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Et, Seigneur, quand j'écris pour toi,
Je me plais avant que de plaire.

Il est vrai que ma volonté
Penche en cela de ton côté,
Et suit la vertu qui m'anime :

Heureux si dans ce beau projet
Je pouvois élever ma rime

A la dignité du sujet.

N'est-ce pas que ces vers-là sont d'un tour élégant et d'un esprit indépendant? Je les aime et voudrais vous les faire aimer: on a tant accusé les poëtes de

françoises ralliées de diverses parts, du sieur Despinelle ? Ce sont des Vœux adressés à une maîtresse :

La grandeur

D'un Dieu,
Conduise,

Tes pas,

Junon,

De ses biens,
Remplisse,
Ta maison,

Que le printemps,

et l'amour,
d'une beauté,
enflamme, anime,
ton cœur, ton âme

Pallas, Cypris,
de ses dons,
orne, contente,
tes beaux ans,
l'Esté,
de zephirs,
t'esvente,

De ses fleurs,

Te parfume,

Bref, que l'air,

que le feu,

Souffle,

Ton los,

le destin, la victoire
du ciel et des soldarts,
et pousse en mille parts
et ta vertu notoire.

et la vieille Memoire
de ses ris, de ses arts,
et chante tes hazars,
ton esprit, et ta gloire;
que l'Automne et l'Hyver,
de ses fruicts, de son air,
et t'honore et t'agrée.

que la terre, et que l'eau

eschauffe, nourrisse, et raconte à Nérée

ton sein, ton corps, et ton renom plus beau!

Que dites-vous de ce sonnet en vers rapportés d'un bout

---

à l'autre ? N'est-ce pas la chose la plus prodigieuse et la plus bouffonne - du monde ?

bassesse et de lâche courtisanerie! Celui-ci s'incline noblement, il ne rampe pas.

Charles de Santeuil me servira de transition naturelle pour passer à l'épigramme en quatorze vers de Saint-Pavin contre Boileau, - épigramme que je n'ai pas le courage de trouver injuste, quoiqu'elle soit un peu injurieuse :

Despréaux, grimpé sur Parnasse,

Avant que personne en sût rien,
Trouva Régnier avec Horace

Et rechercha leur entretien.

Et cet acrostiche en écho, fait sur la bataille de la Marsaille :

e bruit de ta grandeur, dont n'approche personne. On sait le triste état où sont tes ennemis..... <oudroient-ils s'eslever, bien qu'ils soient terrassés. ls connaîtront toujours la victoire immortelle......

Superbes alliés, vous suivrez les exemples............. 'Alger et des Genois implorant d'un pardon. n vain toute l'Europe oppose ses efforts... bataillons sont forcés et villes entreprises..

Oh! que par tant d'exploits vous serez embellis.... <otre gloire en tout lieu du combat de Marsaille... Pendant la Ligue entière après mille combats.....

welge, tu marcheras pareil à la Savoie....

On te voit tout tremblant sous un tel souverain....
Zous te verrons aussi sous un roi si célèbre........

sonne, mis, assez ? telle.

amples don.

forts :

prises;

lys!

aille,

bas!

voie.

Rhin :

Ebre !

Si le mérite de la poésie consistait dans la difficulté vaincue, assurément l'auteur de ce sonnet serait digne du

Sans choix et de mauvaise grâce,
Il pilla presque tout leur bien;
Il s'en servit avec audace

Et s'en para comme du sien.

Jaloux des plus fameux poëtes,
Dans ses satyres indiscrètes
Il choque leur gloire aujourd'hui.

En vérité, je lui pardonne :
S'il n'eût mal parlé de personne,
On n'eût jamais parlé de lui.

A méchant, méchant et demi! Le Régent du Parnasse avait trouvé plus forte partie que lui. Pourquoi diable aussi s'avisait-il d'accuser Saint-Pavin d'athéisme à une époque où l'on brûlait encore les athées ?... (1).

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plus vert laurier, et je serais forcé de lui donner le pas sur Desportes et Ronsard. Mais ce n'est pas de lauriers qu'il faut ceindre son front, c'est de chardons qu'il faut lui emplir la bouche pour le récompenser selon ses mérites et aussi pour le faire taire. On n'a jamais rien vu de plus abracadabrant ! (A. D.)

(1) Je regrette de n'avoir pu trouver le reste du sonnet fait par Louis de Sanlecque contre ledit Boileau, à propos de la fameuse querelle concernant la Phèdre de Pradon,lequel sonnet commençait par :

Dans un coin de Paris Boileau, tremblant et blême,
Fut hier bien frotté, quoiqu'il n'en dise rien.

Voilà ce qu'a produit son style peu chrétien:

Disant du mal d'autrui, l'on s'en fait à soi-même.

Tous les sonnets de Saint-Pavin, du reste, sont autant d'épigrammes; témoin cet autre, composé en l'honneur de la Pucelle de Chapelain :

Je vous dirai sincèrement
Mon sentiment sur la Pucelle.
L'art et la grâce naturelle
S'y rencontrent également.

Elle s'explique fortement,
Ne dit jamais de bagatelle,
Et toute sa conduite est telle

Qu'il faut la louer hautement.

Elle est pompeuse, elle est parée,
Sa beauté sera de durée,

Son éclat peut nous éblouir;

Mais enfin, quoiqu'elle soit telle,
Rarement on ira chez elle

Quand on voudra se réjouir.

La duchesse de Longueville n'exprimait pas un autre sentiment quand elle disait, à propos de ce poëme chéri de l'hôtel Rambouillet: « Cela est parfaitement beau, mais cela est parfaitement ennuyeux. >>

XII

Quoique j'aie grande hâte d'en arriver à la tant célèbre querelle des Uranins et des Jobelins, je ne puis m'empêcher de faire encore un peu l'Étude buissonnière et de m'arrêter quelques instants aux sonnets dits les Sonnets de la Belle Matineuse.

Cette comparaison de l'Aurore ou du Soleil avec une jeune et jolie fille sortant languissamment de son lit, traînant après elle, comme autant de nuages diaphanes, les mousselines roses qui accusent davantage la blancheur marmoréenne de ses belles épaules, de sa belle croupe, de toutes ses belles rondeurs que l'œil baise avant la bouche, - cette comparaison doit venir à l'esprit de quiconque a un peu d'imagination à son service. Et les poëtes de tous les temps ont eu de l'imagination!

Le premier donc qui, dit Gilles Ménage, eut << cette pensée de la comparaison de l'Aurore ou du Soleil avec une belle personne » de n'importe quel sexe - «< que l'on rencontre à la pointe du jour, est un certain Quintus Catulus. Aussi l'a-t-il très-noblement exprimée dans ces vers qu'il fit pour le comédien Roscius :

Constiteram exorientem Auroram forte salutans,
Cum subito a læva Roscius exoritur.

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