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Dieux, fi c'eft fon deffein, répondez à fes

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Et rendez le repos à mon cœur amoureux.

Revenez dans mon ame, amusemens champê

tres.

Que dis-je? pourriez-vous en être seuls les maîtres,

Et ne pas me laiffer le plaifir de fonger

Aux attraits raviffans de mon ingrat Berger?

Ah loin que cet efpoir puiffe adoucir mes chaînes,

Je fens que ce repos ne vaudroit pas mes peines.
Troupeau, que j'ai gardé fi fouvent avec lui
Tu ne fais qu'augmenter & qu'aigrir mon en-

nui.

N'attends plus rien de moi va paître à l'avang

cures

A la merci des Loups cherche ta nourriture ; Mon fort eft plus affreux de l'aimer fans retours De te garder Tans lui, que de perdre le jour.

Mortem orat tadet cæli convexa tueri.

Aneid. Lib. 4.

R

ÉG LOGU E:

DAPHNIS ET LICIDAS.

LE

DAPHNIS.

E Ciel exauce enfin les vœux de Licidas ï

Cet heureux jour nous luit, témoin de nos combats.

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Moi-même auffi cédant à l'ardeur qui m'entraîne,

Pour venir te chercher, j'ai traverse la Plaine. Je

e fçai que nos Echos, réjouis de tes fons, Semblent avec plaifir répéter tes chanfons Que lorfque dans les airs ta voix se fait entendre, uca modɔrdɔ equ biorul A es Faunes près de toi s'empreffent de fe rendre. Mais plus ta rénommée a pris foin d'éclater i Plus l'honneur de te vaincre a de quoi me fla

L

ter.

LICIDAS.

Je n'abandonne point ces tranquilles Rivages 3

Laiffe-moi loin du bruit rèver fous ces Om

brages.

Cependant je rends grace au foin officieux,

Qui du Hameau voifin te conduit en ces Lieux. DAPHNI S.

Ce difcours me furprend : quelles raisons fe

crètes

Peuvent te retenir en ces fombres Retraites.

LICIDA S.

Peut-être il te fouviens de mes heureux effais :

Dois-je aller en un jour démentir mes fuccés ? S'il faut te découvrir mon ame toute entière, Mes honneurs ont rendu ma Mufe un peu trop fière,

Pour aller m'expofer à l'éternel ennui,

De voir qu'on me préfére un Rival aujourd'hui. DAPHNI S.

Tu penfes m'ébloüir par de vaines paroles ; Mais je fçai rejetter des excufes frivoles. C'eft en vain que tu crois par ces déguisemens, Me cacher de ton cœur les fecrets fentimens. J'avois lieu de m'attendre à plus de confidence;

Et de tous ces détours mon amitié s'offenfe.

LICIDA S.

Je me rends au défir d'un Ami fi difcret: Moi-même j'y perdrois à garder mon fecret. Tu me furpris un jour aux genoux de Sylvie : D'elle feule dépend le bonheur de ma vie ; Et fi de mes progrès tu veux être éclairci, C'eft elle que l'Amour me fait attendre ici. D'APHNIS.

Depuis près de deux mois j'observe ta conduite;

Déja de ce fecret mon ame étoit inftruite.

Attentif au difcours de ton cœur éperdu, Avant de me montrer j'avois tout entendu. Un Buiffon de vos feux trahit tout le mystére ; Juges- en, fi tu peux m'écouter fans colère.

Ifaure, difois - tu, cuëille déja les Aeurs,

Que pour prix de leurs chants elle garde aux Vainqueurs,

Avides de ces Jeux, nos Bergers, nos Bergères

Défertent tous les ans cès Vallons folitaires.

Le Printems va bien-tôt ramener ce grand

jour :

Le refuferez-vous, Sylvie, à mon amour? L'occasion nous rit: pour cette illuftre Fête; Arbitre du combat, Pan lui-même s'apprête : Lui-même ordonne tout. Occupé loin de

nous,

De nos tendres larcins peut-il être jaloux ?

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Vous ne répondez point, vous détournez la vûë:

Ah! fans doute, à ces Jeux vous êtes atten duë.

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L'interêt d'un Rival l'emporte fur le mien.

A ces mots, d'un air tendre, elle baifa ton Chien ;

Et s'il faut librement expliquer ma pensée,

D'un amour dangereux je la fentis bleffée.

Son timide embarras, fes yeux pleins de langueur,

Marquoient un cœur épris de la plus vive ar deur.

LICIDA S.

Eh quoi ! de deux Amans joüir de l'imprudence?

As-tu donc de l'Amour fi peu craint la vangeance?

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