J'y goûte d'innocens plaifirs! Les richeffes de la Nature, Ses fruits, l'émail de fa parure 2 Y comblent mes juftes défirs.
Paifible Maître dans ma Terre Ainfi vois-je couler mes jours: Si quelquefois j'y fuis en guerre, C'eft contre des Loups, ou des Ours. Dans fon loifir, l'heureux Tytire
Y voit le Faune & le Satyre Applaudir à fon Chalumeau. Tantôt célébrant fa conquête, Il fçait, au gré de fa Musette, Faire affembler tout le Hameau.
Las d'efperer & de me plaindre De la Cour, des Grands & du fort; C'est ici que j'attends la Mort, Et m'inftruis à ne pas la craindre,
L'HARMONIE
DE L'UNIVERS, A MESSIEURS
DE L'ACADEMIE DES JEUX FLORAUX, O D E.
OUS qu'éclaire un brillant génie,
Arbitres des doctes concerts,
N'admirez-vous pas l'Harmonie
Detous les Corps de l'Univers?
La Sageffe en rapports féconde, Qui fait, qui range & meut du Monde Les divers & puiffans refforts;
Et nous montre autant de miracles, Qu'elle prefente de fpectacles Dans fes innombrables accords.
Quelles forces toûjours unics En tant d'oppofez tourbillons
Ouvrent des routes applanies A tous ces Aftres vagabonds? Au tour de la terreftre maffe,
Quelle main habile leur trace
Tant de chemins fi mesurez; Et fait de leurs courfes rapides, Leurs appuis à jamais folides Et leurs conducteurs affùrez?
Ainfi qu'une Reine puissante, Au milieu d'illuftres Sujets, Relève fa gloire, & l'augmente De leur grandeur, de leurs refpects La Terre d'Aftres entourée s
De leurs feux fans ceffe éclairée;
Prend fon éclat de leur fplendeur
Et dans une juste distance
Joüiffant de leur influence,
Pare fa grace de la leur.
Le Soleil part, vole au tour d'elle;
Sa courfe meut les Elémens;
Devient la caufe universelle
De leurs infinis changemens Dèflors fur un double Hémisphère,
Les Ténèbres & la Lumière
Se fuccèdent à pas égaux;
Et font, par leur exactitude L'agréable viciffitude
Du Travail & du doux Repos.
Mais quelle admirable ressource! Dans l'ombre même de la nuit
Un Globe opaque, par fa courfe Prévient le Soleil, ou le fuic. Il s'en ménage la prefence, Reçoit fes rayons, les relance; Les difperfans de toutes parts ;] Et d'une lumière étrangère; Fait fur la Terre, qu'il éclaire, Un jour formé par fes regards.
Cette double Planète errante, De concert règle ainfi le cours
De la variété conftante
Des ans, des mois, des nuits, des jours. A leur tour les Saifons varient;
Les Récoltes fe multiplient;
La Terre s'orne de fes dons:
Prez, Champs, Vignes, Bois, tout s'y range; Tout y naît, croît, fleuric, & change Au gré des changeantes Saifons.
Quel ordre! la Mer indomtable Se lance en fureur fur fes bords
Et par des grains de mouvant fable, Sent repouffer tous les efforts.
Elle laiffe affervir fon onde, Pour répandre dans tout le Monde Les thréfors les plus précieux : Ils voguent fur fon fein liquide; Le Ciel par fes Aftres les guide; Le vent les pouffe en tous les lieux.
De tous ces concours néceffaires,
Des Cieux, des Terres & des Eaux,
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