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Richeffes fans libertinage,

Charges, Nobleffe fans fierté;

Mon choix eft fait, ce voifinage

Détermine ma volonté:

Bienfaifante divinité

Ajoutez-y votre fuffrage,
Difciple de l'adverfité,

Je viens faire dans ce Village,
Le volontaire apprentissage

D'une tardive obscurité.

Auffi bien de mon plus bel âge,

J'apperçois l'inftabilité;

J'ai déjà de compte arrêté,
Quarante fois vu le feuillage
Par les zéphirs reffuscité.

Du Printemps j'ai mal profité,
J'en ai regret, & de l'Eté

Je veux faite un meilleur usage. J'apporte dans mon Hermitage Un cœur dès-longtemps rebuté Du prompt & funefte esclavage Où met la folle vanité.

Payfan fans rufticité,

Hermite fans Patelinage,

Mon but eft la tranquilité;
Je veux pour unique partage,

La paix d'un cœur qui fe dégage
Des filets de la volupté.

L'incorruptible probité

De mes aïeux noble appanage,
A la Cour ne m'a point gâté:
L'infatigable activité

Refte d'un utile naufrage,
Mes études, mon jardinage;

Un repas fans art apprêté,
D'une Epoufe économe & fage

La belle humeur, le bon ménage,
Vont faire ma felicité.

C'est dans ce Port qu'en sûreté, Ma Barque ne craint point l'orage;

Qu'un autre à fon tour emporté
Au gré de fa cupidité,

Sur le fein de l'humide Plage,
Des vents aille affronter la rage;

Je ris de fa témérité,

Et lui fouhaite un bon voyage,

Je réserve ma fermeté

Pour un plus important paffage;

Et je m'approche, avec courage, Des portes de l'éternité.

Je fai que la mortalité

Du Genre-humain est le partage;
Pourquoi feul ferois-je excepté
La vie eft un pelerinage,

De fon cours la rapidité

Loin de m'allarmer, me foulage :
Sa fin, lorsque j'en envisage
L'infaillible néceffité,

Ne peut ébranler mon courage,
Brûler de l'or empaqueté,

Il n'en périt que l'embalage;
L'or refte; un fi leger dommage
Devroit-il être regrété?

EPITRE D'UN PRIEUR,

A MADEMOISELLE DE...
Bel objet désiré

Du plus amoureux des hommes!

O mon aimable Daphné!

Que n'êtes-vous où nous fommes ?

Jamais plus juste défir

N'anima mon cœur fincere;

Les Belles faites pour plaire,

Sont faites pour le plaifir.
C'est ici le pur azile

De ces plaifirs tant vantés,
La paix les a renfermés

Dans ce Prieuré tranquile;

Hier il en étoit plein,

J'en vois naître aujourd'hui mille;

Mille y renaîtront demain.

Je n'y reffens qu'un chagrin,
C'eft que le temps foit mobile;
Et que fon fable inhumain
Marque déjà le chemin

D4 D 4.

Qui nous conduit à la Ville.

Décrirai-je ces plaifirs

Que ramene chaque aurore,
Plus rians que les zephirs,

Quand ils vont careffer Flore>

Pourquoi les décrire hélas?
Un feul mot les rend croyables,
Et vante affez leurs appas;
Ils m'ont paru fupportables,

Ces lieux où vous n'étiés pas.
Je veux cependant les peindre,
Pour amuser mon loifir

Y puiffé-je réuffir,

De maniere à vous contraindre

A venir vous éclaircir

Par le propre témoignage

Des yeux qu'on y désira,

Des plaifirs en ce cas-là,
Parfait feroit l'assemblage ;
Les peigne, alors, qui pourra,
De quatre heureux personnages
Que nous nous trouvons içi

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