Allez, & revenez un jour,

Auffi fidele ami, qu'il fut amant volage.

Qui fe levoit dès le point du jour pour aller à la chaffe.

P

Ourquoi vous fauvez-vous des bras

D'un jeune Epoux qui vous adore,

Lorfque la diligente Aurore

Eft encore au fond de fes draps.
Paffe qu'elle foit matinale,

Et qu'elle quitte un vieux Epoux
Pour le trouver au rendez-vous

Où l'attend le jeune Cephale:

Mais vous, qui n'avez point d'Amans
Qui vous ait rendu le cœur tendre;
Mais vous, qui voulez seulement
Donner de l'amour, fans en prendre ;
Où courez-vous donc, fi matin ?
Vous favez qu'à certaine Abbeffe
Coulange dit que la pareffe
Repofe & rafraîchit le tein;

Mais que vois-je ! une Carabine,
Et d'un Chaffeur tout le harnois !
L'Amour n'a pas fi bonne mine,
Avec fon arc & fon carquois.

Vous avez l'air d'une Déeffe,
Endymion s'y méprendroit ;
Il vous prendroit pour fa Maîtreffe,
Si ce Berger vous rencontroit;
Mais quelle eft votre erreur extrême
De courir par monts & par veaux ?
Quitte-t-on un Epoux qu'on aime
Pour tirer fa poudre aux moineaux ?
Laiffez, Iris, laiffez ces armes

Qui ne font point faites pour vous;
C'eft de vos yeux tous pleins de charmes,
Que doivent partir tous vos coups.

MADRIGAL.

MADRIGAL

A MONSIEUR DE B..

En lui envoyant pour étrennes un petit chien d'émail

enchainé.

Tez, ôtez, difoit ce chien,

Une chaîne qui m'embarrasse

Je vous aime, c'est un lien

Plus sûr & qui jamais ne casse;
Les autres ne fervent de rien.

C'est ainsi qu'un tendre ami pense;
J'étois à vous déjà par l'amitié,

Vous m'attachez par la reconnoiffance ;
N'est-ce pas trop de la moitié ?

MADRIGAL

A MADAME DE R....
Le premier jour de l'an.

L

'Aimable Iris qui s'habilloit,

Iris de mille attraits pourvue ;

Vint l'autre jour m'ouvrir à demi nue,

D

En demandant qu'eft-ce qu'on lui vouloit ;
C'est moi qui vous venois apporter vos étrennes,
Lui dis-je, & vous offrir mes respects empreffés;
Mais dans l'état ou vous m'apparoiffés,

C'est vous qui me donnez les miennes.

Ο

MADRIGAL.

Uand un ami tendre & fincere

Prévient & comble vos fouhaits,

Il faut divulguer fes bienfaits,
C'est être ingrat que de fe taire.

En amour c'eft une autre affaire
Il faut favoir diffimuler;

Les faveurs veulent du myftere,
C'eft être ingrat que de parler.

Ο

MADRIGAL.

Tez l'intérêt de la terre,

Vous en exilerez la Guerre,

L'honneur rentrera dans fes droits;

Et plus juftes que nous ne fommes,

Nous verrons regner chez les hommes;
Les mœurs à la place des Loix.

VERS DE M. DE V. ...
AU ROI STANISLAS.

E Ciel comme Henri voulut vous éprouver

Li

La bonté, la valeur à tous deux fut commune j

Mais mon Héros fit changer la fortune

Que votre vertu fait braver:

JE

LETTRE

Sur une Retraite en Hollande

E vois regner fur ce rivage

L'innocence & la liberté ;

Que d'objets dans ce paysage;
Malgré leur contrarieté,

M'étonnent par leur affemblage:

Abondance & frugalité,

Autorité fans efclavage 3