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Du noir poifon de tes entrailles,
Quels feux féconds en fun erailles,
S'allument déja dans les airs?

Que vois - je? hélas ! quels incendies
Si promts à terminer nos vies,

Vont changer nos Murs en Deferts.

De leurs embrafemens horribles, Quel Art arrêtera le cours ;

proyes

Et contre leurs dards invifibles,
Qui pourra défendre fes jours ?
Fuyez, plaisirs, jeux, foles joyes:
Nous ne ferons plus que les
De leurs implacables fureurs.
Que dis-je ? l'Europe allarmée,
Au feul bruit de la Renommée,
Frémit déja de nos malheurs.

Quels objets à mes yeux expofe
Ce féjour d'horreur & de deüil,
Où chaque toit qui le compofe,
Ne m'offre qu'un vafte cercuëil?

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Où les Victimes entaffées,
Ici mourances, là glacées ;

Par tout s'opposent à mes pas ;
Où ce qui refte, & qui soûpire;
A tous les inftans qu'il respire,
Penfe refpirer le trépas.

Eft-ce la Difcorde barbare; Qui rend tous les cœurs ennemis La Sœur du Frére fe fépare, Le Pére fuit l'aspect du Fils. Amis, Parens, Epoux fidéles, Sont ce des haines mutuelles Qui rompent vos plus facrez nœuds ? La haine n'eft point fi puissante : Non, d'une frayeur plus preffante Naiffent vos divorces affreux.

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Dans ce trouble, où tout fe difperfe

Je vois les Temples défertez;
De l'Interêt & du Commerce,
Tous les mouvemens arrêtez,

La Grandeur jadis adorée ;
La Beauté même idolatrée;
Effuyans de cruels rebuts :
La tendre Enfance qu'on délaiffe ;
L'avare & foigneufe Vieillesse,
Que les tréfors ne touchent plus.

Cependant croiffent les ténèbres,
Et le déluge des moiffons :

Leurs flots épais, leurs poids funèbres,
Des Mourans étouffent les fons.
Dans ces gouffres de pourriture,
Nagent la Pourpre & la Dorure,
A côté des plus vils drapeaux.
Où fuis-je? toutes les Barrières
Cèdent aux vapeurs meurtrières ;
Et tout fe transforme en Tombeaux.

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Mais d'où vient ce profond filence? Quoi nul ne pleure fes douleurs. Ah! les maux, par leur violence, Font ceffer les cris & les pleurs.

Leur excès a changé les larmes ;
Et les éclatantes alarmes

En un stupide désespoir.

Aux plus tumultueufes craintes,
Aux tranfports, aux amères plaintes
Succède un calme encor plus noir.

Trifte cité, quelles difgraces!
Les plus beaux traits font effacez.
La Mort, fous fes impures traces,
Quels charmes tient - elle éclipfez!
Où brilloient les ris, l'opulence,
Règne fa lugubre influence;
Et fous de fuperbes lambris,
La Fortune, en ces jours tragiques,

Voit livrez aux chiens faméliques,
Ses plus envicz favoris.

Mais parmi ces images fombres,

Quel Mortel à mes yeux reluit? L'Evêque de

Marfeille.

Son éclat balance les Ombres

De cette ténébreufe nuit.

De fa lumière favorable;

Le rayon promt & fecourable;

Suit de près la Mort en tous lieux.

Son activité, fon courage,
Imitent l'ardeur & la rage

1

Du Monftre aveugle & furieux.

Arrête, Furie effrénée,

Cède aux Vertus de ce Héros.

Tu fuis; mais ta faux détournée;
Vient ravager d'autres Troupeaux.
Peuples, vos fidéles Cohortes,
Sans ceffe veillent à vos Portes

Pour l'écarter loin de vos Murs.
Ah! faites veiller l'Innocence;
Que les mœurs foient votre défense ;
Ce font les Remparts les plus fûrs.

Poft ignem ethereâ domo

Subductum, macies, & nova febrium

Terris incubuit cohors.

Hor. Ode 3.Lib 1.

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