décantez l'eau & la remettez évaporer au bain de vapeur, jufqu'à ce qu'il

la trituration du benjoin dans l'eau, un fel effentiel; car en effet ce fel en a tous les caracteres fon existence dans le benjoin eft même fi fenfible, qu'on peut aifément la diftinguer aux marques brillantes & foyeuses, dont cette réfine eft parfemée. Le ftorax, la vanille & plufieurs autres réfines aromatiques préfentent également à leur furface des preuves de ce fel tout formé. J'ignore, il eft vrai, fi notre Auteur eft le premier qui ait retiré le fel de benjoin par la cryftallisation; mais M. Geofroy dès 1728, lorsqu'il lut fon Mémoire fur les huiles éthérées, fit voir en même temps à l'Académie des fubftances falines dans plufieurs huiles effentielles ; & dans fon Mémoire fur les extraits de certaines planinféré dans le volume de 1738, il avance que le benjoin infufé dans de l'eau chaude pendant quelques heures, & l'infufion mife à refroidir, fournit des petits cryftaux fins en aiguilles, & qu'enfin le fuccin bien porphirifé & infufé pareillement dans l'eau chaude, lui communique une faveur acide, & que cette liqueur évaporée lentement, donne des cryftaux qui font le fel de fuccin; on ne retire que très-peu de ce fel de benjoin par la cryftallifation, parce que l'eau n'en diffout qu'une petite quantité; il feroit cependant poffible d'avoir tout ce qu'il en contient, en répétant fouvent des diffolutions & des éva

tes,

forme une pellicule ; remettez au frais; continuez ainfi pour avoir tout le fel ef fentiel. Les premieres portions font toujours les plus belles. Faites fécher votre fel à l'ombre ou au foleil entre deux feuilles de papier; car fi vous le mettez à la chaleur du feu il brunira & perdra fa

porations. J'ai vu du baume de Tolu donner plus de trente fois à l'eau dans laquelle on le faifoit bouillir, de l'odeur, de la faveur. Comme ce fel eft volatil on l'obtient ou par la voie de la fublimation, en mettant du benjoin dans un vaiffeau de terre vernifé, auquel on adapte pour récipient un carton fait en forme de corne; ou par la d'ftillation en fe fervant d'une cornue & d'un ballon, & diftillant enfuite à feu nud: ce dernier pro cédé, indiqué dans la Pharmacopée de Londres, fournit moins de fel que le premier: auffi le Traducteur de ce précieux Ouvrage n'a-t-il pas manqué d'en faire fentir tous les inconvéniens; mais de quelque maniere qu'on s'y prenne pour retirer le fel de benjoin, foit par diftillation, par fublimation ou par cryf tallifation, le fel qu'on obtient eft tranfparant & cryftallin, d'un blanc argentin & Juifant, ayant une odeur agréable & pénétrante , & la propriété finguliere d'être acide & de faire, en cette qualité, effervescence avec les alkalis, & de former, avec eux, des fels neutres d'une nature particuliere.

blancheur (q): ce fel eft incifif', résiste à la corruption, aide à la transpiration.

Trochifques de Benjoin.

La diffolution laiteufe du benjoin en s'éclairciffant a déposé une matiere blanche, réfineufe, privée de la plus grande

(q) C'eft ce qui fait que ce fel, connu plus ordinairement fous le nom de fleurs de benjoin, prend une couleur foncée lorsqu'on ne ménage pas affez le feu en le fublimant, ou qu'on a voulu épuifer cette réfine du fel qu'elle contient en la tenant trop long-temps au feu; les fleurs de benjoin, quoique renfermées dans un flacon bien bouché, font même fufceptibles de perdre leur blanc argentin, & de contracter, au bout d'un certain temps, une couleur jaune qui passe souvent au noir ce changement de couleur eft dû à une huile furabondante, qui monte avec les & ce fleurs dans les premieres fublimations n'eft qu'en les fublimant de nouveau qu'on parvient à la leur enlever: ainfi dans ce cas les rectifications font néceffaires, fi toutefois la couleur blanche contribue aux propriétés des fleurs de benjoin ;, quelques blanches & il faur pures que paroiffent ces dernieres, pour les conferver long-temps dans cet état, les fublimer une feconde fois, en les mêlant avec vingt ou trente fois leur pefant de fable blanc bien lavé,

partie de fon fel; il faut la laiffer fécher à Ï'ombre, & lorfqu'elle fera féche, on en fera des trochifques avec du lait virginal de benjoin; on ajoute quelques grains de fel effentiel dans ces trochifques: lorfqu'or

'on veut s'en fervir, on le prend ou dans quelque firop, on en émulfion; ces trochifques forment un lait agréable qu'on édulcore avec un firop convenable à la poitrine.

Il est bon pour l'afthme, la toux & les maladies de poitrine.

Lait Virginal.

Mettez de bonne eau-de-vie, ou efprit de vin fur la poudre de benjoin purifiée, l'efprit de vin fe chargera de fa réfine (r);

(r) Comme les fleurs de benjoin font de la claffe des fels également folubles dans l'eau & dans l'efprit de vin, il s'enfuit que ce dernier fe charge non-feulement de la réfine, mais encore du fel de benjoin; en ajoutant donc de l'eau à la teinture dont il s'agit, la fubftance réfineufe fe fépare & forme, par fa divifion, ce qu'on appelle le lait virginal; mais en évaporant l'eau devenue claire & transparente, au bout de plufieurs jours, on trouve qu'elle tenoit réellement la fubftance

& fi vous mettez de cet efprit dans l'eau ; il forme un lait virginal d'une odeur agréas ble, très-propre pour les boutons du vi fage.

C'eft de ce lait dont on fe fert pour les boutons du vifage.

C'eft de ce lait dont on fe fert pour faire les trochifques on peut auffi employer cette eau qui a fervi à la diffolution du benjoin pour faire les trochif ques; elle eft douce & de bonne odeur.

faline du benjoin en diffolution. Comme le benjoin fe diffout en totalité dans l'efprit de vin, on a propofé ce moyen pour le purifier & le débarraffer des paillettes & des petits mòrceaux de bois qui s'y font mêlés tandis qu'il étoit encore fluide; ce moyen confifté à diffoudre tout fimplement le benjoin dans de bon efprit de vin, qu'on en fépare enfuite par la voie de la diftillation; cependant cette opération ne pouvant avoir lieu fans l'ef prit de vin n'acquiere de l'odeur, & cette odeur étant toujours aux dépens du benjoin lui-même, il vaut mieux encore, je crois, dans ce cas-ci employer ce fuc balfamique en fubftance.

que