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Statues animées qui firent tout le fervice avec un fi grand ordre, que les Domestiques les plus exacts n'auroient pû mieux s'en acquitter; il y paffa la nuit dans un appartement délicieux, & le lendemain la Fée l'étant venu trouver: Abderaïm, lui dit-elle, pour te récompenfer 'de la maniere dont tu en as ufé hier avec moi, je vais te faire un don, mais tu n'en jouiras que pendant une année, à commencer de ce jour; c'eft de pouvoir prendre, quand il te plaira, la figure des trois premiers animaux que tu rencontreras en fortant de ce Palais, & fous la forme defquels, ainfi que deffous la tienne, tu feras invulne-. rable. Pendant tout ce tems, tu ne manqueras de rien, & en prononçant feulement mon nom, tu me trouveras toujours prête à te rendre fervice dans ce qui

fera raifonnable. Il n'y a dans l'univers qu'une feule Dive, contre laquelle mon pouvoir foit inutile; c'eft Scheïtan-Couli ( a ); cette Gine, qui ne s'attache qu'à faire du mal, ne fçaura pas plutôt que je te protege, qu'elle cherchera toutes les occafions de te nuire; elle ne pourra rien fur toi pendant cette année pourvû que tous les matins en 'éveillant tu prononces ces faintes paroles, qui écartent de nous les démons, & les font frémir jufqu'au fond des enfers, en (b) la Illallave Mouhemed - Ul refoul oullah.

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Il me reste à préfent à te demander, fi tu n'as rien reffenti pour quelqu'une de ces trois belles filles que tu as vûes hier

(a) Efclave du Diab'e.

(b) Il n'y a qu'un feul Dieu, & Mahomet fon Prophete.

dans ce Palais; mon pere fe trouva fort embarraffé à cette question; cependant la Fée lui ayant témoigné qu'elle fouhaitoit qu'il lui parlât franchement : Puiffante Mergian - Banou, lui dit-il, on ne difpofe pas de fon cœur comme l'on veut ; ces charmantes perfonnes font parfaites dans leur efpece; mais puifque vous m'ordonnez de vous expliquer naturellement mes fentimens, je vous avouerai qu'elles n'ont fait aucune impreffion fur moi. J'en fuis fâchée, reprit la Fée; fi tu avois fait choix d'une d'elles, tu en aurois été plus heureux & plus. tranquille, mais je ne prétends point te gêner; choifis en quel endroit du monde tu fouhaites que je te tranfporte. Illuftre Mergian-Banou, repliqua mon pere, puifqu'avec votre protection, & les dons que vous m'a

vez fait, il n'eft prefque point de fortune à laquelle je ne puiffe afpirer, obligez-moi de me faire conduire dans les Etats du Sultan de Carizme; (a) j'entends, dit alors la Fée, tu as oui-dire que la Princesse Zarat - Alriadh (b) fa fille, eft un miracle de beauté; eh bien, je vais t'y conduire, mais prends bien gardeaux trois premiers animaux que tu rencontreras & profite pendant l'année que tu as devant toi, des dons que je t'ai fait & de ma protection; paffé ce tems,

(a) Quoiqu'il foit parlé dans les Contes Arabes & Perfans du Royaume de Carizme,. je ne le trouve dans aucun Geographe, ni fur: aucune Carte; voici feulement ce que Noblot Tome 5. fol. 15. dit en parlant de l'Usbec. Les Tartares de ce pays font beaucoup plus civilifes que les autres; ils ont divers Princes, dont les Terres font feparées, mais qui dépendent pref que tous des Sultans de Bechara, de Balch, & de Carechm Princes du pays.

(b) Zarat-Ariadh, fignifie fleur des Jar dins.

n'efpere de moi aucun fecours, tel eft l'arrêt des deftinées. Alors la Fée embraffant mon pere, elle traverfa la terre avec une extrême viteffe, en fortit avec lui dans un bois qui étoit environ à trois lieues de la Ville de Carizme, & difparut auffitôt.

L'endroit par où la terre s'étoit entr'ouverte, étoit juftement fous le repaire d'un Lion terrible; effrayé par le bruit qui fe fit en ce moment au-deffous de lui, il fe mit en fuite. Bon, s'écria mon pere, je prendrai donc cette forme quand je le voudrai. Alors fortant du bois, & continuant fon chemin vers la Ville de Carizme, il apperçut un gros rat au bord de fon trou, & quélques momens après, une petite mouche dorée vint fe placer fur fa main; voici fans doute dit-il, les deux autres animaux

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