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nature divine & intelligente, il fut de même fentiment qu'eux.

A l'égard de la maniére dont les Stoïciens & les Péripatéticiens ont traité les mêmes matières, la différence entre eux eft extrême. Il n'y a que ftérilité & que féchereffe parmi les Stoïciens, qui n'ont embraffé que très-peu de chofes; l'abondance eft prefque infinie parmi les Péripatéticiens. Combien de découvertes n'ont-ils point faites fur les animaux, fur leur naiffance, fur leur figure, & fur le temps qu'ils vivent: & combien d'autres fur tout ce qui vient dans les entrailles de la terre? N'ont pas montré pourquoi une infinité de chofes fe font, & comment elles fe font? Et ne nous ont-ils pas fourni par là de quoi pénétrer dans la nature de chacune? Jufqu'ici donc, je ne voi pas que Zénon ait eu aucun fujet fuffifant de ne vouloir plus être appellé Péripatéticien, & d'établir une différente fecte; car pour n'être pas tout-à-fait du fentiment des Péripatéticiens fur quelques points, en étoit-il moins de leur école ?

ils

Epicure, fur la Phyfique, n'en a pas ufé de la forte à l'égard de Démocrite. Il femble au contraire que c'eft Démocrite lui-même qui parle; il ne change

que peu de chofes ; mais quand il en auroit beaucoup changé, au moins dans la plûpart, & dans les plus importantes, il parle toûjours comme lui. Pour vos gens, qui ont tout pris des Péripatéticiens, ils ne marquent pas affez de reconnoiffance envers ceux à qui ils doivent tout ce qu'ils favent. Mais en voilà affez là-deffus. Parlons maintenant du fouverain bien, qui embraffe toute la Philofophie, & voyons ce que fur ce point-là Zénon peut avoir apporté de nouveau, qui ait dû l'obliger à être d'un autre avis que ceux qui étoient comme fes péres, & de faire part.

bande à

Ici, Caton, vous voulez bien qu'encore que vous ayez foigneufement expliqué ce que c'eft que le fouverain bien, & ce que les Stoïciens ont entendu par là, je ne laiffe pas auffi de l'expliquer, afin de pouvoir mieux connoître ce que Zénon a ajoûté à l'opinion de ceux qu'il a quittez. Car les anciens, & nommément Polémon, ayant dit que le fouverain bien eft de vivre felon la nature, les Stoïciens difent que cela fignifie trois chofes ; la premiére, vivre en réglant fa conduite par la connoif fance des chofes qui arrivent naturelle

ment; & c'eft-là, difent-ils, ce que Zénon a entendu, & qui explique ce que c'eft que vivre convenablement à la nature, dont vous parliez tantôt. La seconde, vivre, en obfervant tous, ou la plupart des offices ou des devoirs que vous appellez mitoyens : & cette expofition-là ne s'accorde pas avec la premiére, qui en fuppofant la droiture ou la perfection dans ce qu'on fait (c'eft ainfi que vous avez rendu κατορθώμα ) ne convient qu'au Sage: & celle-ci qui ne regarde que le commencement, & non pas la perfection d'un office, peut même se rencontrer dans ceux que vous appellez fous. La troifiéme enfin, eft de vivre en joüiffant de toutes, ou des principales chofes qui font felon la nature: & cette troifiéme expofition comprend ce qui ne dépend pas de nous. Car le fouverain bien eft renfermé dans le genre de vie dont la vertu fait joüir; & dans les chofes qui font felon la nature, mais non pas dans celles qui ne font pas en notre pouvoir. Or ce fouverain bien dont la vertu eft inféparable, & la vie qu'il fait mener, ne peuvent appartenir qu'au Sage feul: & c'est là précisément (comme les Stoïciens eux-mêmes l'ont écrit) le fouverain bien qu'Ariftote &

Xénocrate ont établi, en se servant à peu près des mêmes termes que vous, lorfqu'ils ont parlé de la premiére institution de la nature, par laquelle vous

avez commencé.

Ils difent donc que toute la nature en général tend à fa confervation, & à la confervation de chaque efpèce. Que de là vient que les hommes ont introduit les arts, & fur-tout l'art de vivre, pour nous aider à conferver ce que la nature nous a donné, & pour acquérir ce qu'elle a manqué à nous donner. Ils ont auffi divifé la nature de l'homme en deux; en ame & en corps : & après avoir établi que les uns & les autres étoient des biens par eux-mêmes, ils ont dit que les bonnes qualitez de l'un'& de l'autre étoient par elles-mêmes à rechercher. En même temps, comme ils préféroient infiniment l'efprit au corps, ils ont préféré de même les biens de l'efprit à ceux du corps : & parce qu'ils regardoient la fageffe comme la gardienne & la tutrice de tout l'homme, & comme l'aide & la compagne de la nature, ils ont dit qu'il étoit du devoir de la fageffe d'avoir foin de cet homme compofé d'ame & de corps; & de conferver en lui l'un & L'autre.

Après avoir d'abord établi fimplement les chofes de cette forte, ils ont continué à examiner foigneufement tout le refte. Ils ont jugé qu'il falloit avoir un certain égard aux biens du corps; mais s'appliquant fur-tout à examiner les biens de l'efprit, ils ont trouvé des femences de juftice dans l'ame: ils ont été les premiers de tous les Philofophes qui aient enfeigné, que c'étoit par un mouvement naturel que les péres & les méres aimoient leurs enfans; que c'étoit pareillement la nature, qui avant cela avoit joint les hommes avec les femmes ; & que c'étoit de ces premiéres inftitutions de la nature qu'étoient venues les liaisons & les amitiez entre les parens & entre les proches.

De ces commencemens, ils ont paffé à l'origine & au progrès de toutes les vertus, d'où fe forme la grandeur de courage qui nous met en état de faire tête à la fortune, tant parce que tout dépend du Sage, que parce qu'un efprit formé par les préceptes des anciens Philofophes, fe met aifément au deffus de tous les accidens & de toutes les injures de la fortune. Ils ont dit enfuite que les principes, que la nature a mis dans les hommes, les ont excitez à l'ac

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