gues fit dire au Roy que comme le différend d'Artaud avec Herbert, dont le fils avoit été nommé à cet Archevêché depuis plufieurs années, étoit une des principales caufes de la guerre, il falloit avant toutes chofes regler cet article. Le Roy le voulut bien; mais on ne put rien conclure, le Roy ne pouvant fe réfoudre d'abandonner Artaud, ni Herbert les droits qu'il prétendoit que fon fils avoit à cet Archevêché. Peu de temps après Herbert, l'Archevêque Hugues, le Duc de Normandie, & quelques Evêques avec leurs troupes investirent Reims pour l'affiéger. La garnison gagnée par Herbert défertoit tous les jours pour pafler dans fon armée. L'Archevêque Artaud fe voyant ainfi abandonné, fut obligé de fe rendre le fixiéme jour du fiége, & ayant été appellé à une affemblée de Seigneurs & d'Evêques dans l'Eglife de S. Remy, il fut contraint de fe démettre de fon Archevêché, & de fe contenter de l'Abbaïe de S. Bafle & de celle d'Avenay qu'on luy laiffa pour fon entretien, à condition de demeurer dans la premiere fans plus rien prétendre dans l'adminiftration du fpirituel & du temporel de l'Archevêché de Reims. Herbert laiffa Hugues fon fils à Reims avec une bonne garni fon, & alla avec les autres confédérés mettre le fiége devant Laon, qui fe défendit & 941. donna au Roy-le loifir de venir à fon fecours. Il prit fa route par le païs de Reins accompagné d'Artaud Archevêque déposé; il paffa la riviere d'Aîne, & marcha droit à Laon. Les affiégeans n'oférent l'attendre & fe retirérent la nuit à la fortereffe de Pierrepont auprès de Notre-Dame de Lieffe. Le Roy vint l'affiéger: ceux qui la défendoient refuférent de fe rendre, mais ils offrirent. des ôtages pour l'aflurer qu'ils ne feroient rien contre fon fervice. Le Roy reçut les ôtages & fe retira. Herbert & Hugues affemblérent un Concile à Soiffons, où fe trouvérent tous les Suffragans de l'Archevêché de Reims. Ils y déclarérent Artaud déchu de tout droit fur cet Archevêché, & facrérent Archevêque Hugues fils d'Herbert, âgé lors de vingt & un an. Quelques Hiftoriens prétendent qu'il fut facré dans l'Eglife de S. Remy de Reins l'an 941. nonobftant les oppofitions d'Artaud. Après ce facre Hugues & Herbert mirent de nouveau le fiége devant Laon; le Roy vint promptement au fecours: Hugues & Herbert le fçachant proche de leur camp, en fortirent promptement avec leur armée & vinrent fondre fur la fienne, & ils donnérent avec tant de furie, qu'après avoir renversé les premiers rangs où ils tuérent beaucoup de monde, le refte fut mis en dé route; le Roy manqua d'y être pris, mais fit Le Roy fe voyant tous les jours à la veille l'être détrôné comme le Roy Charles le 942. Simple fon pere, cut recours au Pape Etienne IX. du nom, qui envoya en France un Légat nommé Damase avec des lettres qu'il adrelloit aux Seigneurs & aux peuples pour les exhorter à la paix & au rétablissement de l'autorité Royale & de la difcipline de l'Eglife, avec menaces, de les excommunier tous s'ils ne mettoient bas les armes & s'ils refufoient de rendre au Roy le refpect & l'obeïflance qu'ils luy devoient. Les Evêques fuffragans du Diocese de Reims épouvantés des lettres du Pape, allérent trouver Herbert, luy marquérent leur inquiétude, & le priérent de fe foumettre au Roy. Herbert, qui avoit dépêché fon Agent au Pape pour luy demander la confirmation de l'élection de Hugues fon fils à l'Archevêché de Reims & le Pallium, & par conféquent qu'on déclarât nulle la nomination. d'Artaud à cet Archevêché faite plufieurs années après l'élection d'Hugues, dans l'espérance d'une réponse favorable, pria les Evêques fuffragans de Reims d'avoir un peu de patience, & d'attendre ce que le Pape répondroit fur la requête qu'il luy avoit présentée. En effet l'Agent d'Herbert arriva peu de temps après avec de nouveaux Légats, qui apportérent à Herbert la confirmation de Hugues fon fils à cet Archevêché avec le Pallium, & en même temps en faveur du Roy une nouvelle juffion aux Seigneurs fous peine d'excommunication de le reconnoître pour leur Souverain. Auffi-tôt après l'Empereur Othon entreprit l'accommodement du Roy avec Herbert & Hugues, il en vint aifément à bout, le Roy ne demandant autre chofe de ces deux Seigneurs finon qu'ils rentraffent dans leur devoir & qu'ils le reconnuffent pour leur Souverain : à quoy ils fe foumirent. Les Evêques fuffragans du Diocese de Reims qui étoient dans le même parti, firent les mêmes foumiffions, & le Roy de fa part à la priere d'Herbert rendit l'Evêché de Laon à Rodolphe qu'il en avoit chaffé, pour s'être déclaré en faveur de ce Comte. On ne parla point de l'Archevêché de Reims, parce que Pape y avoit confervé Hugues fils d'Herbert. le Herbert, que fes révoltes continuelles, fes trahifons & fes perfidies ont rendu si fameux dans l'hiftoire, mourut cette année-là 943. On porta fon corps de Péronne où il mourut, à Saint-Quentin, où les enfans luy firent des funérailles magnifiques. Quelques Hiftoriens le font vivre jufqu'en l'an 996. mais ils se font trompés, ainsi que de Serre, Nangis, Nicole-Gilles & autres qui ont écrit contre la vérité, que ce Prince avoit été pendu fur une montagne par ordre du Roy, puifqu'il mourut dans fon lit de mort véritablement naturelle, mais avec des douleurs extrêmes & dans une efpece de défefpoir de fon falut, foit que la maladie violente dont il étoit travaillé ou que les remords de fa confcience en cette extrémité euffent troublé fon efprit; lorfqu'on luy parloit de fa confcience ou des affaires de fes Etats & domeftiques, il ne répondoit que ces mots : Nous avons été douze qui avons confpiré par ferment à la trahison faite à Charles; ce qu'il répétoit continuellement. Terrible exemple de la vangeance divine contre les rebelles & les traîtres à leur Prince. Les Historiens anciens appellent ce Prince iniquorum infidelium nequiffimus. Il eut d'Hildebrante fon époufe, fœur de Hugues le Grand, plufieurs enfans. Les Hiftoriens font partagés fur le nombre, com 943. |