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Qui vous affure le fuffrage

Du goût & de la vérité;
Je tromperois l'oifiveté,
Et tracerois fans verbiage
Les fcenes de la volupté:
La peindre, c'est en faire usage;

La chanter, c'est être gouté.

Ce n'est pas que j'ambitionne

Le laurier dont on vous couronne,
Trop cher quand il eft mérité :
Et je préfere en vérité

Le naïf, le badin Voltaire
Dont la touche sûre & légere
Grouppe des riens ingénieux;
Des riens aifés, délicieux;
Dignes des fastes de Cithere;
A ce divin Rival d'Homere,
A ce Chantre du Grand Henri,
A cet illuftre favori

De Melpomene & de Thalie;
Au Peintre de tous les temps

En qui la nature affocie

Tous les gouts & tous les talens,

Croyez-moi les fuccès brillans

Honorent plus que les ftatues,
Des Villes prifes, défendues
Sont de communs évenemens ;
Un Héros mort, on le remplace
Mais rendre délicatement

Les nuances du fentiment;
Allier la force à la grace,
Le génie au raifonnement;
Et monter la lyre d'Horace
Au ton du cœur, du fentiment;
Attendrir fouvent, toujours plaire,
Le rolle ne va qu'à Voltaire;
Il est le Dieu de l'agrément.

Par vos beaux vers vous faites croire
Que fous les drapeaux de Cypris
Je remporte encor la victoire;
Du compliment je sens le prix:
Rien ne peut augmenter ma gloire
Que les Belles & vos écrits.

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Ur la fin d'un hyver plus doux qu'à l'ordinaire
Survint un rhume général;

L'enfant dans le berceau, la grande Sœur, la Mere,
Tout fut atteint du même mal,

Ni régime ni prévoyance

Ne purent empêcher que de l'astre pervers
On ne fentit au loin la maligne influence;
Il enrhuma toute la France,

Il enrhuma tout l'Univers.

Dans les Cités où l'on fe pique

De varier les doux amusemens,

Plus de concert, plus de mufique :

Pour y parler tendreffe ou politique Plus on ne s'affembloit; ou fi, de temps en temps, Des cercles s'y formoient encore,

C'étoit pitié de figurer:

Propos entrecoupés qui ne pouvoient eclorre; Bruit à vous rendre fourd; on n'y pouvoit durer. L'Amant touffoit au nez de fa Maîtreffe,

La femme au nez de fon mari;

Il n'étoit égard, ni de tendreffe

Qui contînt ce charivari.

Thémis fut fur le point d'abandonner fon temple,

Ses oracles prefque muets

Articuloient a peine fes décrets.

Chose inouie! à fon exemple,

La chicane fe tut; pour foutenir fes droits,
Tous fes fujets furent fans voix;
Heureux! fi d'une telle engeance

Le rhume pour jamais eut délivré la france.
Enfin chaqu'un tapi chez soi,

Quoiqu'il pût arriver, s'y tenoit clos & coi.

Nul n'en mourut; hors ceux qui pleins d'impatience, A nos Purgons pour s'être confiés,

Par de lourds quiproquo furent expédiés.

Pardonnez, Enfans d'Efculappe,

Si malgré moi, la vérité m'échappe.
Ce ne fut tout; la Faculté,

Au même instant, s'avifa de répandre

Que du rhume public qui n'avoit point tâté,

N'auroit rien perdu pour attendre:

Sur la fin du prochain Eté,

Brufqu'accident devoit le prendre,
Dont il feroit sûrement emporté;

Le Ciel l'avoit ainfi dicté.

Tel pronostic parut fi ridicule,

Qu'aucun ne crut à ces difcours ;

Une femme, ce fexe eft par fois trop crédule,
Le tint pour véridique, & trembla pour Les jours,
Quoi! je mourrois, dit-elle, & cela par ma faute
Non ma foi; non, je ne fuis pas fi fotte,
Ça, vîte enrhumons-nous; dire comme elle fit,
N'eft pas, je crois, un point fort néceffaire :
Quoiqu'il en foit, le rhume l'a faifit;

Puis la fievre: on prélude, on décoche un clistere
On faigne au bras, au pied; l'on purge avec fureur :
Bref, tant fut opéré sur elle,

Qu'au bout de trois jours, la femelle
A fes aïeux fut compter fon malheur,
Aux décrets que le Ciel difpenfe,
Foibles mortels foumettons-nous ;
Tel pense détourner fes coups,

Qui le plus fouvent les avance,

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