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ou préfent, il pouvoit par la connoiffance du gain des uns, juger de celui qu'avoient fait tous les autres. Lorfqu'on lui marquoit par exemple ce que les Fondeurs avoient gagné pendant quinze jours, il ne manquoit pas de fçavoir précisément ce qu'avoient gagné les Forgerons, les Charbonniers, les Bucherons; il connoifloit la quantité du fer qui fe fabriquoit & par conféquent le profit, toutes dépenfes faites, qu'il en pouvoit retirer. Des ouvriers à qui l'ordre déplaifoit, firent les mutins & une partie ayant quitté le travail, Fabert en fit venir d'autres; mais bientôt ils fe représenterent & furent reçus, à la referve des plus coupables dont il ne voulut point entendre parler. Ces forges alors les plus belles de l'Europe, auxquelles un cheval & un tombereau fuffifoient pour fournir de mine à deux gros fourneaux dans lequels on la jette comme elle vient de la montagne fans être lavée, lui produifoit un million & demi de fer qui fe vendoit 40 écus le millier.

MINES DU COMTÉ DE BOURGOGNE
ET DE L'ALSACE.

Lettre à Monfieur de Peiresc fur les curiofités de la
Franche-Comté par Fr. JEAN VIC de Besançon,
demeurant à Dôle.

1636.

E penfois bien plutôt faire réponse à la votre dattée du 9 d'Octobre, fi j'euffe pû fatitaire à vos volontés comme d'abord je n'y trouvois pas beaucoup de difficulté à caufe des différentes curiofités qui fe rencontrent en ce pays tant pour le fel que pour les

grottes

grottes qui diftillent de l'eau, laquelle fe forme en
diverses fortes de pierres lefquelles ne font faites que
pour admirer tant la Nature fe montre étrange & fe
plait à les former. Monfieur Alvifez Curé de Saint-
Pierre à Befançon, en a fait une petite grotte chez
lui laquelle l'on va voir par admiration. Nous avons
encore une autre grotte laquelle eft affez profonde
dans terre, dont on y voit le jour fort bien par l'en-
trée, laquelle diftille de l'eau; en effet tant plus qu'il
fait chaud & à mefure qu'elie tombe elle fe gelle &
fait de gros quartiers de glace, fi bien que le long
de l'été l'on s'en fert aux principales maifons de ce
pays pour raffraichir le vin, & la va-t-on quérir de
nuit fur des chariots, par quartiers. Cette grotte
eft à Beaume diftante de Befançon de cinq heues
& ce qui eft plus à admirer, c'eft qu'autour de la-
dite grotte, il y a des limaces avec la coque toute
velue par deffus, ne s'y en rencontrant point autre
part de la forte; mais quant à la pierre triangulaire
que je vous envoye, je vous dirai qu'elle vient d'une
mine qui eft en ce pays ici, fur les frontieres d'Al-
face où l'on y tire de la rofette en grande quantité.
J'en ai mis encore une petite dans la boète, laquelle
vient de même lieu, vous la verrez aufli chargée dudit
métal, étant bien marri que je ne puis vous en en-
voyer davantage à caufe que difficilement peut-on
aborder le lieu de ces mines préfentement, à caufe
que les armées de l'Empereur conduites par le Géné-
ral Gallas (1) font au voifinage, lefquelles font fem-
blant de vouloir affiéger une Ville appellee Mont-
belliard, laquelle appartient à un Prince Huguenot
d'Allemagne qui releve en fief de notre Souverain

(1) V. les Mémoires du Cardinal de la Valette, in-12. Paris 1771, 2 vol. cez Pierres. M. Peiresc a fouligné cette lettre.

Seconde part,

R

Vic.

Vic.

& n'y a point d'affurance que les foldats fortent de
ce voifinage de tout cet hiver, car leur quartier en
commence depuis Belfort tout voifin dudit Mont-
belliard & contient tout le Palatinat jufqu'à Treves.
C'est pourquoi tous ces empêchemens ne me don-
neront la commodité de vous envoyer pour cette
fois ici tout ce que je m'étois propofé, ce sera donc
à une autre fois que nos lifieres feront plus libres.
Mais pour retourner au lieu d'où eft forti la pierre
que je vous ai envoyée, je vous dirai qu'il n'y a rien
en cet endroit là que des montagnes, lefquelles four-
niffent il y a plus de 50 ans de ladite rofette; pour
le refte elles font ftériles & à une demi journée en
dedans notre pays il y a d'autres mines dans lcf-
quelles j'ai vû tirer en paffant par là, de la mine
d'argent entremêlée avec de l'étain ou du plomb
mais l'argent qui en fort eft feulement pour fournir
aux frais que l'on fait à tirer l'un & l'autre métail
n'y ayant aucune fource que d'eau commune ex-
cepté à Luxeul, à une bonne journée d'ici qu'il y
a des bains chauds fuphurés où l'on fe va baigner
pour plufieurs fortes de maladies. Quant à ce que
vous defirés fçavoir de notre fel & comme il fe
forme, je vous dirai que c'eft deux fontaines fallées
qui font dans terre dans la Ville de Salins, dont
l'une eft plus falée que l'autre & fi néanmoins font
affez voifines, à fçavoir de 7 ou 8 pieds; l'on ne
pourroit pas bien cuire le fel s'il n'y en avoit des
deux mêlées enfembles. Je vous envoie de celui qui
fort de la chaudiere, que vous trouverez dans une
demie feuille de papier & de celui qui eft en forme
de recuit fur les charbons, lefdites fontaines font
fi abondantes qu'elles fuffiroient pour fournir la moitié
de la France, car outre que l'on en fournit tout ce
pays & toute la Suiffe & beaucoup d'autres lieux
il y en a de fi grands magafins, que je ne vous les

fçaurois exprimer, auffi eft-il à très-bon marché, car les 24 petits pains que je vous envoye ne coûteront pas un demi-fol; lefdites fontaines font entre deux montagnes où eft fituée la Ville de Salins, il ne délaifle d'avoir tout au proche des fontaines d'eau douce, fraiche & très-bonne, les amodiateurs en donnent, nonobftant le bon marché du fel, huit cent mille francs, & font obligés à fournir toutes chofes furtout le bois qui eft le plus neceffaire à cause qu'il y a cinq chaudicres toutes rondes, larges de 30 pieds & hautes de 3 qui cuisent inceffamment & faut bien 8 heures pour faire une cuite: voilà une partie, du moins le principal qu'il nous fçauroit dire de notre fel. Je vous envoye auffi des pierres faites en forme d'étoilles, lefquelles fe trouvent en une petite montagne audeffus de laquelle il y a un Château & autour des vignes dans lesquelles l'on trouve ces étoilles, étant très-véritables que toutes les pierres qui y font font toutes de la forte, & vous remarquerez s'il vous plait qu'il y en a quelques unes qui ne font pas ouvragées comme les autres, eftimant que c'eft feulement à mefure qu'elles fe viennent à fendre, que le tems & la faifon les rend dans cette perfection, vous le reconnoitrez mieux que non pas moi, car je vous en envoye de toutes les fortes. Quant à cette autre pierre laquelle eft en forme de pommeau d'épée, elle a été trouvée auffi au voifinage non pas dans la même monticule laquelle a été appellée l'étoille à cause desdites pierres. J'ai encore rencontré proche Dole d'une forte de terre que je vous envoye laquelle étant calcinée fur la pale du feu ou poche de fer fe met toute en pouffiere & lui faut laiffer en la remuant jufqu'à ce qu'elle s'y réduife & après la laver dans un mortier, en la pillant elle fe réduira en pouffiere luifante comme de l'or en la maniere de celle que je vous envoye, je ne vous en envoye guere

Vic.

Vic.

parce que vous connoitrez bien ce que c'en eft; mais
fi vous en defirez davantage, je vous envoyerai
tant qu'il vous plaira, car les champs en font tout
pleins en cet endroit là, l'on n'en tient point de
compte par deçà, l'on s'en fert feulement pour des
lettres après qu'elle eft calcinée encore eft-ce les
Capucins qui ont trouvé cette invention il n'y a pas
deux ans ; vous y trouverez des merveilles après
qu'elle eft calcinée car il y a plus de pouffiere d'or
que de terre ou fable, vous le verrez en l'expéri-
mentant nos Peres croyent qu'il y ait quelque
mine à ces endroits-là, toutefois nous l'avons mis
dans un creufet & lui avons donné le feu tout ce
qui fe
peut, néanmoins rien ne s'eft fondu; affez
proche de là, il y a de ladite terre, laquelle étant
auffi calcinée fe réduit en pouffière luifante comme
argent à la façon de l'autre d'or. Je crois que fi l'on
vouloit être bien curieux de rechercher en ce petit
pays les raretés & curiofités qui s'y pourroient ren-
contrer, que l'on y trouveroit des merveilles.

DES MINES DU COMTÉ DE BOURGOGNE. Par F. J. Dunod, Profeffeur Royal en l'Univerfité de Befançon.

1737.

L'ON a trouvé des paillettes d'or dans les fables Dunod. du Doux depuis Orchamp qui eft à deux lieues audeffus de Dole, jufques à quatre ou cinq lieues plus bas. L'on en néglige aujourd'hui la recherche; mais les anciens terriers des Seigneurs de cette contrée, prouvent qu'ils laiffoient à ferme la pêche de l'or, & qu'ils en tiroient des fommes affez confidérables.

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