Ah ! qu'ils fuccombent tous fous ce coup éclatant;

Et qu'enfin l'Univers rentre dans le Néant.

Il retiroit déja sa main toute-puissante, Quand pour fléchir fon cœur Minerve se préfente.

Pére des Dieux, dit-elle embraffant fès

Soyez pour les Humains plus févère & plus

doux.

N'en est-il pas encor dont le culte fidéle
Révère la Justice, & ne révère qu'elle.
Exterminez le crime; épargnez la vertu:
Quele Jufte furvive à l'Injufte abbattu ;
Ou, fans faire gronder fi fouvent le tonnerre,
Puniffez encor mieux les crimes de la Terre.

La mort des criminels trahit votre courroux :

Une trop promte mort cft un tourment trop doux.

Qu'ils vivent ces objets de votre jufte haine;

Et que leurs crimes feuls foient leur plus rude peine.

Fixez en pour toujours l'image fous leurs yeux:

L'horreur qu'ils en auront vous vangera trop d'eux.

Elle dit. Jupiter fléchi par la Déefse :

Ma bonté, lui dit-il, approuve votre adreffe..

Même en le puniffant, fauvons le genre Hu

main:

Le crime va ceffer fous ce coup de ma main.
Du moins le repentir, fuivant de près l'offense,
Pourra le dérober à ma jufte vangeance.

Livrons donc le coupable au crime de fon

cœur :

S'il peut le concevoir, qu'il en fente l'horreur.
Qu'à fon affreux afpest le trouble le faififfe ;
Et s'il fit fon plaifir, qu'il faffe fon fupplice.
Il dit : & dans l'inftant tous les crimes dig

vers,

Comme autant de Boureaux accablent l'U nivers.

Là du meurtre fanglant la figure effrayante; Aux yeux de fon Auteur fans ceffe fe présented Fuit il elle le fuit ; & dans fon trifte fort, Lui fait, en un feul jour, fouffrir cent fois la

Ici la trahifon, fi fourdement tramée, D'un Perfide caché trahit l'ame alarmée..

Il montre aux yeux de tous, par fa noire på

leur,

De quels traits en fecret elle perce fon cœur.

Plus loin la volupté, fous l'appât des délices,

Fait fouffrir aux Mortels les plus cruels fupplices.

Du dégoût qui la fuit le dévorant poison
A d'éternels regrets affervit leur raison.

Chaque crime, en tous lieux, déchire le
coupable:

Il ne fçauroit mourir dans le cœur qu'il ac cable.

Tel que des Peuples vains élèvent jufqu'aux Cieux,

L'entend au fond du fien crier encor plus

On encense l'Autel dont il eft la Victime.

Mais les coups imprévus de ces tourmens

N'ont-ils pas fait changer de face à l'Unį

vers?

Hélas! l'Homme infenfé, malgré tous ces fupplices,

Avec plus de fureur vole au - devant des vices ; Et quand l'excès de l'un déchire fa raison, D'un autre encor plus grand il tente le poifon: Mais toûjours le jouet de fon erreur extrême, Il fuit en vain des traits qu'il enfonce luimême :

Toûjours de Jupiter il aigrit le courroux. Grand Dieu, fais - lui fentir le dernier de tes coups;

Ou, pour faire éclater encor mieux ta puif fance,

Change enfin fon panchant, & rend - lui l'ine

nocence.

Nulla pallefcere culpâ. Hori

1721.

M

L'EXISTENCE DE DIEU,

CONTRE LES ATHÉes,
РОЁМЕ.

RAND Dieu, quand tu reçois les ref-
pects de tout Etre,

Et que chacun s'empreffe à te faire connoîtres

Le croirai-je ? ici-bas, feul fait pour

t'adorer

L'Homme feul,entre tous, pourroit-il t'ignorer? Non, aveugles Mortels, trop amis du menfonge,

Vous avez beau vanter un ridicule fonge;

Et pour vous dérober aux traits de votre Au

teur,

Au-devant de vos yeux mettre un voile impofteur ;

Efclaves amoureux d'une lâche pareffe,

Vivez tranquillement au fein de la molleffe: N'ayez plus aucun frein; redoublez vos for

faits:

Qu'importe? la raison ne s'éteindra jamais.

Et votre ame toûjours, fût-elle plus coupable,