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foit pas précédé d'un Lamed. Et on n'ignore pas qu'il y a une infinité de Paffages, où il faut fuppléer ce Lamed, qui n'y eft pas exprimé. Voyez les Concordances Hébraïques des Particules, par Noldius. Il paroit qu'Onkelos l'a ainfi entendu, puifqu'en traduifant notre Oracle, il a rendu gnad par gnad gnalma, jufques dans l'éternité, toujours. On fait auffi que ki peut fignifier car, quand, parce que.

Pour

quoi ces deux expreffions gnad ki n'auroientelles jamais, dans le tems qu'elles font proches l'une de l'autre, un fens compofé des fignifications qu'elles ont chacune à part, lorsque cela ne leur fait rien dire qui foit contraire à la vérité? Or n'eft-ce pas une chose certaine que le Sceptre ne fe départira jamais de Juda, quand le Schiloh fera venu?

Il eft vrai que l'Accent Athnach, qui, dans l'Oracle de Jacob, eft fous le mot Hébreu d'entre fes pieds, demande qu'on faffe là une paufe, & qu'enfuite les deux expreffions gnad ki foient comme attachées l'une à l'autre, ce qu'elles ne pourroient être qu'en fignifiant jusqu'à ce que. Mais quelques-uns des Commentateurs dont je parle effaient de dénouer le noeud par l'Accent Jetib, qui, étant fous gnad, femble fuppofer qu'il faut que cette expreffion foit féparée du ki, & qu'elle foit envisagée d'une manière rétroactive aux mots précédens, de même qui fi un comma étoit mis après elle, d'autant plus que gnad ki ne font pas liés par un machaf. D'autres ne veulent pas infifter fur cette obfervation. Pour aller plus droit en befogne, ils coupent le noeud, en fe prévalant de G 2

l'aveu

l'aveu du grand nombre de Savans, qui con viennent que les Accens Hébreux doivent leur origine aux Mafforèthes, & ne font pas d'inftitution divine.

Il y en a même qui foutiennent que quand il feroit vrai qu'il fallût traduire par jufqu'à ce que, ces expreffions pourroient exprimer un but continué, qui fe perpétueroit dans l'avenir, ou le période de chofes qui devroient durer lorfque ce période feroit arrivé, comme s'il y avoit jufques au Schiloh inclufivement: c'està-dire que le Sceptre ne fe départiroit jamais totalement de la Tribu de Juda, puifque cette Tribu donneroit la naiffance au Meffie dont le Règne devoit être éternel. En effet, on peut alléguer bien des exemples femblables.

Il eft dit, Gen. VIII, 7, (fuivant la Vulgate & la Verfion des LXX): Noé lâcha le Čorbeau, qui fortit, & ne revint point, jusqu'à ce que les eaux fe fuffent defléchées fur la Terre. Il ne rentra cependant pas dans l'Arche, lorfque les eaux furent defféchées; mais cela fignifie qu'il n'y revint point du tout.

Dieu dit à Jacob, Gen. XXVIII, 15: Voici je fuis avec toi, & je te garderai par-tout où tu iras, & te ramenerai en ce Païs; car je ne t'abandonnerai point, jufqu'à ce que j'aie fait ce que je t'ai dit. Dieu devoit-il l'abandonner, après qu'il auroit accompli ce qu'il lui promet toit? Non, cela fignifioit qu'il ne l'abandonneroit jamais.

Il eft dit, 2 Sam. VI, 23: Micaël, Fille de Saül n'eut point d'Enfant jufqu'au jour de fa mort. Cela fignifie qu'elle n'en eut jamais..

Au

Au Ch. XVII, 5, du Livre de Job, ce Saint Homme dit: Jusques à ce que je meure, je n'abandonnerai point mon intégrité. Eft-ce donc qu'après la mort il a ceffé d'être juíte?

David dit, Pf. LXXI, 18: 0 Dieu, ne m'abandonne point, jusqu'à ce que j'aie annoncé ton bras à cette génération. Ce n'étoit pas que David confentit que Dieu l'abandonnât après cela; mais il demandoit, au contraire, par cette manière de s'exprimer, que Dieu ne l'abandonnât jamais.

Il eft dit, Pf. CXXIII, 2: Nos yeux regar→ dent à l'Eternel notre Dieu, jufqu'à ce qu'il ait pitié de nous. Le Pfalmifte fuppofe-t-il que l'Eglife doive détourner les yeux du Ciel, & les attacher à la Terre, dès qu'elle aura été exaucée? Non, ce n'eft pas là le caractère de la piété, qui tient au contraire ce langage dans le Pr. XXV: Mes yeux font continuellement vers l'Eternel; car c'est lui qui tirera mes pieds du filet.

Dieu dit aux Méchans, Efaie XXII, 14: Si jamais cette iniquité vous eft pardonnée jusqu'à ce que vous mouriez. Il ne s'enfuit pas delà que leur impénitence dût leur être pardonnée après la mort.

Il eft dit, Math. I, 25: Jofeph ne connut point fa Femme jusqu'à ce qu'elle eut enfanté fon Fils prémier-né. Cela s'étendoit à l'avenir, felon l'idée des Théologiens, qui croient qu'il en fut de même après la naiflance de JéfusChrift. Voyez fur ce fujet Saint Jérome, dans fon petit Traité, De perpetua Virginitate Beate Maria, adverfus Helvidium. Il cite divers

G 3

exem

exemples pour montrer que fouvent le mot jufqu'à ce que comprend l'avenir, bien loin de l'exclurre.

Le Sauveur dit à fes Apôtres, Math. XXVIII, 20: Je fuis toujours avec vous jusques à la fin du Monde. Ce but s'étend à l'éternité, car il fera auffi avec eux après la fin du Monde.

Que l'on confulte les Commentateurs, & en particulier les Notes de Meffieurs Diodati, des Maretz & Martin fur tous ces paffages; on verra que l'explication que j'ai donnée au mot jufqu'à ce que, eft une explication reçue.

Je pourrois trouver dans les Auteurs Profanes des façons de parler affez femblables à celle-là. Je ne citerai qu'Homère, au I Livre de l'Iliade. Agamemnon dit de Chriféide: Fe ne la rendrai point qu'elle n'ait vieilli en ourdiffant de la toile, dans ma Maifon, à Argos loin de fa Patrie. C'étoit, comme le remarque Euftathius, une manière d'afsurer qu'il ne la rendroit jamais. Et au XX Livre, Achille dit à Hector: Il ne fauroit y avoir d'accord en

tre nous, que l'un ou l'autre n'ait affouvi de Son fang l'impitoiable Mars. C'étoit vifiblement déclarer qu'il n'y auroit jamais d'accord

entre eux.

II. Divers Rabins, qui entendoient le génie de la Langue Hébraïque, ont donné cette interprétation à l'Oracle de Jacob: Le Sceptre ne Se départira jamais de Juda, car le Schiloh viendra. Voyez Berefchit Rabba (a),Zennorenna (b),

(a) Fol. 99.

&

(b) Auguft. Pfeifferi, Dubia vexata Script. Sacra. Exercitatio fexta, De Schiloh, Filio Jehudah, pag. 128.

& le R. Bechai (a), qui dit qu'il avoit appris cette explication du R. Simeon. Plufieurs de nos Auteurs l'ont produite comme venant de ces Rabins. C'eft ainfi qu'elle a été alléguée par Alphonse Toftat (b), (qui dit avoir vu cette explication qu'il appelle rabinique dans un Ecrit intitulé, Defenforium Fidei), par Fagius (c), par Huet Evêque d'Avranches (d), par Ifidore Clarius (e), par Théodore HakSpan (f), par Chriftophle Helvicus (g), par Wasmuthus (b), par Mr. Gouffet (i), par Augufte Pfeiffer (k), par Jean François Budée (1), par Mr. Jaques Saurin (m), & par un nouvel Auteur, à qui le Public eft redevable du choix fi judicieux de Notes ajoutées au I Tome de la Bible (n) imprimée à la Haye. Ces Notes m'apprennent qu'AbenAmram a appuié la même interprétation, dans

(a) In Libro Raboth.
(b) In Gen. XLIX, 10.
(c) In Gen. XLIX, 10.

(d) Demonftratio Evangelica. Prop. IX.

(e) In Gen. XLIX. 10.

un

(f) Not. Theolog. & Philolog. &c. Part. I. pag. 262. (g) Elench. Judaic. pag. 242. &c.

(b) Wasmuthus, Vindic. Ebr. P. 2. C. 1. Loc. 8. (i) Facob Gouffet, Controverfiarum adverfus Judæos Ternie. pag. 57.

(k) Exercitatio de Schiloh, Filio Jehudah, pag. 127, &c. (1) Hiftoria Ecclefiaftica Veteris Teftamenti. Editio III. pag. 278.

(m) Difcours Hiftoriques, Critiques, Théologiques, & Moraux, &c. Tom I. Difc. XLI.

(n) La Sainte Bible,&c. avec un Commentaire Littéral compofé de Notes choifies & tirées de divers Auteurs Anglois. Voyez fur Gen, XLIX, 10.

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