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Ton éclar éblouit mes yeux ?
Ou tel que remplaçant Thésée ;
Tu fçais d'une Amante abusée,
Changer le deftin malheureux.

Dans une Ifle affreufe & déferte, ei

Par les trahifons de fa Sœur,

Ariane pleure la perte

D'un Amant perfide & trompeur.

La Rage de fon cœur s'empare ;
Des Divinitez du Ténare

Elle ofe invoquer le fecours;

Et

par mille cris lamentables Blâmer les Parques implacables, Qui tardent à trancher fes jours.

Quel Dieu, de cette trifte Amante

Peut effuyer les justes pleurs ?
Au fon de fa Lyre charmante
Orphée aigriroit fes douleurs.

Rien ne s'offre dans la Nature,

Qui ne lui trace la peinture

De tant de forfaits inouis.

Bacchus en a toute la gloire
Il voit la Belle, & la fait boire
Ses chagrins font évanouis.

Pére des Ris, de l'Allegreffe, Toi feul fçais calmer les défirs ; Chaffer la crainte & la trifteffe, Et donner la pointe aux plaisirs,

De la Pauvreté dédaignée,

De la Vieilleffe refrognée

Tu diffipes les noirs foucis;

Les maux dont le deftin nous frappe. Sans l'Art affaffin d'Esculape,

Par ton fecours font adoucis.

Sans toi, puiffant Dieu de la Treille,

Le Fils de Cypris devient froid.
Ton Jus évertuë & réveille:

On n'a d'efprit que quand on boit..
Alors plus de beautéz timides;
Plus de groffières, de ftupides;

Tu répands la vivacité;

Et des cœurs fiers, qui font en garde
Contre les traits que l'Amour darde,
Tufléchis la févérité,

Grand Dieu, je veux fervir d'exemple A tes Enfans les plus chéris ;

Pour mieux te célébrer, ton Temple

Retentira de mille cris.

Non, tels que dans la Béocie
De tes Bacchantes en furie,
Les hurlemens percent les airs =
Mais le front couronne de lierre,
Chacun de nous, armé d'un Verre,
Chantera tes bienfaits divers.

Bacchus, dans ce facré mystère, Sçait faire choix de fes Acteurs. N'approchez point fon Sanctuaire, Froids parafites, vils flateurs. Entre nous rien ne fe déguifes

Nos difcours remplis de franchife,

N'altèrent point la vérité;

Et malgré le fiècle où nous fommes;

Dans les Bûveurs on voit des Hommes Amis de la fincérité.

De la raison impérieuse, Nous y perdons le fouvenir. Las de fa Morale ennuyeuse, Nous ne fongeons qu'à la bannir. Des Climats ou Phébus s'élève, Des Lieux où fa courfe s'achève, Accourez, Peuples, hâtez-vous ; Quittez Tempe, quittez Cithère; Les Dieux qu'en ces Lieux on révère, Vous offrent des plaifirs moins doux.

Vous, que le noir chagrin obfède, Malheureux, recourez au Vin: Pouvez-vous trouver de remède, Et plus doux, & plus fouverain? Profitez de fes avantages;

De vos efféminez Breuvages

Connoiffez l'inutilité.
Laiffez aux Femmes la folie

De préférer à l'ambroific

Ce qu'elles ont accrédité.

Amans, fouhaitez-vous fans peine

Eternifer de tendres feux ?

De l'Elève du vieux Silène

Suivez l'Etendart glorieux.

Sans lui les tendreffes font fades à
Plaignez le deftin des Nayades,
D'ignorer un fecret fi bean.

Le Vin à l'Amour détermine:
Leur froideur n'a d'autre origine
Que de boire toûjours de l'Eau.

Auteurs, pour fuir le Piconafme
Qui fait languir vos fictions,
Pour acquerir l'entouziafme
Ecoutez mes inftructions.

Au lieu du Frére de Diane,
Invoquez l'Amant d'Ariane,

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