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honorables 4, qui par leur prudence, leur fidélité & leur authorité pûffent les conferver toûjours entiers, & les garantiffent des accidens qu'entraîne inévitable ment une longue fuite de fiècles, & que fa fageffe lui faifoit prévoir.

Hommes ambitieux,qui foûpirez àprés l'immortalité, quelle route prenez-vous pour vous l'affûrer? Croyez-vous que vos Noms fuperbes, graveż fur le Marbre & fur l'Airain, résistent au pouvoir des tems? Il les consumera inévitablement: Vous vous flatez fans doute qu'éblouis par les inutiles restes de votre orguëil que vous tâchez de vous faire furvivre, nous donnerons des Eloges à ce qui marque plûtôt votre foibleffe que votre vertu; inutile précaution pour fauver votre Nom de l'oubli ! Que refte-t-il de tous ces Grands Hommes dans les Villes qu'ils conftiuifirent avec tant de magnificence, & qu'ils dotèrent de leurNom? Ce Nom qu'ils vouloient rendre respectable en l'éternifant, ces Villes l'ont perdu, en devenans la proye d'un nouveau Vainqueur : à peiné y découvre-t-on quelques veftiges de leur frivole ambition.

Vous, que mille vertus rendent digne

▲ Meffieurs les Capitoüls

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de fervir de modéle à la Poftérité, en ain accorderez-vous une protection écla ante aux Sçavans qui brillent fous vos eux. Ils confacrent, il eft vrai votre Nom dans leurs Ouvrages; mais ces Ouvrages eux-mêmes ne périffent ils pas fouvent après eux ? Que cette perte nous laiffe ignorer de mérite & de grandes actions! Souhaitez, il est juste, pour l'intérêt de ceux qui viendront aprés vous, de perpétuer une gloire que vous avez achetée fi cher; mais vous n'y réüffirez qu'en devenant, comme Clémence Ifau re, le Protecteur des Belles Lettres, même aprés que vous ne ferez plus. Vous vous affûrerez par - là des Eloges toûjours nouveaux ils feront plus vrais, plus fincères; ils formeront un tiffu brillant de loüanges, que le tems même confervera, loin de les effacer.

Tels font les Eloges que jufqu'en ce jour on a décernez à Clémence Ifaure. Sa mémoire, déposée dans le fein de nos Jeux, comme dans un Temple refpectable, frappera les regards de la Pofterité la plus reculée ; & tous les progrès que feront à l'avenir les Sciences & les Beaux Arts, à la faveur de cette célèbre Académie,remonteront comme à leur fource,

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vers l'illuftre Fondatrice des JeuxFloraux. Clémence Ifaure, en les inftituant paroît avoir eu le deffein d'imiter en quel que manière ceux qu'on célébroit autre, fois chez les Grecs & les Romains. Ces Peuples, modéles refpectables de fageffe d'habileté & de zéle pour la Patrie, s'attachèrent avec foin à élever leurs jeunes Citoyens, & cherchèrent à leur donner de l'amour pour la gloire, en propofant des Eloges & des rècompenfes pour les Vainqueurs. Mais, MESSIEURS, ces Peuples fi polis, fi éclairez, n'eurent - ils pas prefque toûjours en vûë, dans leurs Jeux, des courfes d'Animaux, des danfes, des combats cruels, où l'œil du Spectateur n'étoit réjoui, qu'à mesure que la fcène étoit enfanglantée? Pernicieufes leçons, vous infpirâtes peut-être l'efprit de fédition à Pififtrate,& à tous ces autres Tyrans qui tinrent fi long-tems Athènes captive; on vous doit peut-être à Rome la conjuration de Catilina, la guerre civile; enfin la ruine entière de la liberté.

Nos Jeux au contraire, MESSIEURS ont toûjours été deftinez aux exercices. de l'efprit, à la culture des Belles Lettres, à former la politeffe des mœurs, objets fans doute, & plus nobles, & plus

intereffans. Clémence Ifaure confacre fes Prix aux plus délicates productions d'un génie heureux. Les Grecs & les Ronains réfervoient ordinairement les leurs à ceux qui luitoient avec plus de foupleffe & plus de grace, ou à ceux dont les Courfiers plus agiles leur faifoient remporter le Prix de la course.

Avoüons pourtant, MESSIEURS, que nous ne devons pas juger du mérite de nos Jeux par l'éclat dont nous les voyons briller aujourd'hui. Dans des fiècles encore groffiers, les ténèbres n'ont pû fe diffiper que fucceffivement. Tel le Soleil fait annoncer fon retour fur nos têtes par une clarté douteufe.

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Démêle.t-on dans ces Ouvrages que pous confervons dans nos Regiftres, par refpect pour leur ancienneté, une conduite fage & judicieufe dans le deffein ; du difcernement, de la nobleffe, du fublime dans les idées; la clarté, la brièveté, la douceur, la légèreté, l'énergie fi néceffaires dans le ftile; le choix, la jufteffe dans les expreffions: y voit-on iègner toûjours de la fineffe dans le tour, une harmonie nombreufe dans la cadence, une fcrupuleuse régularité dans la rime ; de la vraisemblance, de la vivacité dans

les caractères; de la bienféance & de l'é lévation dans les fentimens enfin ces fictions heureufes, ces figures hardies, & cet enthouziafme produit par le génie mais tempéré par la raifon, qui font le ca ractère diftin&tif de la grande & de la belle Poëfie. Non, fans doute, MESSIEURS, c'eft à notre fiécle fi fécond en merveilles, qu'étoit réservée la gloire de faire briller l'efprit avec tous fes divers ornemens ; d'atteindre à un degré de perfection ignoré de ceux qui nous ont précè dez. Heureux fi par de nouveaux efforts, nous empêchons la Poftérité d'avoir fur nous le même avantage!

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Dois-je cependant, pour rehauffer le luftre des Jeux Floraux, vous les repréfenter comme une règle à la plupart des Sociétez établies pour la culture des Belles Lettres dois-je montrer à vos yeux une Nation voifine emprunter nos Loix & nosStatuts: l'Italie entière devenue barbare par l'invafion de tous ces Peuples féroces qui l'avoient fi souvent ravagée faire, fur notre exemple, rentrer l'efprit dans fes prémiers droits: vous faire envifager enfin prefque tout le reste de l'Europe animé d'une noble émulation. qui cherche à s'éclairer. Non, fans doute,

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