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Un Robin fur des operas;

Ce que je décidai, fut le nec plus ultrà :
On applaudit à tout, j'avois tant de génie;
Ah! mon habit, que je vous remercie
C'est vous qui me valez cela.

De complimens bons pour une Maîtresse,

Un petit Maître m'accabla;

Et pour m'exprimer fa tendreffe,

Dans fes propos guindés, me dit tout angola.
Ce Poupart à fimple tonfure,

Qui ne fonge qu'à vivre, & ne vit que pour foi;
Oublia quelque temps fon rabat, fa figure,

Pour ne s'occuper que de moi.

Ce Marquis, autrefois mon ami de College
Me reconnut enfin ; & du premier coup d'œil,
Il m'accorda par privilege,

Un tendre embrassement qu'approuvoit fon orgueil :
Ce qu'une liaison dès l'enfance établie,

Ma probité, des mœurs que rien ne dérégla,
N'euffent obtenu de ma vie,

Votre afpect feul me l'attira;

Ah! mon habit, que je vous remercie!

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C'est vous qui me valez cela.

Mais ma furprise fut extrême,

Je m'appercus que fur moi-même
Le charme fans doute opéroit;
J'entrois jadis d'un air discret,

Ensuite suspendu sur le bord de ma chaife;
J'écoutois en filence, & ne me permettois

Le moindre fi, le moindre mais:

Avec moi tout le monde étoit fort à son aife,
Et moi je ne l'étois jamais.

Un rien auroit pu me confondre,
Un régard, tout m'étoit fatal;
Je ne parlois que pour répondre,
Je parlois bas, je parlois mal.

Un fot Provincial arrivé par le Coche

Eût été moins que moi tourmenté dans fa peau;
Je me mouchois presqu'au bord de ma poche,
J'éternuois dans mon chapeau :

On pouvoit me priver, fans aucune indécence,
De ce falut que l'ufage introduit;

Il n'en coutoit de révérence

Qu'à quelqu'un trompé par le bruit.

Mais à préfent, mon cher habit,

Tout eft de mon reffort, les airs, la fuffifance, Et ces tons decidés qu'on prend pour de l'aifance, Deviennent mes tons favoris.

Eft-ce ma faute à moi, puifqu'ils font applaudis? Dieu ! quel bonheur pour moi, pour cette étoffe De ne point habiter ce Pays limitrophe

Des conquêtes de notre Roi!

Dans la Hollande il eft une autre Loi,
Envain j'étalerois ce galon qu'on renomme;
Envain j'exalterois fa valeur, fon débit;
Ici, l'habit fait valoir l'homme;

Là, l'homme fait valoir l'habit.

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Mais chez nous peuple aimable, où les graces, l'efprit Brillent à préfent dans leur force;

L'arbre n'eft point jugé fur fes fleurs ou fon fruit, On le juge fur fon écorce.

LES DÉGRÉS DE L'AMOUR,

Q

Ue l'homme eft foible & ridicule

Quand l'amour vient s'en emparer ↓

D'abord il craint, il diffimule,

On l'entend toujours foupirer.
On le fuit; fa poursuite eft vaine;
N'importe, il veut perféverer.

Que de foins, d'ennuis & de peines
Pour fon bonheur accelerer!

On l'aime, tant pis; double chaine,
Mille embarras dans ce bonheur ;
L'efprit fans ceffe eft en haleine,
Parens, efpions, tout fait peur.
Eft-ce tout? non, refte l'honneur;
Il s'éffarouche avec méthode,

On croit le vaincre, il eft vainqueur ;
On fe brouille, on fe raccommode.
Vient un Rival, autre incommode;

Loin des yeux le repos s'enfuit;

Jaloux, on veille, on tourne, on rode;

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Ge n'eft qu'allarme jour & nuit.
Après bien des maux & du bruit,
Enfin on poffede la Belle:

Le feu s'éteint, le dégout fuit;

Le jeu valoit-il la chandelle ?

IMPROMPTU

DE M. DE FONTENELLE, Sur les Phénomenes de la Nature.

E

Pier la nature & tous fes accidens,

C'eft mettre, en plein brouillard, la tête à la fenêtre ;

Rien ne fauroit trahir le fecret de fon être ;

Elle n'a point de confident.

LE POIRIER SAINT.

Left des naturels retifs,

I

Qui ne font bons à rien, à quoiqu'on les expose;

Et qu'il vaut mieux laiffer oififs

Que de les mettre à quelque chofe.

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