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V I.

Expériences exécutées à Avignac en Bretagne chez M. DE BRUE.

» Le produit de mes terres, » dit M. de Brue, a été en 1754 » bien fupérieur à ce que j'en » attendois, vû le peu de pré»paration qu'on avoit donné à » la terre; ma récolte avoit été >> communément jufqu'alors de >>12 à 13 pour un; mais votre » dernier volume me confirme » dans le deffein que j'avois de > bien ameublir mes terres avant » d'y établir la nouvelle cul

>ture. «<

Sur 15 arpents de terre en friche que M. de Brue fit labourer profondément & par fillons, en Octobre 1753, fumer en Novembre, & labourer pour une feconde fois en Mars 1754;

il fit femer du bled-trema* :7 boiffeaux pefants environ 92 liv. lui ont produit 80 boiffeaux de grain extrêmement net.

Une autre portion du même terrein qui eft plus meuble & plus légere, a été semée en avoine d'hiver; la rigueur du froid l'ayant fait périr, M. de Brue fit retourner la terre au mois de Mars pour y femer de l'avoine de Mars, qui y eft venue de la plus grande beauté; la plupart des pieds avoient S pieds de hauteur.

M. de Brue avoit reservé un petit canton où l'on appercevoit quelques pieds d'avoine d'hiver qui n'avoient pas été gelés. Quoique ce petit terrein eût été pillé & foulé par les beftiaux, & qu'originairement il promît fort peu,

* On appelle ainfi dans ce pays un petit froment rouge-brun, qui eft fort menu, mais pefant.

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M. de Brue m'affure qu'on avoit été furpris de la beauté de cette avoine & de fon produit; les pailles avoient 6 pieds de hauteur, & elles étoient extrêmement chargées de très beau grain. » Il est vrai, ajoute M. de » Brue, que je crois qu'on eft » redevable d'une partie de ce » fuccès à la féchefeffe de cette » année, & que cette féchereffe » a été très-favorable au terrein » que je cultivois; car ce terrein, » dans les années humides, eft » fréquemment inondé, malgré » les feignées qu'on y a faites » pour égoutter les eaux. «<

M. de Brue finit fon récit en me faifant part d'une épreuve qui lui a très-bien réuffi: elle mérite d'être rapportée tout au long dans ce Journal; ainfi je vais copier ce qu'il m'a fait l'honneur de m'en écrire.

>> Dans le mois d'Août, après

<<

la récolte du chanvre, je fis «< labourer auffi-tôt, & je fis for- « mer en planches de 10 à 12 << pieds de largeur un champ qui «< venoit de produire du chanvre ; « dans les premiers jours de Sep- << tembre je fis femer environ «< 120 livres pefant de feigle par «< cordes quarrées; ce feigle eft « venu fort épais. «

Je l'ai fait couper trois fois << en herbe, & j'en ai tiré 15 mil- «< liers pefant de fourage verd qui « m'a été d'une grande reffource << pour les bœufs & les vaches, «<< qui ne trouvoient alors que très- «< peu de pâture dans les champs, « parce que l'hiver avoit été très- « rigoureux. «<

Ce fourage purge & nour- «< rit le bétail; les vaches qui en «< font nourries donnent beau- « coup de lait, de lait, qui fait du beur- «< re excellent. Plufieurs pay- « fans qui ont été témoins de «

>> mon expérience fe propofent » de suivre mon exemple. J'ai » laiffé croître la quatrieme herbe » de ce feigle; je n'ai eu que de » petits épis qui m'ont néanmoins » reftitué à peu près la même » quantité de grain que j'avois » employée pour la femence. »

Je fuis fâché de ne pouvoir détailler plus au long les expériences de M. de Brue; mais le mémoire circonftancié qu'il m'avoit adreffé ne m'étant pas parvenu, j'ai été réduit à extraire ce que je rapporte ici, d'une lettre poftérieure, dans laquelle M. de Brue me rappelle sommairement ce qui fe trouvoit plus détaillé dans le premier mémoire qui ne m'a point été remis.

Je conçois bien que du feigle, femé fort épais dans une terre extrêmement ameublie & fumée abondamment, comme font celles qui donnent du chanvre, je

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