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DISSERTATION

CRITIQUE

SUR L'ILIADE

D'HOMERE.

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CHAPITRE PREMIGR.

Diftinction de la matiere générale, & de la matière propre de l'Iliade.

PO

OUR juger fainement du fujet de l'Iliade, il faut diftinguer la matiere générale de ce Poëme, de fa matiere propre, la Guerre de Troie en eft la matiére générale, & la colere d'Achille en eft la matiere propre.

La matiere générale du Poëme ne pouvoit être choifie plus heureusement, eu égard à l'impreffion que l'Histoire de la Guerre de Troie faifoit alors dans

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tous les Efprits. Homere a intereffe par là dans fon Poëme toutes les Villes de la Grece, qu'il fupofe avoir envoyé leurs Princes & leurs troupes à cette expedition. Virgile s'eft donné le même avantage en offrant aux Romains dans l'Eneide la fondation de leur Empire. Le Taffe a auffi choifi excellemment fon fujet, par raport à l'envie de plaire à tout fon fiecle, & à toutes les Nations de l'Occident : la memoire des Croifades, & des voyages en Terre fainte étoit encore trés-vive de fon tems, & les conquêtes récentes de Selim avoient renouvellé dans l'ame de tous les Chrétiens un zele mêlé de terreur contre les Nations infideles. Plufieurs grandes maifons de la Chrétienté raportoient aux Croifades l'origine, ou l'illuftration de leur nobleffe, comme la plupart des Princes Grecs fe faifoient defcendre de quelque Heros du Siege de Troie : En un mot, la prife de Jérufalem étoit pour l'Occident, ce que la prife de Troie avoit été pour la Grece: ainfi le fujet d'Homere, & le fujet du Taffe ont cela de commun qu'ils ont intereffé dans un même ouvrage des Nations féparées les unes des autres. Ce choix eft plus heureux, non-feulement que celui

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des Poëtes qui vont chercher des fujets détachez de tout, & aufquels on ne prend point de part; tel qu'eft l'Adonis du Cavalier Marin, mais encore des Poëtes qui ne veulent flater que leur Nation, comme l'Auteur de la Pucelle: il eft vrai que Virgile n'a eu dans fon Poëme que fa Nation en vûë i mais cette vûë s'étendoit fort loin , parce que l'Empire Romain ayant embraffé toute la terre, étoit devenu en quelque forte la patrie de tous les hommes.

A l'égard de la matiere propre de l'Eliade, je me conforme encore en un fens à la décifion d'Ariftote qui loue Homere, a de ce qu'ayant devant lui une Guerre qui avoit un commencement & une fin, il n'a pas entrepris de la traiter. toute entiere, jugeant qu'elle étoit trop grande, & qu'elle ne pouvoit être vûë d'un même coup d'œil'; mais il n'en a pris, ajoûte-t'il, qu'une feule partie. C'eft par là fans doute qu'Homere a donné la premiere idée d'un Poëme regulier trésdifferent d'une hiftoire exacte & complete: mais accordant à fes admirateurs qu'il n'a pas dû prendre pour le fujet de fon Poëme toute la guerre de Troie, je ne conviens pas que le point qu'il en a Poëtique 24

a pris foit bien choisi, & la matiere propre de l'Iliade, ou la colere d'Achille me paroît un fujet petit felon les deux fignifications qu'on peut donner à ce terme ; c'eft-à-dire que ce fujet n'eft ni affez important, ni affez étendu. Nous l'allons voir dans les deux Chapitres fuivans.

CHAPITRE II.

Que le sujet propre de l'Iliade eft per

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important.

Nfujet n'eft grand dans le premier fens du mot de grand que lorsqu'il frape par fon importance, & par fa

nobleffe, ceux mêmes à qui on ne fait que le propofer: l'incident de la colere d'Achille, qui dans fon commencement: n'eft qu'une retraite oifive, & qui dans fa fin ne termine point la guerre, në fçauroit avoir cette importance & cette nobleffe qui fe trouvoit dans l'évenement mémorable de la prife de Troie qu'Homere avoit fous fa main, & auquel il devoit s'attacher: & il eft fi na turel de dire qu'il devoit le faire, que plufieurs ont crû qu'il l'avoit fait. Lui-t même apellant fon Poëme, Iliade, a donné lieu de croire qu'il y traitoit la

guerre ou la prife d'Ilion, ou bien ce nom a été impofé à fon ouvrage par des gens qui ont eu cette penfée aprés l'avoir lû. Horace felon la remarque de a Paul Beni, n'ayant point regardé l'Iliade du même côté qu'Aristote, à apellé Homere l'Ecrivain de la guerre de Troie, Troiani belli fcriptorem, & il loüe le Poëte Grec, non de ce qu'il n'a pris de cette guerre que l'incident de la colere d'Achille, mais de ce qu'il n'eft point remonté à la naiffance d'Helere.

Nee gemino bellum Trojanum orditur.

ab ovo.

Je fçai que felon une explication que l'on donne à ce dernier vers, Horace parle d'un autre Poëte qui avoit commencé à ce point là une Iliade que nous n'avons plus; mais d'un autre côté il n'eft pas certain qu'Ariftote ait entendu la colere d'Achille par cette feule partie qu'il loüe Homere d'avoir prife dans la guerre de Troie : & ce Philofophe en s'exprimant ainfi en termes vagues pouvoit fort bien avoir dans l'efprit la dixiéme & derniere année du Siege à laquelle il eft clair qu'Ho

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a En fes difcours fur la comparaison d'Homere, de Virgile & du Taffe.

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