CXCIX. Helas je fuis vaincu tous les jours, parce que j'ai bien plus de préfomption que de force : & ma foibleffe s'augmente; parce que je m'appuye fur moi-même, au lieu de m'appuyer fur vous. O lumiere, ô verité, ô fageffe vous me faites entrevoir une lueur qui frape mon cœur. Vous vous montrez à moi, comme un éclair. Vous entr'ouvrez le nuage dont je fuis enveloppé, & vous le refermez auffi-tôt ; parce que mes yeux font trop foibles foutenir un tel éclat, & que le poids de mes miferes me fait retomber dans mes tenebres ordinaires. Je fuis faifi & de frémiffement & d'amour de frémiffement à la vûë de mes pé pour chez; & d'amour à la vûë de mon unique bien. Mais helas: d'un bien que mon ame ne fçauroit porter tant elle eft foible, pauvre & abbattuë. Inftances de prieres & de gemiffemens pour obtenir la deftruction des paffions, & la guerifon des playes & des maladies que la longue habitude du peché a laissées dans l'ame après la converfion. CCI. Je vous remets le foin de moimême, mon Seigneur & mon Dieu. Avec cela je vivrai en repos, & je confidererai les merveilles de votre loi. Vous connoiffez mon ignorance & mes infirmitez, inf truisez-moi, guériffez-moi. 201. Ecce, Domi nie, jacto in te curam meam ut vivam, & confiderabo mirabilia de lege tuâ. Tu fcis imperitiam meam & infirmitatem meam : doce me, & fana me. 1. 10. e. 45. n. 70. CCII. Bleffez-moi, Seigneur, pour me guérir: ô:ez-moi la vie du corps, plûtôt que de permettre que mon ame tombe dans la mort en fe fe parant de vous. 202. Percute me ut fanes: occide me ne -moriar abs te. l. 2. c. 2. n. 4. CCIII. Etendez votre main fecourable, ô mon Dieu, pour émouffer en moi les pointes de la concupifcence. Traitez-moi avec une severe mifericorde, & répandez des dégoûts pleins d'amertume fur tout ce qui me fait plaifir hors de vous. Arrachez de mon cœur, de ce fonds ingrat qui vous appartient, arrachez toutes les épines de mes defirs impurs, qui fe font élevées par-deffus ma tête. Eclairez-moi, Seigneur, afin que je vous connoiffe; guériffezmoi, afin que je fois digne de vous poffeder: & étant trop éloigné de vous pour vous appercevoir, donncz-moi au moins la force de marcher dans le chemin qui mene à vous, afin que je vous voye & que je vous poffede. 205. Non folum admone me ut videam te, Deus meus fed etiam fana me ut teneam, & qui de lon ginquo videre non poffum, viam tamen ambulem quân veniam, & videam, & teneam. 1.7.c.21.n.27. CCVI, Je vous préfente mon cœur, mon Dieu; vous en voyez tous les replis; purifiez-moi de toute foüillure: tenez mes yeux attachez à vous ; & dégagez-moi des pieges qui m'environnent, 206.Ecce cor meum, Deus meus, ecce intus vide & munda me ab omni immunditiâ, di rigens oculos meos ad te, & evellens de laqueo pedes meos. l. 4. c. 6. n. II. CCVIL Que votre mifericorde, ô mon Dieu, efface de la memoire de votre ferviteur les ordures & les infamies, dont mes paffions me rappellent les idées, |