RÉPONSE DIRI S.

ROYEZ-moi, Monfieur le Rêveur,
Votre rêve n'eft qu'un menfonge;
L'or du Perou ne peut rien fur mon cœur
Et je ne çus jamais faire un heureux en fonge.

MADRIGAL.

'ENFANT de la belle Cipris

Aveugle ainfi que téméraire,

Dans fes propres filets, un jour le trouvant pris;
Appellcit la raifon pour le tirer d'affaire:
Elle vient, & d'un air féyère,

Lui dit, me voilà prête à te rendre le jour;
Arrête, dit ce Dieu, s'il faut que l'on m'éclaire

Je cefferai d'être l'amour.

VERS

SUR L'ESPRIT DES LOIX

Ous connoiffez l'Esprit des Loix,

Que pensez-vous de cet Ouvrage ? Ce n'est qu'un pénible assemblage

De Républiques & de Rois:

On voit les mœurs de tous les âges,
Et des Peuples de tous les lieux;
Les civilifés, les fauvages,
Leurs Légiflateurs & leurs Dieux,
Sur tous ces objets d'importance,
L'Auteur nous laisse appercevoir
Non une fimple tolerance;
Mais une froide indifférence.
Tout lui paroît fruit du terroir,
Le fol eft la cause premiére
De nos vices de nos vertus:

Neron fous un autre hémisphère

Auroit peut-être été Titus.

L'efprit n'eft qu'un fecond mobile,

Ainfi, fans un grand appareil,

On peut dans le fiécle où nous fommes,

Par les feuls dégrés du Soleil
Calculer la valeur des hommes.

Sur ce point feul, Légiflateurs,
établiffez bien vos maximes;
Dirigez les loix & les mœurs,
Diftinguez les vertus des crimes
Sur l'air réglez vos fentimens,
Un Pays devient defpotique,
Républicain ou monarchique
Par la force des élémens.
- La liberté n'eft qu'un vain tître
Le culte un pur confentement,

Et le climat feul est l'arbître

Des Dieux & du gouvernement,

i

Ce n'eft pas un efprit critique

Qui me fert ici d'Apollon;

Voilà toute la politique

De notre moderne Solon.

P

LAMOUR PUR.

ROJET flatteur de féduire une Belle, Soins concertés de lui faire la cour, Tendres écrits, fermens d'être fidéles, Airs empreffés, vous n'êtes point l'amour : Mais fe donner fans efpoir de retour, Par fon défordre annoncer que l'on aime; Refpect timide avec ardeur extrême, Perfévérance au comble du malheur,' Dans fa Philis, n'aimer que Philis même ; Voilà l'amour : mais il n'eft qu'en mon cœur.

MADRIGAL.

SUR LA

LA RAISON.

ETTE fiere raifon dont on fait tant de bruit,

Contre les paffions n'eft pas un sûr reméde

Un peu de vin la trouble, un enfant la féduit; Et déchirer un cœur qui l'appelle à fon aide, Eft tout l'effet qu'elle produit,

E

ÉPIGRAMME.

N pleurant l'Epoux qu'elle perd,

Iris vous fait pitié; quelle erreur eft la vôtre !

C'est comme un bâton de bois verd

Qui brûle par un bout, quand il pleure par l'autre,