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Le flambeau de la vérité.

Il m'éclaire en ces lieux; du plus épais nuage
Il a fçu diffiper toute l'obscurité,

J'y reprens fur moi-même un entier avantage,

Je rentre en mon premier partage

Le repos & la liberté.

J'y trouve cette paix, ce calme inaltérable,

Ces doux raviffemens qui coulent dans nos cœurs,

Un bien pur & parfait, ce loifir défirable

À ceux qui fuivent les neuf fœcurs.

Sur cette rive folitaire,

Où le filence les conduit,

De leur commerce falutaire
Je peux recuillir l'heureux fruit;
Je puis dans fa course légére
Arrêter le temps qui nous fuit,
Et loin du tumulte & du bruit,

Dans l'indolence litteraire,

Voir couler mollement des jours
Dont gouverné par la folie,
Le monde qui lui facrifie,

Semble vouloir hâter le cours.

Malgré les charmes dont Meliffe

Sçait masquer ce monde à nos yeux,

En eft-il moins contagieux ?

Sous les fleurs eft le précipice,
L'ambition n'eft que fupplice,

Le luxe qu'un dehors trompeur,
L'amour un enfant du caprice
Et la beauté qu'un artifice

Moins le plaifir des yeux que le tourment du cœur.

C'est entre les bras d'Uranie,

Qu'aux attraits des neuf fœurs entierement livré; Contre les préjugés dont la terre eft remplie

Je trouve un azile assûré.

Et quel fujet plus propre aux douces rêveries
Qui charment le loifir des enfans d'Apollon,

Que ces lieux enchanteurs, ces bosquets, ces prai

ries;

Tout y peint le facré vallon.

Affis près de cette onde pure,

C'est au bruit, au tendre murmure

De ces légers ruiffeaux bordés de myrthes verds,
Que faifi d'une douce yvresse,

Ainfi qu'aux rives du Permesse,

Chapelle cadençoit des vers.

C'eft dans l'enfoncement de ce bocage fombre, Que du plus grand des Rois Voltaire évoquoit

l'ombre,

Qu'Apollon écoutoit fes chants harmonieux.
C'eft fur ces gazons, ces fougeres,

Que Fontenelle apprit la langue des Bergeres,
Et fur cette terraffe il mefuroit les Cieux.
C'est parmi les festins, les jeux de cette table,
Que buvant le Nectar des Dieux,

Brilloit la négligence aimable

Et des Courtins & des Chaulieux.

Sully jardin délicieux,

Vallons qui de Tempé rappellez la mémoire, Bords fortunés d'Amphise, arbres chéris des Cieux,

Divins rivages de la Loire,

Que votre fein renferme un trésor précieux!

Paris eft le féjour du faste & de la gloire,

Le bonheur habite en ces lieux.

LE PLAISIR ET LA SAGESSE.

E folâtre plaifir s'étoit mis en chemin

L'

Pour vifiter les lieux de fon Domaine,

Et de fon pied leger il arpente la plaine

Auffi vite qu'un trait échappé de la main.
Deffus fon dos une mallette

Voituroit divers inftrumens

Propres au divertiffement;

Une corde à danfer deffus l'efcarpolette,
Force raquettes & volans,

Cartes ; & dés fur tout, remedes excellens.

Contre le fommeil létargique;

Des Mafques, des Romans, des Livres de Mufique,
Que fais-je ? enfin tout l'attirail

Qui fert à détourner les hommes du travail.
Dans fon chemin il trouve la fageffe

Qui méditoit au coin d'un bois,

Quoi, Madame, c'est vous! C'est moi; quelle

allegreffe !

Qu'avec

!

Qu'avec douceur je vous revois↓

Depuis l'âge d'or, ce me femble,

On nous vit rarement ensemble:

Vous me fuyez, plaifir; vous me grondez toujours,
Sageffe, fans cela vous feriez mes amours.
Tient-il à moi, dit l'immortelle,

Qu'entre nous déformais

L'amitié ne fe renouvelle?

Allons, jurons nous donc une ardeur éternelle,
Et ne nous féparons jamais.

Tous deux ainfi d'intelligence,

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La nuit vint, il fallut chercher à fe loger :

Ils virent un Château d'affez belle apparence,

Ils réfolurent de concert,

D'aller chez le Seigneur demander le couvert;
Dans les routes de l'avenue,

La Dame du logis prenoir alors le frais,

Coquette s'il en fut jamais

Le folâtre plaifir lui donna dans la vue,

Bonne table, bon lit, tout lui fut préparé,

La fageffe fut mal reçue :

F

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