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cacité du Végétal dont ils font extraits. On peut dire qu'elle eft Spagyrique parce qu'elle fait diftinguer le faux d'avec le vrai, & féparer le bon du mauvais. Elle eft Hydraulique, à caufe que les opérations fe font par le moyen de l'eau. On fera peut-être étonné qu'on puiffe extraire les Sels de tous les Mixtes fans le fecours du feu, qui eft l'agent de la Chymie ordinaire: mais je démontrerai évidemment par l'expérience, que l'eau & le mouvement font capables de diffoudre les corps les plus durs; & que les Sels effentiels de cette nouvelle Chymie, font infiniment plus parfaits que ceux de la Chymie ordinaire je ferai voir les inconvéniens de celle-ci, & l'utilité de l'autre. On ne peut difconvenir que des Sels effentiels, toujours affociés de leur huile ou foufre, ne foient bien différens de ceux qui en font privés par la violence du feu:

comme ils ne font que des fels lixiviels, ils n'ont d'autres qualités que d'être incififs, apéritifs & cauftiques; au lieu que les fels de cette nouvelle Chymie font de vrais fels effentiels. Si le végétal dont on extrait le fel eft fébrifuge, le fel l'eft; s'il eft purgatif, il l'eft; s'il eft diurétique, il pouffe par les urines; ainfi de tous les mixtes : leurs vogues, l'approbation de la célébre Falcuté de Paris, celle des plus habiles Médecins, des guérifons multipliées, font de fürs garants du fuccès qu'on en doit attendre. Je ne blâme point les opérations de la Chymie ordinaire; les fels fixes & alkalis font utiles dans quelques opérations, comme je le ferai voir : mais il faut avouer qu'ils perdent leurs principales propriétés, & que le fel fixe & lixiviel du quinquina, n'eft pas plus fébrifuge que celui du chou. Les fels fixes du

féné ou de la rhubarbe, ne font point purgatifs.

Cet Ouvrage eft, à la vérité, un pays nouveau; on y voit avec fatisfaction les végétaux fournir des remédes purs qui ont toutes leurs efficacités. Les fleurs, les fruits donnent des fels effentiels qui leur reffemblent en couleur, en beauté & en bonté.

Les animaux qui ont des fels & des huiles d'une activité furprenante, ne fourniffent, par le moyen du feu, que des remédes d'une odeur fétide & importune; au lieu que par cette nouvelle méthode, on les retire d'une façon douce, ils ne font pas défagréables.

Les métaux qui refiftent à la violence du feu, & qui fe fondent plutôt que de fe divifer, ou qui ne fe divifent que par des menftrues corrofifs, fe diffolvent dans l'eau fimple, & les bitumes pareille

ment, qu'on ne pouvoit diffoudre que par des efprits ardents. Cette nouvelle Chymie conduit au but fi long-temps defiré, que les Médecins puffent ôter le mauvais goût & la mauvaise odeur des médecines, & diminuer le volume des remédes, en concentrant leur vertu. La médecine, bornée au feu, ne pouvoit procurer ces avantages; elle n'y tâchoit pas même, dans le fentiment que l'efficacité des remédes confiftoit dans l'union des principes groffiers & paflifs avec les actifs. Cette nouvelle Chymie fait voir inconteftablement le contraire. L'expérience apprend que le fel & l'huile ou foufre, contiennent toute l'efficacité du végétal; par conféquent on diminue le volume des remédes, rejettant ce qui eft inutile & fuperflu. Par cette méthode, avec le fel de quelques plantes, on adoucit l'amertume des autres comme on

le verra fur le quinquina. On peut auffi, fans extraire le fel, ôter le mauvais goût & la mauvaise odeur du féné & de la rhubarbe en fubftance, fans arrêter la vertu purgative: c'eft une nouvelle découverte aussi certaine que la premiere, que je réserve à donner une autre fois. Les malades l'expérimentent chez moi. On doit être certain qu'on peut jouir efficacement , par le moyen de cette nouvelle Chymie, de toutes les vertus & propriétés que Dieu, par fa bonté & miféricorde infinie, a placées dans les mixtes, pour la guérison ou le foulagement de nos infirmités : c'eft la fin que je me fuis propofée, & que Dieu en foit à jamais glorifié.

On peut fans doute perfectionner cet Ouvrage; je le propofe comme un effai, qui donnera occafion aux Maîtres de l'Art d'enrichir la Chymie par un grand nombre d'autres.