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na confulté que fa propre cupidité, c'est-à-dire, ce qu'il y a de moindre & de plus frivole dans l'efprit?

Or je vous demande: S'il y a des Dieux (car Epicure en admet auffi) comment peuvent-ils être heureux, puifqu'ils ne jouiffent d'aucune volupté corporelle: Et s'ils font heureux fans cela, pourquoi ne voulez-vous pas que le Sa ge puiffe auffi être heureux de même ? Lifez, Torquatus, non les éloges de ceux qui ont été louez par Homére; non les éloges de Cyrus, d'Agéfilas, d'Ariftide, de Thémistocle, de Philippe, & d'Alexandre; lifez, les éloges de nos Romains, les éloges de ceux de votre maifon ; vous ne verrez perfonne qui ait été loué pour avoir été un excellent artifan de voluptez. Ce n'eft pas là ce que portent les infcriptions fur les mo numens publics.

Voyez l'infcription faite: pour Cala, tinus à la porte Capéne. Celui que la voix publique a reconnu pour avoir été le premier de tout le peuple. Croyez-vous que tout le monde ait reconnu Calati nus pour le premier de tout le peuple, parce qu'il étoit plus entendu que tout autre dans ce qui regardoir la voluptés Et lorfque nous jugerons que de jeune

gens feront un jour habiles dans leurs intérêts, & qu'ils ne feront rien que ce qui leur conviendra le plus; dironsnous qu'ils font heureusement nez, & qu'ils donnent de grandes efpérances pour l'avenir? Ne voyez-vous pas quel défordre & quel renversement de pareils principes pourroient produire dans toute la fociété ? Ce feroit en ôter les bienfaits, & la reconnoiffance, qui en font les plus grands liens. Car fi vous ne faites rien que pour vous-même, & pour l'avantage que vous en efpérez, ce n'eft plus une grace que vous faites; c'eft un trafic que vous cherchez à faire; & on ne doit favoir aucun gré à celui qui ne fait rien que pour fon propre intérêt.

Il faut pareillement que toutes les vertus tombent dans le mépris, dès que la volupté viendra à prendre le deffus: & fi une fois on compte l'honnêteté pour rien, il ne fera pas aifé d'empêcher le Sage de fe laiffer aller aux chofes mêmes les plus honteules. Enfin, pour ne pas m'étendre davantage (car je n'aurois jamais fait) il faut que la véritable vertu ferme la porte à la volupté: & c'est fur quoi, Torquatus, vous n'avez rien à attendre de moi, & vous n'avez besoin que de vous. H 6

Regardez-vous donc vous-même au dedans; examinez-vous avec foin, & demandez-vous lequel vous aimeriez le mieux, ou de paffer tranquillement toute votre vie dans le fein de la volupté, fans nulle douleur, & ce que vous avez accoûtumé d'ajoûter vous autres, mais qui n'eft pas poffible, fans aucune crainte de douleur; ou bien de vous rendre utile à toute la terre, en étendant votre fecours fur tous ceux qui en auroient befoin ; & d'avoir à fouffrir pour cela tout ce qu'Hercule a fouffert dans fes travaux. J'exigerois de vous que vous me répondiffiez, & je vous y obligerois, autant qu'il me feroit poffible, fi je ne craignois que vous me diffiez qu'Hercule même dans tout ce qu'il a jamais exécuté pour le bien de l'univers, n'a jamais rien fait que dans la vue de la volupté.

Après que j'eus ainfi parlé: Je rendrai compte de tout ceci où il faudra me dit Torquatus ; & quoi que je pûlle y répondre quelque chofe de moi-même, j'aime pourtant mieux aller trouver nos amis, qui font plus prêts là-deffus que moi. Je croi, lui dis-je, que vous voulez parler de Syron & de Philodeme, qui font de très-gens de bien,

& de très-favans hommes. Vous l'avez dit, reprit-il. Hé bien, faites comme il vous plaira, repartis-je; mais n'auroit

il p pas été à propos que Triarius eût dít

quelque chofe fur notre difpute? Nullement, répondit Torquatus en foûriant. Car encore, vous difputez doucement contre nous; mais pour lui, il fait comme les Stoïciens, il nous maltraite, & ne nous ménage en rien. Je ferai bien plus hardi à l'avenir, répliqua Triarius: car je ferai muni de tout ce que je viens d'entendre; mais je ne vous attaquerai pas que vous n'ayez été bien préparé par ceux que vous voulez confulter. Et après cela notre difpute & notre promenade finirent.

Fin du fecond Livre.

ENTRETIENS

DE CICERON

SUR

LES VRAIS BIENS

ET SUR

LES VRAIS MAUX.

LIVRE TROISIE'ME.

E croi, BRUTUS, que quand la Volupté plaideroit elle-mê me fa caufe, il feroit impoffi ble qu'elle ne fût pas convaincue par mon dernier livre; & qu'el le ne cédât pas à la dignité de fon adverfaire, fi l'opiniâtreté de fes défenfeurs ne s'y oppofoit. Il y auroit, en effet, trop d'impudence à elle de difputer davantage contre la vertu ; de préférer ce qui n'est qu'agréable à ce qui eft hon

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