à verfer, que ceux qu'on cultive fuivant l'usage ordinaire.

M. Diancourt, après avoir fait battre fes grains, s'eft affuré qu'il a autant récolté dans les terres femées par rangées, fuivant nos principes, que dans celles qui étoient femées en entier, fuivant l'ufage du pays. Il me mande de plus qu'une piece de 112 perches quarrées (la perche étant de 22 pieds), femée avec 40 livres de froment lui avoit produit 7 feptiers pefans 1820 liv. à quoi on peut ajouter au moins 150 liv. qu'on a économifé fur la femence.

Comme nous avons invité les amateurs d'agriculture d'effayer lequel eft le plus avantageux de femer par rangées fimples, doubles ou triples, M. Diancourt affure qu'une piece femée par rangées fimples lui a été auffi ayantageufe que de pareilles

pieces femées par rangées doubles & triples.

J'avois encore exhorté les amateurs à faire des expériences pour reconnoître l'avantage qu'il y auroit à femer de très-bonne heure. Pour éclaircir ce point intéreffant, M. Diancourt a fait femer quelques rangées feulement le 9 du mois d'Août; les 1, 5, 10 & 15 de Septembre. Les rangées femées le 9 Août n'ont épié que 5 jours plutôt que les champs ordinaires, & les épis en étoient médiocres; à l'égard des rangées qui avoient été femées les 1, 5, 10 & 15 Septembre, elles n'ont pas épié beaucoup plutôt que les autres bleds.

M. Diancourt eft prefque déterminé à conclure, d'après fes expériences, 1°. que la vraie faifon de mettre les bleds en terre eft dans le mois de Sep

tembre, jufques & compris les premiers jours d'Octobre: 2°. qu'il y a de l'avantage à femer par rangées fimples plutôt que par rangées doubles ou triples; mais cependant il ajoute, que pour prendre fur cela un parti abfolu, il convient d'attendre que les expériences aient été répétées au moins trois années de fuite, & il annonce que les

fiennes le feront.

Une des pieces de froment fur laquelle M. Diancourt comptoit plus que fur les autres, & qui dans le commencement promettoit effectivement beaucoup; ayant fouffert un dépériffement fubit, uniforme & prefque total, il s'occupa, après fon retour, à rechercher la caufe d'un événement fi extraordinaire: pour cet effet, il fit labourer ce champ en fa présence avec des houes plates, & il trouva fous les

rangées de chaume, deux & quelquefois trois galleries faites d'un bout à l'autre, par les taupes & les mulots, qui probablement avoient été attirés en cet endroit par des raves qu'on avoit femées dans les plate-bandes l'année précédente, & dont une partie des racines fubfiftoit encore cette année fous les rangées de froment. M. Diancourt compte que s'il n'eût pas été obligé de s'abfenter, il auroit découvert plutôt la cause du mal, & qu'il y auroit apporté le remede en faifant donner des labours dans des circonftances convenables.

Dans le mois de Mars 1754, M. Diancourt fit encore femer une piece de bled de Mars fur du chaume de froment d'hiver: il ne comptoit pas beaucoup fur la récolte de ce champ, & fon intention n'étoit que de

former des plate-bandes pour difpofer ce terrein à recevoir du froment d'hiver au mois de Septembre de la même année; la récolte a néanmoins été à raifon de trois feptiers ou 780 liv. par arpent.

Au mois d'Avril 1753. M. Diancourt avoit femé de la luzerne par rangées, dont divers pieds ont donné une once de foin dès le mois de Septembre de la premiere année. Au mois de Juin 1754 ces mêmes pieds en ont donné 12 onces; M. Diancourt compte qu'ils lui rendront cette année une livre l'un dans l'autre, ce qui feroit immense; car il eft affuré qu'il y a dans un de fes arpents femé à rangées doubles 26400 pieds, & dans un autre femé à rangées fimples 15400: reste à favoir fi la vigueur des pieds de ce dernier compenfera le nombre de