Chez PISSOT Libraire, Quai 'des Augu
ftins, à la Croix d'Or, à la defcente

du Pont Neuf.

CHANT PREMIER.

E chante le Guerrier qui des bords

de la Seine

Par de nobles travaux chaffa l'Ai

gle Romaine:

Du Ciel qui le guidoit, il embrassa
les Loix:

De lui viennent nos Lis, & le Sang de nos Rois.
En vain pour s'opposer à fon ardent courage,
Le Romain combattit, l'Enfer vomit fa rage,
Il brava de l'Enfer l'implacable courroux,
Et fon bras au Romain porta les derniers coups,
Mufe,qui ceins ton front d'une immortelle gloire,
Qui plaçant les grands noms au Temple de Memoire,
Des outrages du Tems affranchis les Guerriers,
Couronne mon Heros de tes plus beaux lauriers.

A

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3. .

Redis moi quel motif dans fa haute entreprise
Contre le Romain * même intereffa l'Eglife,
Et comment ce Vainqueur dès fes plus jeunes ans
De l'Empire François jetta les fondemens.
Ofe repandre encor sur ces veritez faintes
Les voiles enchanteurs de tes images feintes :
La noble Fiction en flattant les Efprits,
Charme & conduit au vrai par des chemins fleuris,
Pare la Verité des attraits de la Fable,

Et l'offre à nos regards plus belle & plus aimable.
Grand Roi, de tes Sujets l'efperance & l'amour
Dont l'Aurore à nos yeux promet le plus beau jour,
La raifon qui t'éclaire a devancé ton âge,
Ses traits des paffions écartant le nuage,
Font renaître l'éclat des royales vertus
Que la Terre craignoit de ne retrouver plus.
Par quelles mains le Ciel cultiva ta jeunesse!
La Bonté, la Valeur, l'Equité, la Sagesse,
T'apprirent en formant ton Efprit & tes moeurs,
Le fecret peu connu de regner dans les coeurs.

* Les Romains étoient Chrétiens & maîtres de la partie des Gaules qui a d'abord été appellée France.

Sur de fi dignes foins prefida la Prudence

Qui regle par * Bourbon le Destin de la France,
Ami de la Justice & de la Verité,

Son Coeur dans les travaux montre fa fermeté :
C'est par lui que la Paix dans l'Europe refpire,
Et que l'ordre remis regne dans ton Empire.
Grand Roi, que doit bientôt admirer l'Univers,
D'un favorable accueil daigne honorer mes Vers:
Pour m'enhardir à fuivre un projet temeraire,

Tu verras ce qu'a pû le defir de te plaire,
Ce qu'a pû la Patrie, & tout ce qu'a tenté

Par un fi noble amour mon Genie excité:

J'aspire à la couvrir d'une gloire immortelle :
Qui peut la celebrer s'éternife avec elle.

Cette Augufte Cité dont la fuperbe voix
Du haut du Capitole interrogeoit les Rois,
Dont le bras toujours prêt à s'armer de la foudre,
Ne fe faifoit qu'un jeu des trônes mis en poudre,
Et qui fous fon pouvoir rangeant les Nations,"
En adoptoit le luxe & les Religions,

La Mere des Cefars, la Maitreffe du monde,

* Monfeigneur le Duc de Bourbon: