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Taire que ces trois conditions fe rencon trent à la fois, & qu'elles fe trouvent réunies dans l'eau de pluie : on a obfervé qu'elle étoit la plus aifée pour le tranfport, la plus légere & la plus infipide.

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pour juger de la bonté d'une eau; mais elles ne font pas toujours fuffifantes: il eft des cas où pour s'en affurer plus complettement, il faut avoir recours à l'analyfe chymique. La nature nous offre rarement l'eau exempte de toute fubftance étrangere la pluie & la rofée contiennent elles-mêmes, fuivant les obfervations de plufieurs Apothicaires Allemands, des fels en diffolution; pour les en débarraffer, il faut avoir recours à la diftillation; par ce moyen on obtient une eau auffi pure & auffi bonne qu'il foit poffible de le defirer pour faire des expériences, & non pour fervir de boiffon car toute eau qui a éprouvé l'action du feu perd, à caufe de cela, cette efpéce de propriété defaltérante pour en prendre une émolliente & relâchante; il faut cependant en excepter les eaux crues & celles qui font ftagnantes, qui par l'ébullition ne font que perdre, les anes une partie de leur felenite ou de leur les autres, les fubftances, tendantes à la putréfaction, & acquierent, par ce moyen, finon la même bonté que les eaux naturellement pures, au moins un degré de bonté qu'elles n'ont pas dans leur état primitif, fur-tout lorfqu'en les laiffant refroidir, on leur donne occafion de fe recombiner avec de l'air qui s'eft échappé pendant l'ébullition.

terre,

E

En effet on doit regarder l'élévation des vapeurs par le foleil, comme une efpece de diflillation pure, douce, naturelle, dans laquelle les parties les plus fubtiles fe féparent d'avec les plus groffieres, les plus tenaces & les plus lourdes : une foule d'expériences confirment cette pureté de l'eau de pluie; tout ce qu'on y fait cuire a meilleur goût que dans toute autre eau; elle eft préférable pour faire fermenter la pâte; les Maçons au contraire la rejettent, parce que toute autre donne plus de confiitance & de liaifon au plâtre il eft poffible néanmoins de la perfectionner, en la diftillant à la maniere accoutumée, & c'eft la précaution que je prends ordinairement; ceux qui feront curieux de voir les qualités étendues de l'eau, pourront confulter la théologie de l'eau de Jean Albert Fabricius, traduite de l'Allemand en François.

La quantité d'eau doit être proportionnée à celle du mixte qu'on veut diffoudre; par exemple, un pot d'eau fur une once & demie de quinquina ; trop d'eau feroit une teinture trop légere, trop peu ne feroit pas capable de diffoudre tous les fels du mixte.

Avant de finir cette matiere, je ne dois pas omettre une eau d'épreuve qui

Fait fouvent connoître les différens fels qui fe rencontrent dans les eaux; c'est le fujet du chapitre fuivant, comme auffi celui du choix & de la préparation du diffolvant.

De la préparation du Diffolvant, & d'une Eau d'épreuve.

L'EAU claire, pure, fans goût ni odeur,

eft la meilleure à boire, elle eft auffi la plus propre pour extraire les parties médicinales des mixtes: les eaux des fontaines, de pluie, de rofée diftillées (g), ne laiffent

(g) Nous avons dit dans la note précédente, que toutes les eaux, excepté celle qui a été distillée, contenoient des fubftances étrangeres en diffolution; nous pourrions ajouter ici, que même celle qui eft diftiliée laiffe toujours quelque réfidu après la diftillation; mais ce phénoméne intéreffe une queflion difcutée depuis long-tems par les Phyficiens & les Chymiftes; fçavoir, fi l'eau la plus pure contient de la terre, ou fi cette eau peut être changée en terre. Il seroit trop long de rapporter les différens fentimens qu'on a fur cette matiere importante: ceux qui voudront avoir fur l'analyse de l'eau des connoiffances très-détaillées, pourront con

après leur évaporation aucun fel fur les affiettes, ce qui prouve qu'elles en font dépouillées; il y a même lieu de présumer que fi l'eau contient quelques fels, ils font étrangers à fa nature, les uns contiennent un fel marin ou nitreux, les autres un fel vitriolique ou martial: par la diftillation ces matieres étrangeres demeurent au fond du vaiffeau.

Je me fuis fervi dans le commencement de ces eaux diftillées, pour être affuré que les fels qu'on retiroit par la nouvelle chymie, ne participoient en rien du diffolvant ; j'ai employé auffi l'infolation afin de voir la partie fulphureuse dans fon état naturel.

L'embarras de diftiller toute l'eau néceffaire au travail des fels, me détermina à analyfer ces eaux pour y découvrir la quantité des fels qu'elles pouvoient contenir & connoître leur différente nature. Je fis évaporer fur des affiettes de fayance, au bain de vapeur, vingt pots d'eau de fontaine ; à mesure que l'eau diminuoit, je verfai une partie des affiettes dans les autres peu à peu toute l'eau fe trouva

les Opufcules de M. Margraf, & beau coup d'autres Ouvrages publiés depuis à ce fujet,

raffemblée fur une feule, laquelle étant évaporée jufqu'à ficcité, il ne fe trouva que foixante-cinq grains de fel: les vingt pots d'eau pefoient quatre-vingt livres; il n'y avoit donc pas un grain par livre d'eau.

Une pareille quantité de fel dans feize onces d'eau, eft trop petite pour qu'elle puiffe altérer un mixte & en augmenter le volume: on retire ordinairement feize gros de fel par livre de certains mixtes, ce n'eft donc pas un grain de fel de fontaine pour feize gros de fel du mixte.

Regardant comme rien une fi petite quantité de fel, je me réfolus à purifier Peau de ma fontaine, afin de m'en fervir; pour y parvenir, on filtre l'eau par le pa pier gris (b), elle y paffe facilement, ou on la paffe par deux morceaux de groffe étoffe de laine, mife entre deux toiles, ainfi qu'il eft expliqué plus loin;

(h) La méthode de filtrer les eaux pour les rendre plus pures, ne fait pas autre chofe que nos fontaines fablées, elle arrête la partie limoneuse ou terreufe qui fe trouve fufpendue dans cette eau; mais elle n'en fépare aucune de celles qui y étoient diffoutes; c'eft ce qui a fait échouer tous les établiffemens fondés fur la prétention que l'eau filtrée étoit plus. pure, il falloit dire, plus claire.

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