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trêmement durs & pesans ; ce qui paroît d'abord contradictoire à ce que nous ve nons de dire; mais qu'on faffe attention, que cette eau eft elle-même impregnée de beaucoup de fel, & qu'elle peut bien plus facilement lui en communiquer, qu'en retirer: delà vient que dans la furface de ces bois, on y remarque un goût de fel marin; il brûle difficilement, les pores étant remplis de fel commun.

De ces principes établis & conformes à l'expérience, il faut conclure qu'on peut obtenir, fans employer la violence du feu, les parties effentielles ; je veux dire le fel & l'huile qui repréfentent toute la vertu des mixtes. Pourquoi donc chercher un autre diffolvant? Il n'y en a point de fi puiffant, qui foit plus pur & plus homogene que l'eau commune, Qui empêcheroit d'aider ce diffolvant par un mouvement à peu près femblable à celui de la riviere, afin qu'il pût pénétrer fe avec plus de facilité dans les corps, charger de leurs fels & de leurs huiles effentielles?

J'ofe affurer qu'il eft poffible de lui donner un mouvement plus rapide, qui par lui-même deviendra plus propre & plus efficace faut-il donc chercher un autre diffolvant que l'eau, puifqu'elle fe

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charge des parties effentielles du bois flotté, & qu'on s'en fert maintenant dans la médecine pour toutes fortes de décoctions & d'infusions? Ne pourroit-on pas espérer en la préparant avec art, de la rendre plus pure, plus homogene & plus active pour la diffolution des corps?

C'eft en fuivant ces idées qu'il m'est venu dans l'efprit une chymie nouvelle & prefque toute hydraulique. Notre diffolvant une fois chargé de l'huile & du fel des mixtes, il ne reste plus qu'à examiner comment on peut retirer les parties médicamenteufes qu'il renferme, non pas les retirer par la violence du feu ou par les opérations ordinaires mais par un moyen incapable de les altérer : de nouvelles réflexions fur les effets naturels m'en firent naître l'idée : les marais falants fortifierent mes conjectures.

On fait couler l'eau de la mer par différens réservoirs, elle s'y repofe & se purifie: échauffée par les rayons du sofo leil, elle diminue confidérablement; on l'introduit enfuite dans des œillets, dont le terrein eft fort uni; l'ardeur du foleil altere & enleve prefque toutes les parties aqueules; le fel fe condense & fe cryftallife; le plus chargé des parties encore terreftres fe précipite, le plus pur

au deffus de l'eau forme une croute blanche faline bien crystallifée.

Je conçus dès-lors la poffibilité de féparer les fels du diffolvant dans lequel ils fe trouvoient diffouts, en faisant évaporer toute l'humidité par la chaleur du foleil ou à un feu à peu près femblable (s); non pas que je fuffe perfuadé

(s) On ne court aucun rifque de faire éva porer à la chaleur du foleil une eau chargée de fels, parce que ces fubftances ne font pas capables feules de paffer à la fermentation; & fi l'exemple des marais falans a pu indiquer la manipulation dont l'Auteur fe fert, il faut convenir qu'il y a bien des circonstances dans lefquelles cette manipulation nuiroit plus à la bonté des extraits, qu'elle ne contribueroit à leur perfection. La longueur de l'évaporation fpontanée, même en multipliant extraordinairement les furfaces, eft plus que fuffifante pour faire naître dans certaines faifons, le mouvement de fermentation; ainfi il faut toujours préférer la chaleur du bain-marie, celle de l'étuve ou du four; car la loi générale des Pharmaciens fur l'exfication, c'eft qu'elle ne fçauroit être trop rapide: fans cette méthode, on ne viendroit pas à bout de conferver les couleurs les plus paffageres des fleurs ; la violette, le bouillon blanc, le fureau, ne pour< roient pas être confervés dans leur couleur naturelle fi leur deffication n'étoit trèsprompte.

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que le fel fe cryftalliferoit & fe condenferoit comme du fel marin, il faudroit pour cela qu'il ne fût pas affocié de fon huile ; mais je penfois qu'il pourroit au moins fe déffecher & fe réduire en fel: l'expérience m'apprit qu'en effet je ne me trompois pas.

La nature des eaux minérales, la maniere d'en retirer ce qu'elles contiennent, fe préfenterent également à mon efprit; & c'est ainsi qu'en fuivant une route, pour ainfi dire tracée par la nature, je choifis pour diffolvant univerfel l'eau même; mais plus pure, plus fimplifiée & rendue plus homogene que l'eau commune. Je fus perfuadé qu'en lui faifant pénétrer les parties des mixtes, par un mouvement artificiel, elle auroit plus d'activité, & qu'il étoit encore facile pour en retirer les vertus médicinales dont elle fe feroit chargée, d'imiter l'évaporation du fel commun, foit par la chaleur du foleil, foit par celle du bain de vapeur c'est ce que nous allons expliquer dans la fuite, après avoir démontré que l'eau a toutes les qualités requifes pour pénétrer les corps les plus durs,

Du Diffolvant de la nouvelle Chymie.

Nous avons déjà dit que l'eau froide

étoit le diffolvant dont nous nous fervons; rien dans la nature n'eft plus fimple ni plus commun que cet élément : il eft doux & homogene, il s'unit parfaitement avec tous les corps, il les humecte & enfin les ramollit; les végétaux en tirent leur principale nourriture (t), & il

(t) Des obfervations nouvelles, appuyées de bonnes expériences, prouvent que l'eau à la vérité, fait prefque tout dans la végétation, & que c'eft à cet élément feul qu'il faut attribuer la fertilité des terres, & non aux fubftances huileufes & falines, comme on l'a pensé jufqu'à préfent. II paroît qu'en effet la terre ne fert aux végétaux que d'appui, que l'eau en eft l'aliment tellement principal, qu'il peut être l'unique; que le principe effentiel de la culture confifte à donner à la terre une divifion & une forme qui la mettent en état de recevoir l'humidité, de la diftribuer uniformement, & de la retenir à la furface fans peine, de la tranfmettre enfuite d'une maniere trèsdivifée aux orifices des conduits deftinés à la porter dans le tiffu de la plante, enfin d'em

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