, & demeura maître du champ de bataille; Hugues auroit pû en cet état fe rendre maitre de la Couronne, mais il fçavoit que les Seigneurs le craignoient parce qu'il étoit trop habile, & ne le vouloient point voir dans cette dignité. Ainfi ne pouvant avoir cet honneur pour luy, il eut affez de crédit pour le faire donner à Raoul ou Rodolphe Duc de Bourgogne, qui avoit époufé fa fœur Emine, qui étoit univerfellement eftimée tant pour fa vertu que pour fon efprit fublime & fa rare beauté, & qui avoit un pouvoir abfolu parmi les plus puiffans; Hugues luy propofa de choifir celuy des deux qu'elle voudroit être Roy, ou fon mari ou luy; elle répondit avec beaucoup d'efprit qu'elle aimoit mieux baiser les › genoux, c'cft-à-dire faire hommage, à fon mari qu'à fon frere. De forte que Raoul fut reconnu pour Roy par la plupart des Fran- › çois & facré à Reims l'an 923.

Le Comte Herbert entra dans les interêts de Raoul; mais par une conduite lâche & indigne de fon rang & de fon fang. Le Roy

Charles qui ne fçavoit de quel côté tourner, & qui s'étoit retiré au-de-là de la Meufe, vit arriver Bernard Comte de Senlis accompagné de quelques Seigneurs, qui le faluérent de la part d'Herbert, l'affurant que ce Comte avoit de grands fujets de mécontentement de la conduite de Raoul à fon égard, & qu'il étoit réfolu de le fervir au péril de fa vie contre Raoul. Cette nouvelle furprit le Roy qui étoit parain d'Herbert, & il eut peine à y ajouter foy; mais ils luy firent tous les fermens qu'il exigea d'eux, pour l'aflurer qu'ils ne le trompoient pas. Le fentiment commun fut alors que ces envoyés avoient parlé de bonne foy, & que le feul Comte Herbert avoit agi en traître. Charles fe laillant aller à fa mauvaise fortune, fouhaita de voir Herbert qui le devoit trahir. Il partit avec les envoyés, accompagné du peu de troupes qui luy restoient; Herbet vint au-devant de luy avec de grandes marques de refpect, & l'invita à entrer dans Saint-Quentin. Charles qui étoit toûjours dans la défiance, le remercia par le confeil des plus fages de fa fuite, & dit qu'il camperoit avec les troupes. A quelques jours de la le Comte vint avec fon fils faire fa cour au Roy, le Roy le baifa en l'embraffant, & le Comte fe jetta à terre & luy embraffa les genoux: mais ce Prince en embraffant le fils d'Herbert

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