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LA NYMPHE

DE VERSAILLES;

ÉLÉGIE.

SORS de mon fouvenir, chére & trifte

pensée ;

Ne m'offre plus l'éclat de ma gloire paffée.

Plus mon bonheur fut grand, plus grands font mes ennuis.

Mes beaux jours font changez en de plus trif tes nuits.

Heureufe dans mes maux, fi ces beautez encore

Ne me peignoient l'amour du Héros" que j'adore.

Sans elles..... Et peux-tu perdre le fouvenir D'un Héros, les regrets du dernier avenir?, Charmes de ces beaux Lieux, garans de fa tendreffe,

Croiffez pour augmenter, s'il fe peut, ma trif

teffe.

Louis XIV.

Au bruit de ce Ruiffeau qu'interrompt le fommeil !

PHILENE.

Non, la félicité que ce beau Lieu refpire, N'cft que pour les Bergers qu'un tendre amour infpire.

A deflateurs objets, livrez dans leur loifir,
Les Amans peuvent feuls rèver avec plaisir.

HILAS.

Confidère, Berger, au fein de cette eau pure,
De ton air & du mien la diverfe peinture.
Voi briller fur mon teint cette vive fraîcheur
Que relève du tien la mourante pâleur.

PHILEN E.

L'Abfence de mon Aftre ici te favorise:

Hilas, il faut me voir auprès de mon Iphife.
Là d'un éclat nouveau mon vifage animé,
Se peint du feu fecret dont je fuis enflammé.
HILAS.

Philène, tu languis quand tu perds sa pré-
fence.

Je jouis en tous Lieux de mon indifférence,

Une Fleur, un Oifeau m'amufent tour à tour.

Tout fert de paffe - tems à qui vit fans amour.
PHILEN E.

Mon deftin eft plus doux quand je vois ma
Bergère:

Je ne crains pas pourtant une abfence légère.
De fon Image alors j'entretiens mes defirs;
Et l'abfence après tout réveille mes plaifirs.

HILAS.

Rappelle les transports, l'ardente frénéfic Que fouffle dans les cœurs l'aveugle jalousie. J'ai vu Tircis en proye à de jaloux accès, Mettre la Mort au rang des céleftes bienfaits, PHILEN E.:

L'Amour lui préparoit une douceur nouvelle :

Tircis connut bien-tôr que Life étoit fidéle. Je l'ai vû, revenu de fa jaloufe erreur, Remercier l'Amour, & chanter fon bonheur

HILAS.

Nos Bergers, dont les ans ont meuri la fageffe Confeillent tous de fuir l'appât de la teng dreffe,

J'en croirai le confeil de ces fages Vieillards;

Qui d'une longue vie ont couru les hazards.
PHILEN E.

J'ignore à quel deffein, fur le retour de l'âge

Timarète condamne un tendre badinage.

Jeune, il fut amoureux ; il fit mille chansons: Son exemple me touche, & gâte fes leçons. HILAS.

Enfin, dans nos Hameaux j'ai vû bien des Bergères,

Que fuivoient les Amours & les Graces lež gères.

Entretant de Beautez, je n'en ai pû trouver; Qui pour un feul inftant me donnnât à rèver. PHILENE.

On voit mille Beautez avec des yeux tran quilles :

Il en eft une enfin qui nous rend plus dociles On la voit; on fe trouble, & promt à s'enAammers

Prefque fans y fonger, on fait vœu de l'ai

mer.

HILAS.

HILAS

Non, non, n'efpére pas que l'Amour me féduise :

Il rifqueroit fa gloire à tenter l'entreprise. Qu'il me faffe éprouver fcs plus affreux tour

mens >

Si jamais il me range au nombre des Amans. PHILENE.

De l'Amour offenfé redoute la vangeance.

Ah! tu ne connois pas jufqu'où va fa puif fance.

D'un œil charmant & fier je crains pour toi les coups:

C'eft là le trait vangeur de l'Amour en cour

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foux.

Le forc juftifia l'augure de Philène :

Hilas brûla bien-tôt, & pour une Inhumaine. Voici comment l'Amour s'y prit pour l'engager.

Ah! que l'Amour eft fin quand il veut fe vanger!

Il choisit loin d'ici, pour fervir fa malice,
La jeune Iris fi propre à ce cruel office;

Iris, dont tous les cœurs redoutent les appass

1731.

P

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