boulette il n'eft pas fi beau, mais il eft bon. On s'apperçoit que l'évaporation ef faite, lorfque la cryftallifation eft dure & féche, & qu'en paffant l'ongle deffus, elle fait un petit bruit: c'eft une preuve que le fel eft achevé. Il y a quelques précautions à prendre, lorfque les végétaux ou les animaux con tiennent beaucoup d'huile ou de réfine; la chaleur tient les matieres dans une efpece de fufion, elle empêche l'huile de fe condenser & fond la réfine. Pour être affuré que tout le phlegme fuperflu eft évaporé, on met ces affiettes un moment refroidir, & fi la matiere durcit, c'est une preuve que le fel eft fait ; fi elle refte molle-, il faut la remettre fur le bain de vapeur pour fécher : on peut évaporer par infolation. Cette évaporation fe fait en expofant les affiettes à l'ardeur du foleil; mais il eft difficile de fe garantir de la pouffiere & des infectes qui tombent ordinairement dans la li queur. Je n'ai remarqué aucune différence entre l'évaporation par infolation & celle qui eft faite au bain de vapeur, ce qui m'a donné lieu de conjecturer que le de # gré de chaleur du bain de vapeur, étoit excellent & n'occafionnoit aucune altération aux mixtes. Je fuis flatté infiniment de l'utilité que la Médecine retirera de la découverte de cette évaporation, parce qu'elle influera fur le public: il n'y a point de matiere qu'on ne déffeche par cette évaporation; les baumes, les huiles ayant été triturés & évaporés, fe convertiffent en fels folubles dans l'eau. Le miel eft plus difficile à traiter, fon fel fe cryftallife un moment, on l'enleve; mais il s'humecte en un inftant, on profite de cet inftant pour l'incorporer comme on le defire. Ces préparations demandent un foin particulier; outre que le travail eft long, il faut encore employer beaucoup d'attention & de propreté; mais comme il en réfulte des remedes fupérieurs aux autres, toutes ces petites difficultés ne doivent pas rebuter un bon Artiste. Il y a dans la chymie beaucoup d'o◄ pérations plus longues, & j'ofe l'affurer, moins utiles, il faut un plus grand nombre de différens vaiffeaux & le fuccès eft moins certain ici tout eft fimple, & dans cette fimplicité, on trouve une perfection qui la rend eftimable, Maniere d'enlever les Sels. Lorfque les fels font fecs & cryftallifés, il faut les enlever de deffus les affiettes, à la faveur d'un couteau fait en forme de cifeau ; & pour empêcher les fels de s'écarter en les détachant, il faut couvrir l'affiette d'un papier chauffé & fort fec; pour cet effet on a un rond de cuivre comme les ronds à dreffer оп place un réchaud deffous avec du feu, & on met fur ce rond des feuilles de papier fécher, on couvre l'affiette où eft le fel d'une de ces feuilles de papier qu'on tient d'une main avec l'affiette, & on enleve avec le couteau le fel de l'af fiette par deffous la feuille de papier; le fel étant ainfi enlevé, on le verfe encore chaud dans une bouteille, par le moyen d'un entonnoir: on tient la bouteille bouchée & l'entonnoir un peu chaud, car ces fels s'humectent en s'attachant aisément au papier ou à l'entonnoir (d). (d) A toutes ces précautions, il faut ajouter celles de remuer la liqueur fur la fin de l'évaporation avec une fpatule ou une cuiller CHAPITRE CHAPITRE II. Du Régne Végétal. LE régne végétal est une ample famille qui fournit une plus grande quantité de remedes que les autres régnes, il a cet avantage qu'il renferme plufieurs fpécifiques il y a tout lieu d'efpérer, que dès qu'on aura fous la main les fels : d'argent, afin de rompre la pellicule, & de hâter l'évaporation d'une part, & de l'autre pour empêcher que la chaleur concentrée par cette pellicule ne devienne confidérable au point de brûler & de détériorer l'extrait : il faut encore choifir, autant qu'il eft poffible, une faifon affez féche pour la préparation de ces fels ou extraits j'ai vu plufieurs fois que dans le tems qu'on les enleve de deffus les affiettes, fi l'atmosphere devient humide, rien n'eft plus difficile, & qu'une fois humectés, c'est encore une autre difficulté de les remettre dans un état fec: on pourroit croire qu'en les diffolvant dans de nouvelle eau, & foumettant la diffolution à la même évaporation on les remettroit dans leur premiere transparence; mais cela n'eft pas aifé: nous en ayons dit la raifon dans une de nos remarques. G effentiels de tous les végétaux, on pourra les effayer commodément ; j'ai découvert depuis peu un fel diurétique, excellent dans l'hydropifie, par le moyen duquel j'ai guéri plufieurs leucophlegmatiques : j'en ai envoyé à M. Col-de-Villars, Doyen de la Faculté de Paris, il a guéri avec ce fel des hydropiques à l'HôtelDieu de cette Capitale, ce qui prouve qu'on découvrira des fpécifiques. On eft convaincu que les végétaux n'ont pas befoin de tous les principes dont ils font compofés, & que leurs vertus réfident dans leurs parties effentielles actives (e), (e) Il s'en faut bien que nous 'foyons du même fentiment; nous penfons, au contraire, que tous les principes qui conftituent un végé tal lui font fi néceffaires qu'il cefferoit d'exifter fi un de ces principes venoit à l'abandonner: il eft néceffaire de convenir à la vérité que dans la plante il y a des parties plus effentiellement actives que les autres; mais d'où ces parties ont-elles emprunté leur activité ? fi ce n'eft du concours mutuel de toutes les autres parties qui nous femblent inutiles, parce que nous en ignorons l'ufage, mais qui cependant ont toutes une fonction particuliere, quand elles ne ferviroient qu'à divifer & à étendre les parties opérantes; elles font fouvent plus effentielles à conferver qu'à rejetter. Les Anciens avoient quelquefois bien |