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Eile augmente nos maux, en voulant les finir

Et devant nous changer, ne fait que nous punir.

Ce Dieu s'en plaint lui-même ; & fa trifte

tendreffe

Ordonne qu'en ces Lieux defcende une Déeffe. Pars, dit-il, ô Thémis ! règne fur les Hu mains ;

Et fais tomber le fer de leurs fanglantes mains Eh quoi ! leur liberté leur fert à fe détruire. Pars, ma Fille; ôte leur le pouvoir de fe

nuire :

Impofe - leur des Loix ; & fous un joug hon

reux,

Force les, s'il fe peur, à devenir heureux.

Force-les,

Tu parois, ô Thémis tout tremble à ta préfence;

Et dans les cœurs, la Crainte enfante l'Inno

cence.

Nous adorons les Dieux; nous parons leurs
Autels :

On écoute tes Loix; & tu vois les Mortels
Abjurans à l'envi leur fureur criminelle,

Se jurer, à tes pieds, une paix éternelle.

1721.

L

La trifte Ambition renonce à fes projets }
Et traînant à fa fuite un refte de Sujets,

Songe à fauver les jours, plûtôt que fon Emê pire.

Le bras vangeur la fuit: tu frappes :'elle expire.

Heureux Mortels; les Dieux vont combler vos défirs:

L'Ambition n'eft plus : goûtez mille plaifirs.

Mais que vois-je ? à la Mort le cruel Monftre échappe:

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Il renaît ô Thémis le voila : c'eft lui; frappe.

Qui retient ton courroux ? Déeffe qu'attends

tu?

Hélas! il eft paré des traits de la Vertu ;

Et tu prends la défense, à son mafque trompée.

Dans le fang innocent fe plonge ton épée.
Le crime adroit triomphe; & fe fait couronner.
Par ton bras impuiffant, qui le veut détrôner.
C'en eft fair, Jupiter a perdu l'espérance
De nous voir mériter la prémière abondance.
Ces Lieux offrent en vain l'image du repos;
Moins, hélas ! de la Mer font agitez les flots,

Quand des vents courrouffez, les halènes bruyantes

Pouffent fur les rochers les ondes blanchif fantes.

Nos paroles, nos mains s'entre - jurent la paix ;

Mais nos cœurs divifez n'y confentent jamais. L'on fuit en vain les Loix ; on les fuit par concrainte :

On refuse au devoir ce qu'on donne à la crainte.
Toûjours l'Ambition nous dévore le fein:
Le cœur eft parricide, au défaut de la main.
L'Homme, fans fuir le crime, évite le fup-
plice;

Et fçait, fans être jufte, obferver la Justice.

Des travaux de Thémis, eh! quel est donc le fruit?

Votre honte, à Mortels! eft tout ce qui les fuit :

Et fon zéle, réduit à punir des coupables,

Sans vous rendre meilleurs, vous rend plus méprifables.

Faut-il, hélas! faut-il qu'un pouvoir redouté Vous faffe du devoir une néceffité;

Et pour intimider votre fureur extrême,

Vange fans ceffe ici l'Homme de l'Homme même?

Déplorez, ô Mortels! déplorez à ma voix, L'humilant appui que vous prêtent les Loix. Recourez à Thémis, dans toutes vos alarmes : Mais fur fon bienfait même ofez verfer des larmes.

Et quand fa main conferve, ou vos biens, ou vos jours,

$çachez, en la loüant, rougir de fon secours.

Quid Leges fine moribus vana proficiunt ?

Horatius.

LE REMORDS,

POEME.

M USE, raconte-moi quelle main van

gereffe

A fçû punir le crime avec tant de fageffe? Comment elle a tiré du fonds de nos for

faits,

Le jufte châtiment dont nous fentons les traits?

Jadis, pour arrêter les crimes de la Terre, Jupiter, malgré lui, s'arma de fon tonnerre. Son bras depuis long-tems levé fur des ingrats, Pouvoit les écrafer; mais ne les changeoit pas.

Quoi! des Mortels, dit-il, l'audace devient pire:

Sous mes coups redoublez en vain le crime expire.

Un attentat puni, dans l'horreur du tombeau Reproduit à l'inftant un attentat nouveau. Que dis-je? un Criminel dont j'étouffe l'au dace,

Trouve cent Criminels qui reprennent fa place,

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