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ÉVÉNEMENS PUBLICS.

N°. PREMIER.

Actes de Refpect pour l'Agriculture & pour la propriété: beaux Traits de deux grands Princes.

NOUS

OUS avons regretté du plus profond de notre cœur, que la Lettre fuivante ne nous foit parvenue qu'après la diftribution complette de notre Volume précédent. S'il en eût été tems encore, nous aurions tout fufpendu pour nous hâter d'en faire part à

nos Lecteurs.

Nous remercions infiniment l'Auteur de cette Lettre, d'avoir bien voulu choifir notre Recueil pour publier des faits auffi propres à faire la plus vive impreffion fur tous les bons François, & même fur toutes les ames fenfibles, que ceux dont elle contient le récit. La douce émotion

d'amour & de refpect que nous avons éprou vée en la lifant, fe communiquera fans doute à nos Lecteurs. Nous nous garderons bien d'y ajouter, ni préambule, ni réflexions: des Tableaux fi touchans, par eux-mêmes, n'ont pas befoin de bordure; & nous craindrions trop d'en mettre une au deffous du fujet.

LETTRE

A L'AUTEUR DES ÉPHÉMÉRIDES,

De Versailles, ce 16 Juin 1768.

SANS DOUTE VOUS croyez toujours,

Monfieur, qu'il faut aller à la Chine, fi l'on veut voir des mains auguftes manier la charrue? Eh bien! détrompezvous: hier, Monfeigneur le DAUPHIN, nous donna ce spectacle auffi attendriffant, qu'intéreffant. Ce Prince dirigea fa promenade vers un champ qu'on labouroit; il examina quelque temps la manœuvre, & demanda enfuite à conduire lui-même la charrue ce qu'il exécuta avec autant de force que d'adreffe, au point que le Laboureur fut étonné, comme les fpectateurs, de la profondeur du fillon, & de la justesse de fa direction. L'intérêt que vous prenez,

M. à l'agriculture, vous fera gouter autant de plaifir en lifant cette nouvelle, que j'ai de fatisfaction à vous la mander. Je vais mettre le comble à l'un & à l'autre, en vous apprenant un autre trait, qui fait l'éloge du cœur de ce jeune & augufte Prince, comme le premier fait celui de fes gouts.

L'année paffée, Monfeigneur le DAUPHIN fuivoit en carroffe, avec les Princes fes freres, notre Bien-aimé Monarque à la chaffe. Les voitures, vous le favez, ne peuvent pas être toujours à portée des Chaffeurs. Celle qui conduifoit Monfeigneur le DAUPHIN en étoit éloignée, lorfqu'on entendit fonner la mort du cerf.Un cri naturel s'éleve parmi les jeunes Princes: voilà l'halaly, courons, courons. On court. Le chemin pouvoit être abrégé en traverfant un champ couvert de bled prefque mûr. Le cocher entre dans ce champ; Monfeigneur le DAUPHIN s'en apperçoit ; il

fe précipite à la portiere, & crie d'arrêter, de changer de route. Ce bled, ditil, ne nous appartient pas, il ne nous eft pas permis de le fouler. On obéit; & Monfeigneur le COMTE D'ARTOIS, s'écria: Ah! que la France eft heureuse d'avoir un Prince fi rempli de Juftice. Ne nous écrierons nous pas auffi, Monfieur: oui, nous fommes infiniment heureux d'avoir un Prince jufte & fage, & notre bonheur redouble en lui connoiffant des freres qui fauront l'imiter, puifqu'ils favent lui applaudir.

Je ne fais fi je me fais illufion, Monfieur, mais il me femble que ces deux hommages rendus à l'agriculture, par Monfeigneur le DAUPHIN, lui affurent les plus beaux jours. Ce qu'il y a de certain au moins, c'eft que les miens font embellis par les vertus de nos

Maîtres.

Je fuis, &c.

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