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tre les trois numérales. Ce qui donna lieu à introduire en même tems l'arithmétique courante des Grecs; l'ancienne étant devenuë de peu d'ufage, fi ce n'eft chez les Athéniens, qui reçurent affez tard le nouvel Alphabet.

Quoique plufieurs Sçavans ayent écrit depuis ce tems-là fur cette matière, je ne vois pas que les principaux, & entr'autres feu M. l'Abbé Renaudot, (1) ayent contredit aucune des huit propofitions, dont je viens de parler. A la vérité feu M. Spanheim, (2) qui a inféré fur cela une longue Differtation dans la derniére édition de fon excellent ouvrage, fur l'ufage, & l'excellence des Médailles, y a foutenu quelques opinions contraires aux miennes, particuliérement en ce qu'il attribuë à Cadmus l'introduction des Lettres Phéniciennes dans la Grèce. Mais il ne paroît pas avoir vû ce que j'avois écris fur cela enforte qu'il y a lieu de croire, qu'ayant autant de candeur, que de fçavoir, il n'auroit pas refufé de fe rendre à l'évidence de mes preuves, s'il n'avoit pû les réfuter solidement. De ma part, fi j'avois vû cette belle édition, quand je fis ma Differtation, j'aurois pû en tirer beaucoup de chofes, qui auroient confirmé ce que j'y ai avancé, & dont les Lecteurs intelligens pouront faire leur profit.

Feu M. Le Clerc, (3) faifant en 1709. dans fa Bibliothèque choifie, l'Extrait de ma Diflertation, dont il ne connoifloit pas alors l'Auteur, lui donna de grands Eloges, & convint qu'on y avoit rendu affez probable l'opinion, qu'il croyoit auparavant un paradoxe fçavoir que les Lettres avoient été apportées en Grèce avant Cadmus. Il y ajouta feulement, que dans l'Extrait, qu'il avoit donné auparavant (4) de l'ouvrage de M. Spanheim, il avoit raporté des raifons, qui pouvoient faire croire, que les Grecs avoient tiré des Phéniciens dès le commencement, & par confequent avant Cadmus, toutes les Lettres de leur Alphabet, excepté le rzade, & le Schin.

Ayant vû cet Extrait, j'écrivis à cet homme célébre une Lettre, où je tâchai de réfoudre tous fes doutes, & d'éclaircir en même tems de plus en plus le fujet de ma Diflertation. Par la réponse, qu'il me fit, il effaya de fe défendre fur les objections,

13. p. 375.

(1) M. l'Abbé Renaudot, Mem. de l'Acad. (3) M. LeClerc, Biblioth. choisie, Tom. des Belles-Lettres, T. 2.p. 313. L 343. de l'édit. in 12. (4) Le même, ibid. Tom. 11. p. 39. & (2) Ez. Spanheim, De afu & Præftant. Nu- | fuiv. mifm. Tom. I. p. 83. & seq.

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que je lui avoit faites; mais fi foiblement, qu'il étoit aifé de voir, qu'il n'étoit pas trop ferme dans fon opinion. Comme ces deux Lettres, qui font de l'année 1710. ont été imprimées, (1) les Sçavans feront en état d'en juger.

Dans la Bibliothèque Italique, (2) où l'on poura les trouver, il y en a une de feu M. Bourguet, Profeffeur en Philosophie à Neufchatel, à qui nous avons l'obligation de nous avoir donné le premier un Effai de l'intelligence de l'ancienne Langue Etrufque, ignorée jusqu'à préfent. Il avoit déja fait voir par quelques Ecrits, , que cette Langue étoit la même, que la Pélafgienne, ou l'Arcadienne. Mais dans cette Lettre il en a donné un Alphabet complet, comparé à celui des Hébreux, des Samaritains, des Arcadiens, des Pélafgiens & des Grecs ; & ce qu'il en a dit confirme à merveilles mon fentiment fur la conformité des anciennes Lettres Pélafgiennes, & des Latines.

La feule chofe, en quoi fon opinion différe de la mienne confifte en ce qu'il étoit perfuadé, que le plus ancien Alphabet des Pélafgiens, & des Arcadiens, étoit de vingt-une Lettres, ou du moins de vingt, au lieu que je foutiens qu'il n'étoit que de feize.

Mais je crois pouvoir dire, que fon fentiment à cet égard répugne à la tradition de toute l'Antiquité. Car il comprend dans l'Alphabet Pélafgien les Lettres Z. &, qui certainement n'étoient point connues des anciens Latins, & il en retranche le T. le A. & l'e, dont les Grecs, ni les Latins n'ont pû jamais fe pafler. Et à l'égard de l'Alphabet Arcadien, il y met le sanpi, le Koppa, & le schin, qui n'étoient pas plus en ufage chez les anciens Athéniens, lefquels étoient certainement Pélafgiens d'origine.

Si donc toutes ces Lettres, ou chiffres, fe trouvent dans l'Alphabet Etrufque, il faut que ceux, qui les ont apportées de Grèce dans l'Etrurie, fuffent poftérieurs à Cadmus, & qu'avant leur arrivée en Italie, l'ufage des Lettres eût été déja communiqué aux Latins, foit par Evandre, foit par quelque plus ancienne Colonie Pélafgienne. La chose est aflez vraisemblable. Car dans ce que j'ai dit au Chapitre précédent de l'Hiftoire des Pélafgiens, on voit qu'ils furent chaffez de prefque toute la Grèce par les defcendans de Deucalion. Or cette révolution arriva fans doute avant le fiécle de Cadmus. Ainfi il eft fort probable, que les Pélafgiens,

(e) Dans la Bibliothèque Italique, impri- (2) Au même Tome, pag. 1. & suiv.

P

qui cherchérent un azyle en Italie, y portérent l'ufage de leurs Lettres, & que dans la fuite d'autres Habitans de la Grèce, poftérieurs à Cadmus, ayant formé quelqu'établiffement dans l'Etrurie, y introduifirent le nouvel Alphabet, qui étoit en ufage dans leur Pays. Par ce moyen le fentiment de M. Bourguet poura fe concilier avec le témoignage des Anciens, fur l'origine des Lettres de ces différens Peuples; & c'eft à quoi il faut s'en tenir, fi je ne me trompe.

En parcourant l'un des volumes, (1) du Supplément du Journal de Venife, qui parut en 1726. je trouvai que dans des Obfervations, fur la Lettre K, compofée par M. Uberto Benvoglienti, déguise fous le nom fupofe de Tuberone Guntolibei, il avoit propofé quelques objections contre deux Articles de ma Differtation, fur l'origine des Lettres.

La premiére regarde la Lettre P, qui felon moi étoit l'une des feize anciennes, que les Pélafgiens communiquérent aux Latins & qui felon lui eft l'une des derniéres, qu'ils ayent adoptées. Il le prouve par un paffage de Denis d'Halicarnaffe, (2) qui dit, que dans un ancien Temple de Rome, confacré aux Dieux Pénates, on lifoit cette Infcription, DENAS, au lieu de PENAS. Videntur enim mihi prifti, ajoute l'Hiftorien dans la traduction Latine, ante inventum P. ufarpaffe pro eo D Literam.

Mais le fçavant Italien n'a pas pris garde, qu'il ne s'agit en ce paffage, que de la différence entre l'ancienne, & la nouvelle manière d'écrire le P chez les Romains. Si l'on confulte l'ancien Alphabet des Grecs, que j'ai inféré au n. 55. de ma Differtation, on verra que leur P, qui étoit celui des Phéniciens retourné, devoit être figuré en cette forte, &. Il pouroit avoit encore été arrondi davantage du côté droit par les Latins ; & il faut bien que cela foit, puifque dans la fuite ils l'ont arrondi tout à fait, & l'ont feulement diftingué du D, en allongeant un peu la jambe gauche. On voit encore quelques veftiges de cette figure dans des Médailles anciennes des familles Romaines, & entr'autres dans quelques-unes de celle de la famille Pomponia. (3) Il ne faut donc pas être étonné, qu'un étranger, tel qu'étoit à Rome Denis d'Halicarnaffe, eût pris le P ancien pour un D moderne ; furtout

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dans une Inscription antique, ou la queue du P. avoit pû s'éffacer par le tems.

Ce qui eft de fûr, c'eft que les Latins, n'ont jamais pû se pasfer d'un caractére, pour exprimer le fon de cette Lettre, lequel étoit très ordinaire, & revenoit fouvent dans leur Langue. Autrement comment auroient-ils pû écrire TRIUMPUS, PILIPPUS, &c. pour Triumphus, Philippus, &c. comme on le voit fur leurs plus anciennes (1) Monnoyes? Si d'ailleurs le P avoit été chez eux abfolument femblable au D, comment auroient-ils pû diftinguer cette derniére Lettre, qui leur étoit auffi néceffaire que l'autre, & dont néanmoins le fon étoit fi différend? C'est ce qui ne paroît pas pouvoir être expliqué dans le fyftême de M. Benvoglienti, & qui fe comprend très-aisement dans le mien, en fupofant que la figure du P chez les anciens Latins étoit à peu près telle, que je l'ai marquée & que le D s'écrivoit aufli à peu près en cette forte, A, à la manière des Grecs.

La feconde objection de M. Benvoglienti, contre mon ancien Alphabet Latin, c'eft que j'y ai compris la Lettre R, qui certai nement, dit-il, n'est par ancienne. Sa raison eft, que les Romains difoient autrefois labos, pour labor, arbes pour arbor, &c.

Cette objection a dequoi furprendre de la part d'une perfonne, qui reconnoit que ccs Peuples difoient arbos. Si cela eft, il n'est donc pas vrai, que la Lettre R leur fût inconnue. D'ailleurs at-on jamais dit, qu'ils écriviffent, ou prononçaffent Soma, pour Roma, Somulus, pour Romulus, & une infinité d'autres mots parcils? Il eft vrai, que pour adoucir la prononciation de certains mots, & furtout de la terminaifon des noms en or, ils changeoient quelquesfois la Lettre R en S. Mais cela n'étoit point perpétuel; & l'on fe tromperoit fort d'en conclure, que la Lettre, dont si s'agit, étoit d'une invention nouvelle parmi eux.

Auffi de tous les anciens Grammairiens, il n'y en a eu aucun, qui ait hésité de mettre les Lettres P & R dans le plus ancien Alphabet des Latins ; & il y auroit de la témérité à s'inscrire en faux, fur d'auffi foibles raisons, contre l'autorité de ces Auteurs fur des faits, dont ils devoient être mieux inftruits que nous. Je crois qu'il eft inutile de s'étendre davantage fur cet article.

Avant que de finir ce Chapitre, je faifis avec plaifir cette occafion, pour publier une Inscription Antique, qui m'a été com

(1) V. Spanheim, de Præft. Numifm. Tom. | tres, N, 44, I. p. 12a, & ma Diflert, fur les anciennes Let

muniquée depuis peu par le feu Sçavant, & obligeant M. le Marquis de Caumont d'Avignon, à qui elle avoit été envoyéc de Constantinople. Je le fais d'autant plus volontiers, qu'elle peut fervir à illuftrer un paffage d'Hérodote, (1) où il eft parlé de Placia, Ville de l'Hellefpont. Voici les termes de l'Infcription.

ΕΠΙ ΗΓΗΣΙΟΥ ΑΡΤΕΜΙΣΙΩΝΟΣ ΤΕΤΡΑΔΙ ΦΘΙΝΟΝΤΟΣ ΕΔΟΞΕΝ ΤΗ ΒΟΥΛΗ ΚΑΙ ΤΩ ΔΗΜΩ

ΑΣΚΛΗΠΙΑΔΗΣ ΔΙΟΔΩΡΟΥ ΑΙΓΙΚΟΡΕΥΣ ΜΕΣΗΣ ΕΠΙ ΜΕΝΕΣΘΕΩΣ ΕΙΠΕΝ ΕΠΕΙ ΑΡΙΣΤΑΝΔΡΟΣ

Ο ΑΠΟΛΛΟΦΑΝΟΥ ΦΗΣΙΝ ΤΑΣ ΣΥΝΤΕΛΟΥΣΑΣ ΤΟΥΣ ΚΟΣΜΟΥΣ ΠΑΡΑ ΤΗΜΗΤΡΙ ΤΗ ΠΛΑΚΙΑΝΗ

ΚΑΙ ΤΑΣ ΙΕΡΟΠΟΙΟΥΣ ΤΑΣ ΠΡΟΣΑΓΟΜΕΝΑΣ ΘΑΛΑΣΣΙΑΣ ΚΑΙ ΤΑΣ ΣΥΝΟΥΣΑΣ ΜΕΤ ΑΥΤΩΝ

ΙΕΡΕΙΑΣ ΒΟΥΛΟΜΕΝΑΣ ΑΝΑΘΕΙΝΑΙ ΕΙΚΟΝΑ ΧΑΛΚΗΝ ΚΛΕΙΔΙΚΗΣ ΤΗΣ ΑΣΚΛΗΠΙΑΔΟΥ ΑΞΙΟΥΝ

ΕΥΝΧΩΡΗΘΗΝΑΙ ΕΑΥΤΑΙΣ ΤΟΠΟΝ ΕΝ ΤΗ ΑΝΔΡΗΑ ΑΓΟΡΗΑ ΕΠΙ ΤΟΥ ΠΡΟΓΟΝΙΚΟΥ ΑΥΤΗΥΣ ΣΥΝΕ

ΔΡΙΟΥ ΤΟΥ ΑΠΟ ΔΥΣΕΩΣ ΤΟΥ ΑΝΔΡΙΑΝΤΟΣ ΤΟΥ ΑΔΕΛΦΟΥ ΑΓ. ΤΗΣ ΔΙΟΝΥΣΙΟΥ ΤΟΥ ΑΣΛΗΠΙ

ΑΔΟΥ ΔΕΔΟΧΘΑΙ ΤΩ ΔΗΜΩ ΔΕΔΟΚΙΜΑΣΘΑΙ ΤΕ ΤΗΝ ΕΙΚΟΝΑ ΚΑΙ ΕΞΕΙΝΑΙ ΑΥΤΑΙΣ ΑΝΑ

ΘΕΙΝΑΙ ΚΑΘΑΠΕΡ ΑΞΙΟΥΣΙΝ ΕΞΕΙΝΑΙ ΔΕ ΑΥΤΑΙΣ ΚΑΙ ΕΠΙΓΡΑΨΑΙ ΕΠΙ ΤΗΝ ΒΑΣΙΝ ΑΙ ΣΥΝΤΕΛΟΥ

ΣΑΙ ΤΟΥΣ ΚΟΣΜΟΥΣ ΠΑΡΑ ΤΗ ΜΗΤΡΙΤΗ ΠΛΑΚΙΑΝΗ ΚΑΙ ΙΕΡΟ. ΠΟΙΑΙ ΠΡΟΣΑΓΟΡΕΥΟΜΕΝΑΙ ΘΑ

ΛΑΣΣΙΑΙ ΚΑΙ ΣΥΝΟΥΣΑΙ ΜΕΤ ΑΥΤΩΝ ΙΕΡΕΙΑΙ ΚΛΕΙΔΙΚΗΝ ΑΣΚΛΗΠΙΑΔΟΥ ΙΕΡΩΜΕΝΗΝ ΜΗΤΡΟΣ

ΤΗΣ ΕΚ ΠΛΑΚΙΑΣ ΚΑΙ ΠΡΟΪΕΡΩΜΕΝΗΝ ΑΡΤΕΜΙΔΟΣ ΜΟΥΝΙΧΙΑΣ ΕΠΑΓ ΓΕΙΛΑΜΕΝΗΝ ΚΑΙ ΕΠΙΔΟΥ

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ΣΑΝ ΕΑΥΤΟΥΣ ΔΩΡΕΑΝ ΕΙΣ ΤΑ ΣΥΝΤΕΛΟΥΜΕΝΑ ΤΠ ΑΥΤΩΝ ΙΕΡΑ ΕΝ ΤΗ ΣΥΝΟΔΩ ΤΟΥ ΤΑΤΡΕΩΝΟΣ

ΤΗ ΠΈΜΠΤΗ ΣΤΑΤΗΡΑΣ ΕΠΤΑΚΟΣΙΟΥΣ ΕΥΣΕΒΕΙΑΣ ΕΝΕΚΕΝ ΤΗΣ ΠΡΟΣ ΤΟΥΣ ΘΕΟΥΣ ΚΑΙ ΦΙΛΟΣΤΟΡ

ΓΙΑΣ ΚΑΙ ΕΥΝΟΙΑΣ ΤΗΣ ΕΙΣ ΕΑΥΤΑΣ ΘΕΟΙΣ ΠΑΣΙ ΚΑΙ ΠΑΣΑΙΣ.

Ce qui peut être rendu ainfi en Latin.

Sub Hegefa, Artemifionis ( menfis ) afecti die quarta, vifum eft Senatui ; a: Populo.

(1) Hérodote, 1, 57.

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